samedi 21 avril 2012

Laura, de Laurent Herrou



Difficile de chroniquer cet ouvrage, particulier à plus d'un titre.
Il s'agit ici, tout d'abord, d'une réédition d'un ouvrage déjà paru en 2000 aux éditions Balland, et par ailleurs de littérature homosexuelle.
La littérature homosexuelle, je ne connaissais pas du tout, je n'en avais jamais lu. Par ailleurs, je ne lis pas non plus, ou très peu, de littérature érotique, je suis plutôt romans d'aventures, romans sociaux, ou de science-fiction, policiers... là, c'est entièrement inédit pour moi.

Il s'agit ici de l'histoire de Laurent, l'auteur, homosexuel, donc. De ses amours, de son histoire compliquée avec Georges, et de Laura, cette femme qui apparaît un jour dans sa vie, qui est lui. Ou lui qui est elle, on ne sait pas trop. Schizophrénie, trouble de la personnalité, je ne sais pas de quoi il est question réellement, mais c'est semble-t-il de cet ordre-là, en tout cas pour moi qui suis totalement étrangère à la question de la transsexualité.
J'avoue m'être un peu ennuyée, notamment au début, à la lecture de ce texte. Il s'agit du récit de la vie personnelle de l'auteur, pour laquelle, finalement, je n'ai aucun d'intérêt. C'est cru, parfois violent, et totalement à l'opposé de ce que je vis en couple, de ce que je peux concevoir dans une relation amoureuse. Mais je dois dire qu'au fil des pages, je me suis laissée prendre par l'histoire de Laurent, ses errances, ses amours tumultueuses, sa détresse aussi. La fin du récit m'a intéressée, parce qu'on y « voit » les différents protagonistes interagir avec Laurent. Alors que dans le début de l'histoire, le lecteur n'a que le ressenti, le vécu de l'auteur, il s'agit là, à la fin, de dialogues, et j'ai bien aimé le rythme donné, qui laisse une bonne part de l'histoire dans l'ombre mais permet malgré tout de parfaitement comprendre qui est qui et ce qui se passe. D'un point de vue narratif, c'est bien vu, donc, parce que ça donne un côté pudique aux sentiments de l'auteur, qui sont déjà beaucoup exposés dans le début du récit. A mon sens, c'est la meilleure partie de l'histoire, et de loin.
Et puis, ce qui ne gâte rien : c'est plutôt bien écrit.

Le roman est suivi d'un texte intitulé Avant, sorte de journal de publication de Laura. On y lit en effet les questionnements de Laurent, ses errements dans l'écriture, dans l'attente d'une réponse des éditeurs, on y voit aussi sa relation avec Jean-Pierre, son amant de l'époque (fin 1998, début 1999) et ses doutes quant à cette relation et sa vie elle-même. J'ai été perturbée à la lecture de cette partie, bien plus qu'à la première, parce que j'ai eu l'impression d'entrer dans l'intimité de l'auteur, de me retrouver malgré moi en position de voyeur, alors que je n'avais rien demandé. Il y a quelque chose de gênant, je trouve, à se retrouver spectateur de l'intime d'un autre, qui plus est lorsque ce qui est raconté est totalement étranger au spectateur en question. En bref, je n'ai pas poursuivi la lecture de cette partie parce qu'elle m'a vraiment gênée, m'a semblé trop intime justement, comme si je n'avais rien à faire là-dedans.
Overdose.

La dernière partie du livre est un texte intitulé L'autre Paul, que j'ai mis longtemps à lire. Et, finalement, c'est sans doute la meilleure part. Celle que j'ai préférée. On est là dans la fiction, et ça fait du bien.
Paul est un jeune travesti qui se fait tabasser un soir de Noël. Le procédé narratif à deux voix est étonnant et tout à fait parlant, permettant au lecteur d'entrer plus avant dans le trouble de ce jeune homme.
Plus tard, le lecteur fait la connaissance de Valentine, une jeune fille « née pour être malheureuse », qui a quasiment assisté au suicide de sa mère et tente de se reconstruire auprès d'un jeune homme qu'elle aime passionnément, Paul.
Une nouvelle agression va tout changer dans leurs vies et réveiller un monstre jusque là bien caché... Folie ? Tromperie ? Schizophrénie ? Là encore, tout est possible, et l'issue incertaine.

Je remercie donc Thomas, des éditions E.P & LA, pour ce partenariat, qui m'a donné l'occasion de découvrir une littérature vers laquelle je ne serais jamais allée spontanément, même si, globalement, cette lecture ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Paru aux éditions E.P & LA, 2011. ISBN : 978-2-919364-04-6.

2 commentaires:

  1. J'ai déjà lu de la littérature "homosexuelle", pas hard non plus^^, mais ce livre ne me tente pas du tout, hétéro ou homo je n'aime pas les épanchements trop intimes. Vive la fiction pour parler de soi, c'est encore ce qu'il y a de mieux...

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    1. Oui, je suis assez d'accord avec toi, même si je comprends le besoin d'un auteur de s'épancher. Mais là, je n'ai pas pu tout lire...

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