dimanche 10 juillet 2011

Chocolat amer, de Laura Esquivel


Le Mexique, au début du siècle. Tita est éprise, éperdument amoureuse, même, de Pedro. Et c'est réciproque. Mais leur amour est rendu impossible par une tradition de la famille de la jeune fille qui veut que la plus jeune s'occupe de sa mère jusqu'à la mort de celle-ci. Or Tita est la plus jeune. Pour vivre son amour pour Pedro, elle va donc devoir braver les interdits et... sa terrible mère.
On est là clairement dans le roman sentimental. Mais pas tout à fait non plus. Ou plutôt si, mais celui-là a une particularité qui en fait un livre un peu à part dans ce type de littérature. Il est en effet construit en douze chapitres, tels les douze mois de l'année, auxquels sont associés un plat. Et l'auteur y ajoute des recettes de cuisine, car Tita, depuis sa naissance, a deux dons : celui des pleurs, et celui de la cuisine.
J'ai bien aimé ce roman, même si j'ai parfois eu certaines difficultés à entrer dans l'intrigue. Je ne suis pas du tout familière, ni de la littérature hispanique (et encore moins mexicaine), ni, vous le savez déjà puisque je l'ai déjà dit à propos de Grand amour, de la littérature sentimentale. Certains aspects du livre m'ont donc sans doute échappé. J'ai toutefois beaucoup apprécié son côté touche-à-tout, quelque peu délirant et flirtant par endroits avec l'étrange, voire le paranormal. C'est foisonnant, parfois drôle sans pour autant verser dans le comique, et les personnages sont bien campés, complexes. Ils ont une âme, une épaisseur, un caractère qui donne parfois envie de les consoler, de leur donner des claques, de leur botter les fesses ou de les booster selon les moments du récit. Bref, on s'y attache, à toutes ces personnes qui gravitent autour de Tita.

Il est question ici d'une famille, quelque peu hors-normes, d'ailleurs, avec toute la complexité que cela suppose, toutes les joies aussi, les aléas de la vie également. Et puis le récit se déroule en plein cœur de la révolution mexicaine, période ô combien troublée, mais qui donne lieu à des scènes ici fantasques et hautes en couleurs.
Je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer un petit extrait :

Mamà Elena leva le fusil, se cala contre le mur pour ne pas tomber à la renverse à cause du recul, et tira dans les poules. Des morceaux de viande s'éparpillèrent et une odeur de plumes brûlées se répandit.
- Je tire très bien et j'ai très mauvais caractère, capitaine. La prochaine balle est pour vous et je vous jure que je peux vous avoir avant qu'on me tue. Mieux vaut en rester là : si nous mourons, personne n'aura besoin de moi, c'est sûr, mais la nation regrettera beaucoup votre perte, pas vrai ?
Le regard de Mamà Elena était réellement difficile à soutenir, même pour un capitaine. Il avait quelque chose de terrifiant. Il suscitait une peur inexplicable, l'impression d'être jugé et condamné pour les fautes commises. On se retrouvait comme un enfant devant sa mère. (p. 98-99)

J'ai donc globalement passé un bon moment à la lecture de ce livre, même s'il ne restera pas parmi mes préférés de l'année !

Traduit de l'espagnol par Eduardo Jimenez et Jacques Rémy-Zéphir.
Paru aux éditions Gallimard (Folio), 2009. ISBN : 978-2-07-037947-7.

6 commentaires:

  1. J'aime bien la littérature latino-américaine mais pas les romans sentimentaux, et encore moins la cuisine...

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  2. Les romans sentimentaux, ce n'est pas non plus vraiment mon truc, en fait. Et pour ce qui est de la cuisine... c'était un livre qui faisait partie de la pré-sélection pour le boulot, et il n'est pas retenu.

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  3. J'avais bien aimé ce roman, lu dans le cadre d'un challenge sur la cuisine et la littérature.

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  4. Pour ma part, c'est dans le cadre de recherches sur littérature et gourmandise... comme quoi, la notion de plaisir peut recouper diverses réalités !

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  5. je l'avais lu l'année dernière, et j'avais bien aimé cette lecture.

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  6. @Leiloona et Lilibook : Merci pour vos visites ! Je l'ai bien aimé aussi, même s'il n'est pas parmi mes préférés...

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