mardi 21 octobre 2025

Thorgal, tome 35 : Le Feu écarlate, de Grzegorz Rosinski et Xavier Dorison


Thorgal et Petrov, son compagnon, ont été faits prisonniers par les magiciens rouges et leurs adeptes. Ces derniers ont maintenant pris le pouvoir à Bag-Dadh, après la défaite du Calife. Mais celui-ci n'a pas dit son dernier mot, puisqu'il a fait appel à l'empereur d'orient Magnus et à ses croisés. Pris dans cet étau, Thorgal et ses amis essaient tant bien que mal de sauver leurs vies, et il se trouve qu'il ne leur reste qu'une solution pour cela : fuir. Heureusement, les « croisés », nommé aussi les « infidèles » par les habitants de Bag-Dadh, se sont aussi alliés au Chaams qui sont venus en renfort avec leurs bateaux volants... C'est bien pratique(!) Salouma a un plan pour leur permettre de fuir, mais Thorgal va découvrir au cours du temps qu'elle n'est pas tout à fait aussi honnête qu'elle en a l'air !

C'est marrant... le fait d'étudier la théologie me permet, depuis quelques épisodes, de faire des rapprochements avec la vraie vie. L'empereur Magnus, comme je l'avais noté dans la chronique précédente, c'est l'empereur romain d'orient. Les croisés, ce sont... les croisés, des soldats – et des croyants ayant pris les armes pour aller délivrer la ville de Jérusalem des musulmans. Et Aniel joue le rôle de l'incarnation dévoyée du prophète Muhammad, ou Mahomet, le « fondateur » de l'Islam, qui, comme le mage rouge de cette histoire, a reçu des mains d'un dieu – ou d'un ange ? - le « livre », le Coran. Le parallèle ici est évident. Ce cycle est en fait une charge contre les religions monothéistes, toutes trois mélangées, puisque le dieu de Magnus n'est pas le Père des Chrétiens, bon et miséricordieux, mais Yavhus, avatar du Yahvé des juifs... Un beau mélange, quoi, pour envoyer un message percutant : les religions sont mauvaises, car elles entraînent les hommes à la violence, à l'intolérance, et Thorgal, lui, est là pour montrer la voie de l'humanisme pacifique. C'est « beau », mais... faux. Mais là n'est pas le problème. Autre point : l'intervention des Chaams (qu'on ne voit d'ailleurs pas, mais qui sont présents grâce aux bateaux volants) tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Dorison semble avoir pris la série en entier et avoir pioché dans celle-ci de quoi permettre au héros de sauver une fois encore sa vie et celles de ses amis, après s'être arrangé dans le scénario pour que la situation soit critique et qu'une sortie autre que la mort soit impossible. Bref, j'ai un peu de mal avec cette histoire et la violence qui en découle. Mais j'aurais dû m'y préparer : les autres scenarii de Dorison m'avaient pourtant habituée à cette violence, à ce sang et à tout ces carnages qu'on voit dans cette bande dessinée. Décidément, cette saga prend un tour de plus en plus glauque et malsain...

Côté graphique, cet album est bien plus noir que le précédent, et on a l'impression d'une descente aux enfers. C'est bien sûr voulu : le « feu écarlate » n'est autre qu'un avatar du feu de l'enfer, et il faut la mort d'un homme pour le contenir et sauver le monde. Et de préférence cette mort doit être donnée par la main de l'« élu », en l'occurrence Thorgal, seul héros capable de sauver le monde. Il joue ici la figure d'un autre Christ, faisant passer l'amour des hommes, y compris de ses ennemis, avant tout le reste. C'est malgré tout bien vu, même si les attaques gratuites contre la religion dans la bande dessinée et la littérature, le cinéma ou les séries commencent sérieusement à m'ennuyer, parce que cela prouve que les détracteurs de la foi chrétienne n'ont tout simplement rien compris à la foi... Mais bon.


Paru aux éditions Le Lombard, 2016. ISBN : 978-2-8036-3548-1

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