lundi 18 juillet 2011

Les Autres, de Alice Ferney



Théo a vingt ans, et c'est le soir de son anniversaire. Niels, son frère, lui offre un jeu de société dont le but est de permettre aux joueurs de mieux se connaître entre eux, et qui devient le révélateur de secrets de famille soigneusement occultés jusque-là par la honte, la jalousie ou la souffrance.

J'étais très enthousiaste à l'idée de lire ce livre. J'avais été conquise par Grâce et dénuement, et j'attendais beaucoup de ce roman-ci. Trop peut-être ? Pourtant, ça démarrait bien. Une construction originale, avec trois points de vue différents, loin de la classique narration omnisciente (qui est très bien aussi, mais j'aime bien l'originalité !). Trois parties, donc, et trois façons différentes de voir la même histoire.
Choses pensées, on est dans la tête des différents protagonistes : Théo et Niels, les deux frères, Nina, la grand-mère, Moussia, la mère, Luc, le père, Estelle et Marina, respectivement fiancée et meilleure amie de Théo, Arthur, le fils de Marina, Claude, le meilleur ami de Théo et Fleur, sa fiancée. C'est une partie qui se lit vite, où les événements sont dévoilés sans être explicités. On va de surprise en surprise, le cadre s'installe sans que l'on sache rien du déroulement de la soirée elle-même. Le lecteur passe d'un personnage à l'autre sans logique apparente, et il faut un peu s'accrocher pour suivre, mais le tout reste fluide et très accessible malgré l'opacité du récit. C'est clair qu'il manque des éléments, comme un récit à trous, et j'ai bien aimé comprendre petit à petit, en fonction des pensées des uns et des autres, comme les pièces d'un puzzle qui se mettent peu à peu en place.
Choses dites, la deuxième partie, est beaucoup plus claire, dynamique. C'est leur cœur du récit, où l'on suit les personnages à travers essentiellement ce qu'ils se disent. L'histoire est brute, sans artifices ni fioritures, et comporte énormément de dialogues, complément indispensable à la première partie. C'est en effet là que se construit l'histoire, ou plutôt qu'elle devient intelligible dans son déroulement.
Choses rapportées, c'est la troisième partie, écrite d'un point de vue narratif à la fois externe et interne. On y trouve les points de vue des uns et des autres, avec le contexte, complétant les deux premières parties. Le ton est plus intérieur, plus lent aussi dans la narration, et l'on prend plus le temps de poser les événements.

Sauf que voilà, la mayonnaise n'a pas pris avec moi. Les deux premières parties ont été vite lues, mais j'ai déjà senti un début de lassitude à la lecture de la deuxième partie, parce que je connaissais déjà l'histoire. La construction avec trois points de vue différents l'un après l'autre oblige à reprendre l'histoire du début à chaque fois, et même si chacun des trois récits apporte des éléments permettant une meilleure compréhension de l'ensemble, il s'agit malgré tout de la même histoire qui est racontée trois fois de suite. Du coup, quand je suis arrivée au début de la troisième partie, ma première réaction a été « ouf, celle-ci ne fait que 80 pages, ça ira plus vite ». Oui, mais en fait non : du fait du point de vue narratif plus intérieur, plus lent, je me suis profondément ennuyée durant cette troisième partie, dont les nouveaux éléments n'ont pas su compenser la répétition de l'histoire. Par la suite, j'ai compté les pages, en ai sauté d'autres, y suis revenue pour ne pas perdre le fil, me suis dit pour une fois que si je n'avais pas tout compris, ce n'était pas grave, lu la fin avant d'y être arrivée, et ça, c'est vraiment un signe d'ennui et de désintérêt profond pour le livre, parce que d'habitude, je suis plutôt du genre à relire un passage pour être sûre que je n'ai pas sauté de mots ou loupé quelque chose... Mais comme je n'aime pas lâcher un livre, j'ai persisté et ai fini par le terminer, avec un grand soulagement d'ailleurs !

J'ai donc été déçue par ce récit, alors que sa construction originale m'avait bien plu au départ. Le style d'écriture n'y est sans doute pas étranger : la lenteur des phrases de la troisième partie est vraiment soporifique, par rapport au dynamisme des dialogues de la seconde partie... Je me répète, mais c'est vraiment ce que je retiens de cette lecture. C'est dommage, parce que l'histoire en elle-même avait de quoi être intéressante : il est quand même question du deuil, de la maladie, des secrets de famille, de la perception qu'ont les autres de nous, de l'image que l'on donne de soi... Oui, il y avait énormément de sujets intéressants ici... qui n'ont pas trouvé d'échos de mon côté... Une petite déception, donc...

Paru aux éditions J'ai Lu, 2009. ISBN : 978-2-290-00656-6

4 commentaires:

  1. Hé bé tu ne donnes pas envie et tu as bien du mérite à t'être accrochée ! Quand je commence à compter les pages, ce n'est pas bon signe et je mets de côté... ;)En plus je l'ai dans ma LAL avec Paradis conjugal et La conversation amoureuse, donc tu me refroidis !! ;)

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  2. Pour celui-là, je confirme, j'ai été déçue, mais vraiment, j'ai beaucoup, beaucoup aimé "Grâce et dénuement"... Donc peut-être que d'autres livres d'Alice Ferney sont mieux ??? (je l'espère pour toi, sinon tu vas t'ennuyer ... ? :))

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  3. comme toi j'ai trouvé que l'idée était bonne mais mal traitée, c'est un peu ce que je reproche toujours à Alice Ferney !

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  4. Je n'ai rien lu d'autre d'elle à part "Grâce et dénuement", donc, mais je crois que je vais en profiter pour lire d'autres auteurs ! :)

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