samedi 8 janvier 2011

Un Jardin sur le ventre, de Fabienne Berthaud

Autant le dire tout de suite, ce roman m’a déprimée. Et pourtant, ce n’est pas habituel chez moi.
Il s'agit ici de la mort d'une mère, racontée par sa fille. L’écriture est originale, en ce que le récit à la première personne (la fille) fait place à la seconde personne dans la majeure partie du texte. Gabrielle est la fille de Suzanne, et c'est toute l'histoire de sa mère, depuis sa naissance jusqu’après sa mort, que l’on suit pas à pas.
J’ai eu envie de donner des claques. A Suzanne d’abord, pour la secouer. A son insupportable mère ensuite, pour son incroyable égoïsme. A son frère, trop timoré puis à son mari, tellement imbu de lui-même et enfin à ses filles pour leur immobilisme. Aucune de ces personnes n’a su trouver grâce à mes yeux, tellement elles sont molles et horripilantes. Les seules qui me paraissent sympathiques dans ce récit sont Mémère (la grand-mère de Suzanne), Jackie, sa tante et le Franciscain du début. Trois personnes de cœur, trois personnes humaines.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser les premières lignes de cette chronique, en définitive, ce récit fonctionne. Très bien, même. Les personnages de cette histoire sont très vrais, très crédibles et l’engrenage dans lequel ils se retrouvent prisonniers est parfaitement décrit. L’atmosphère est à vomir, à la limite du glauque. Ce qui fait encore plus peur c’est justement que tout y est plausible, du début à la fin.
Je ne peux pas en dire plus pour ne pas gâcher la lecture de ceux et celles qui seraient intéressés par ce roman. Il est question ici de maltraitance, surtout morale d’ailleurs, de mort ; de la vie, de famille, dans ce qu’elle a de bon et de pire aussi. C’est un roman dur, dépourvu de tout optimisme et d’espoir. Suzanne, « l’héroïne » (si on peut l’appeler comme ça), est touchante malgré son apathie. C’est sans doute justement cette apathie qui lui permet de tenir aussi longtemps. C’est la seule, hormis sa grand-mère et sa tante Jacqueline, à savoir un peu ce que signifie le verbe aimer, et à le mettre en pratique. Mais pour supporter son quotidien, il lui faut se murer dans la solitude et le déni, et tenter de voir, justement, les choses sous leur meilleur jour.

Une lecture dont je ne ressors pas enthousiasmée, loin s’en faut, mais qui ne me laisse absolument pas indifférente. J’ai l’impression ici de voir décrite la vie dans ce qu’elle a de pire, de plus noir, glauque : la vie ordinaire, pathétique aussi. Et ce qui est le pire, c’est de se dire que c’est sans doute extrêmement proche de ce que vivent des milliers de familles au quotidien. Si vous avez envie de lectures légères, abstenez-vous donc de lire ce roman. Sinon, accrochez-vous, il est prenant, et j’ai eu beaucoup de mal à le lâcher, malgré le sentiment nauséeux que j’avais en le lisant.

Un grand merci aux éditions JBz et Cie et à BOB pour ce partenariat !

Paru aux éditions JBz et Cie, 2011 (à paraître). ISBN : 978-2-755606-89-8.

3 commentaires: