samedi 1 janvier 2011

Memento mori ou l'effroyable don d'Anastase Odilon, de Hervé de Chalendar


J’ai découvert ce livre paru il y a un peu plus d’un mois par le biais de Blog-o-Book, lors d’un partenariat. Une histoire étrange, un peu fantastique et pourtant très ancrée dans la réalité. Il y est question de vie et de mort, de guerre, d’amour, de pouvoir, de meurtre, de la République…
L’histoire se passe dans la première moitié du XXe siècle. Anastase, fils de paysans, découvre, enfant, qu’il "voit" les fantômes de ceux qui vont mourir, en commençant par celui de sa chatte et d’autres animaux qui l’entourent. Il se rend compte par la suite que son "don" s’applique aussi aux êtres humains. A la déclaration de guerre, en 1914, il est enrôlé, part à Paris, puis au front et en sort vivant, mais blessé. Commence alors sa seconde vie, celle où il rencontre Rose, Louis, son métier de journaliste, le pouvoir, les ors de la République. Son "don" ne disparaît pas, au contraire. Il prend même de plus en plus de place dans sa vie. Jusqu’à ce qu’Anastase découvre l’existence de son propre fantôme. Il va donc mourir, il passera la fin de sa vie à écrire pour révéler au monde ce "don" effroyable qui l’a accompagné durant toute son existence ou presque.

L’auteur, lui-même journaliste, a une jolie plume et sait rendre captivante cette histoire fantastique. Etonnamment, lors de ma lecture, je n’ai pas une seule fois souhaité un dénouement autre que celui qui s’annonce dès le départ. Anastase n'est pas un homme qui m'est apparu franchement sympathique. Il m'a paru mou, subissant les événements de la vie plus qu'il ne les vivait réellement. Malgré tout, malgré surtout cet "anti-héros", j’ai été happée par le récit de cette vie, que j’ai sentie comme vécue par procuration. Anastase vit-il vraiment pour lui ? La vie avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête (surtout celle des autres, mais il semble que pour Anastase, ce soit du pareil au même), cette vie valait-elle le coup d’être vécue ?

Finalement, à la fin de cette lecture, j’ai la sensation étrange que ce livre n’est qu’un prétexte pour dénoncer les "voyants", ceux qui prétendent pouvoir donner à ceux qui les paient grassement pour cela, des détails sur leurs vies, présentes et surtout futures. En définitive, ne vaut-il pas mieux vivre sans rien connaître de l’avenir ? Comment vivrions-nous si nous connaissions le jour, même approximatif, de notre mort ? Personne ne connaît l'échéance, justement, et à moins d'avoir côtoyé la mort de très près, bien rares sont ceux qui profitent de la vie "pleinement", comme si chaque jour était le dernier. Et c'est justement parce qu’on ne connaît pas l’échéance. Et parce que malgré les évidences, la mort paraît comme une perspective bien improbable… sans quoi nous ne ferions sans doute pas autant de projets. Ce court roman est donc aussi un hymne à la vie, celle de tous les jours où on ne réfléchit pas à la mort qui peut survenir n’importe quand.

C’est donc une jolie découverte que ce roman ! Un grand merci à BOB et aux éditions Les Soleils Bleus pour ce partenariat !

Et je ne résiste pas à vous livrer un très court extrait de ce joli roman (p. 46), qui illustre bien, malgré la noirceur supposée du texte, l’optimisme que le lecteur peut y voir :
"Combien de fois peut-on être miraculé ? C’est simple : chaque jour, jusqu’à sa mort. Au fond, le vrai miracle, c’est la vie. Au fond, la vie est un miracle permanent."

Paru aux éditions Les Soleils bleus, 2010 (Longs voyages courts). ISBN : 978-2-918148-03-6

4 commentaires:

  1. coucou, comme t as fait n partenariat avec BOB, je voudrais savoir combien de lignes doit comporter la critique ?

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Sandra ! Et bienvenue ici !
    Pour les billets, je n'ai aucune idée du nombre de lignes. Je ne pense pas d'ailleurs qu'il y ait une "norme" en la matière. BOB s'abonne aux blogs des bloggers inscrits et recense les billets qui paraissent, donc il n'y a pas à proprement parler de billet à poster chez BOB (donc pas de problème de place ou de longueur de billet). Ensuite, dans ton commentaire, ils prennent un petit bout significatif de ce que tu as pensé du livre et renvoient vers ton billet complet : tout reste sur ton blog en fait...
    J'espère avoir répondu à ta question !

    RépondreSupprimer
  3. Oui, tu as répondu à ma question. Merci :)

    RépondreSupprimer
  4. ;)
    Pas de quoi ! Reviens quand tu veux !

    RépondreSupprimer