lundi 17 janvier 2011

Un Type immonde, de Dennis Cooper


Ce livre est un recueil de nouvelles, et voici ce qu'en dit l'éditeur : « Ces dix-huit nouvelles dont l'écriture s'étend sur plus de vingt ans permettent de prendre la mesure du talent de Dennis Cooper. Jouant et se jouant avec un humour décapant des tabous, des interdits, des fantasmes contemporains comme des pulsions les plus sauvages, il dresse aussi un état des lieux très sombre de la pensée et de la sensibilité occidentales. »
Ce qu'en dit l'éditeur est vrai. L'auteur a un certain humour (noir, voire très noir, cynique, à la limite du glauque, et on aime ou on n'aime pas). Et un certain talent aussi. Surtout beaucoup d'originalité, notamment dans la forme. Une des nouvelles est, par exemple, une liste commentée de sites internet.
Tabous, interdits, fantasmes, pulsions, tout y est aussi, en effet, et ces nouvelles sont dérangeantes à plus d'un titre.
Oui mais voilà : si état des lieux il y a, il est loin d'être exhaustif. Pire, il n'envisage les choses, la « pensée et [la] sensibilité occidentales » que sous un angle unique : celui de la perversité, de la déchéance, du crime, de l'humanité dans ce qu'elle a de pire, de plus sombre, de plus abject.
Soyons claire. Il est question ici de sexualité, et je dirais même de pornographie, n'ayons pas peur des mots. D'homosexualité, aussi, soyons juste. De toxicomanie, de meurtres gratuits, de cannibalisme.
Je n'ai rien contre la dénonciation de travers, de perversions, contre l'humour noir, même cynique, si l'objectif est clair, et ce quel que soit cet objectif. En effet, mon avis et mon opinion personnels ne comptent pas en ce qui concerne l'objectif lui-même, n'étant pas auteur du livre en question. La liberté d'expression existe et c'est tant mieux. En revanche, ce qui me dérange ici, c'est que cet objectif n'est pas clair du tout. En 18 nouvelles (plus ou moins longues, je vous l'accorde), je n'ai pas une seule fois compris où l'auteur voulait en venir. Il n'est visiblement pas « pro-homosexualité », ni défenseur d'une certaine morale qui pourrait être puritaine, prude ou pudibonde. Alors il se peut que je sois totalement passée à côté du second degré de ce livre. Il se peut que je ne l'aie pas compris du tout. Soit.
Quant à faire un état des lieux de la jeunesse américaine d'aujourd'hui, si tel est l'objectif de ce livre, il est particulièrement partiel et partial, réduisant les jeunes gens à des toxicomanes homosexuels, violeurs, meurtriers et cannibales. Pas de quoi se réjouir, donc. L'humour est effectivement présent, seulement j'ai du mal à y adhérer (mais je ne suis pas non plus sensible à tous les humours, et il faut de tout pour faire un monde, paraît-il). Une seule nouvelle trouve (un peu, un tout petit peu) grâce à mes yeux de ce point de vue, c'est celle qui met en scène un directeur littéraire, homosexuel comme il se doit. Pour le reste de ce texte (tout, hormis le ton léger et plutôt drôle), c'est à vomir, purement et simplement.
Quant aux autres nouvelles, il n'y a rien à en dire, et surtout presque rien à sauver. Je dis "presque", parce que certaines pages sont très originales (notamment la première nouvelle), et vues sous un angle cocasse. Mais ces aspects positifs sont trop vite noyés dans le glauque des textes et ce qui pourrait être un bon début devient vite navrant. Comme « état des lieux », on fait mieux, je dirais, et l'intérêt de ces nouvelles est de mon point de vue totalement absent.
Je n'ai rien lu d'autre de cet auteur, et tant mieux !
C'était une lecture inintéressante, à oublier le plus vite possible !

Traduit de l'américain par Emmelene Landon.
Paru aux éditions P.O.L., 2009. ISBN : 978-2-84682-268-8.

4 commentaires:

  1. Aie... C'était vraiment un type immonde alors... Vite... un autre livre pour oublier! ;)

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  2. Oh oui ! Mais j'en ai, heureusement, trois autres en cours, et ça, c'est d'un niveau nettement plus élevé !
    Merci de ta fidélité à ce petit blog !

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  3. N'y a-t-il pas là-dessous un simple besoin de provocation ?

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  4. Bonjour Ys ! Et bienvenue sur ce blog !
    Un simple besoin de provocation ? Oui, peut-être. Si c'est le cas, c'est réussi. Mais c'est tellement nauséeux que pour de la provocation, je trouve que ça va vraiment loin... Enfin c'est une hypothèse, et je suis tellement dubitative face à ces nouvelles que n'importe quelle explication ou tentative d'explication est la bienvenue !

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