mardi 18 janvier 2011

Malamine, un africain à Paris, de Edimo et Simon-Pierre Mbumbo


Ce roman graphique raconte l'histoire de Malamine, brillant docteur en économie ayant étudié à la Sorbonne à Paris. Il est jeune, intelligent, ambitieux. Il a beaucoup d'idées sur l'Afrique, sur son économie, et pour lui, une autre voie est possible, vers un avenir plus beau, moins miséreux.
Malamine est brancardier. Sans emploi dans son domaine de compétences, il n'a trouvé que ce moyen pour vivre, chichement mais décemment. Il loue une chambre de bonne depuis 10 ans, s'entend bien avec les habitants du quartier et est apprécié des africains qu'il connaît et qui le reconnaissent pour son intelligence et sa bonne compagnie.
C'est un personnage complexe, à la fois brillant et ignorant, intelligent et influençable, vindicatif et timoré, plein d'espoir et extrêmement méfiant... Un homme bourré de contradictions, mais foncièrement bon, droit et généreux.
Ses rencontres l'amènent à fréquenter les leaders d'un groupuscule politique africain, installé en France, qui cherche à en découdre avec les ressortissants africains installés à Paris, qui semblent se satisfaire de leur sort. Malamine se sent pris au piège, coincé entre sa conscience et son ambition, entre cette violence qu'il refuse et la peur de voir son nom mêlé à un scandale raciste au moment où son livre va sortir.

Cette bande dessinée fait du bien. Africanocentrée, elle permet à nos yeux d'Occidentaux d'appréhender un tout petit peu mieux toute la complexité des immigrés d'origine africaine, coincés entre leur désir d'une vie meilleure, leur besoin d'aide et leur passé de peuples colonisés qui les rend méfiants face à toute aide venant des Blancs.
La géopolitique n'est en effet pas absente du débat, même si ce n'est qu'en toile de fond. On comprend que tous n'ont pas le choix et que même s'ils semblent l'avoir, la réalité fait qu'il leur est parfois impossible de rester chez eux.

Mais c'est aussi une bande dessinée pleine d'espoir, parce que, pour Malamine, l'immigration n'est pas une fatalité. Un retour au pays est possible et même souhaitable, afin que l'Afrique puisse sortir de son marasme à l'aide de l'intelligence de ses cerveaux, formés en France.

Un mot du dessin : en noir et blanc, il est souvent sombre et le passage du présent au passé n'est pas toujours évident à saisir graphiquement, d'autant plus que les indices textuels sont peu présents. Plutôt doux et réaliste, il est aussi très efficace et j'ai beaucoup apprécié la rondeur et la précision du trait qui donnent à voir les mouvements et la grâce des personnages. Je ne connaissais pas du tout cet auteur ! Une excellente découverte, donc.

Paru aux éditions Les Enfants Rouges, 2009 (Asturiale). ISBN : 978-2-35419-022-4

2 commentaires:

  1. Je n'arrive pas vraiment à lire les Bandes dessinées...
    Merci pour ton travail, je te suis reconnaissante ;)...

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  2. Pas de quoi ! :)

    Pour les bds, je suis une grande lectrice, mais bizarrement, je peine à en publier les chroniques... Certaines sont de vrais bijoux, plus proches du roman ou de la nouvelle illustrée que de la bande dessinée classique, d'ailleurs...

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