vendredi 27 août 2010

Pourquoi j'ai mangé mon père, de Roy Lewis


Voici un roman étonnant à plus d'un titre, que j'ai découvert récemment dans le cadre de mon travail. Il s'agit d'un roman écrit au tout début des années 1960 et fortement inspiré des découvertes archéologiques de l'époque.
L'histoire se passe à la fin du pléistocène, à l'époque où l'homme ne sait pas encore parler, connaît le feu mais ne le maîtrise pas, vit dans les cavernes, mange plus ou moins cru, chasse, et se trouve confronté à la faune terrestre, lions, antilopes, et autres animaux aujourd'hui disparu. Nous sommes ici propulsés dans cette fin de pléistocène et assistons aux efforts du héros, Edouard, pour domestiquer le feu et élever les pithécanthropes au rang d'êtres humains. Edouard est un "subhumain" qui a beaucoup d'idées et beaucoup d'ambition pour sa horde. Il est très inventif, il est aussi cachotier et cherche à élever ses enfants, Oswald, Ernest, William, Alexandre et Tobie, pour en faire des "humains". Pour cela, il n'hésite pas à employer des moyens radicaux, comme aller sur un volcan pour en ramener le feu, au risque de se tuer, va jusqu’à mettre toute sa horde en danger. Outre son récit comique, dont le ressort est essentiellement l’anachronisme du discours, ce roman est une excellente entrée en matière pour qui s’intéresse un peu à l’évolution de l’homme. En effet, les différentes expériences d’Edouard sont extrêmement bien documentées et décrivent d’une manière très précise les découvertes de cette époque : description de la taille d’un silex, passage de l’endogamie à l’exogamie, étapes successives dans la domestication du feu, techniques de chasse, habitat, tous ces aspects de la vie quotidienne et bien d’autres sont décrits de manière vivante et drôle, rendant la préhistoire amusante et rapprochant quelque peu ces premiers hominidés de nous.

On m’avait décrit ce roman comme très drôle. Personnellement, si je n’ai pas ri aux éclats, je me suis malgré tout beaucoup amusée. La lecture est facile, plaisante, drôle effectivement, instructive sans en avoir l’air, et les références à notre monde actuel (à la bombe atomique par exemple) sont vraiment de purs moments comiques. Edouard semble avoir une conscience aiguë de l’avenir de l’homme, il est une sorte de visionnaire. Ses fils développent chacun des aptitudes particulières, pour la chasse, l’art, et autres, et donnent là les prémisses de l’évolution de l’homme, qui par la suite découvrira la domestication des animaux jusque là sauvages, inventera les peintures rupestres, développera des techniques de chasse de plus en plus élaborées, ou encore explorera son inconscient, ses rêves, finira par croire en une puissance supérieure (Dieu ?) et ensevelira ses morts. Ce roman est empli de personnages typiques, comme l’oncle Vania, réactionnaire qui milite pour le retour aux arbres, ou encore Griselda, la belle-fille, fine tacticienne, qui donnent au récit une atmosphère à la fois drôle et enthousiasmante.

C’est donc ici une jolie découverte, qui, s’il ne fait pas partie de mes romans préférés, mérite le détour.


Traduit de l'anglais par Vercors et Rita Barisse, Préface de Vercors.
Paru aux éditions Actes Sud, 1990.
Paru aux éditions Pocket, 2004. ISBN : 978-2-266-14307-3

2 commentaires:

  1. Je me rappelle de celui-là ! Je l'ai lu il y a longtemps et je confirme, lecture très facile et livre très drôle, même pour les grands enfants/ados.

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  2. Il est d'ailleurs dans la collection "jeunes adultes" de Pocket, avec la mention "à partir de 15 ans". En tout cas, c'est un chouette roman !

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