Ce petit livre de 147 pages est un témoignage touchant de Joseph Neu, à propos de ce qu'il a vécu durant la seconde guerre mondiale, alors qu'il était enfant, entre 1939 et 1945. Le lecteur suit Joseph et sa famille (7 personnes), ainsi que ses cousins et d'autres Mosellans exilés comme eux sur les routes lorraines. Et c'est là une tranche d'histoire que nous revivons avec lui. Il y est question de l'exode suite à l'annexion de la Moselle et de l'Alsace à l'Allemagne. Les parents de Joseph, comme beaucoup de leur village, ont été priés dès les premiers jours de la guerre, de quitter les lieux et se sont donc retrouvés sur les routes, d'abord en direction de la Charente où ils sont restés durant un an, entre septembre 1939 et septembre 1940, puis en Lorraine, pas très loin de leur point de départ, mais toujours chez les autres, occupant les fermes laissées à l'abandon par leurs propriétaires légitimes. A la fin de la guerre, Joseph avait 14 ans. C'est donc à travers ses yeux d'enfant qu'il raconte dans ce livre la vie quotidienne. Il n'y a pas, ici, de combats, de morts, de récits de faits d'armes ou de déportation, ni même de ce qu'on appelle les « horreurs de la guerre », ou si peu. Bien sûr, la guerre et les privations qui vont avec sont bien présentes avec le rationnement, les prisonniers, les réquisitions, les « Malgrés-nous », les déserteurs, les soldats... mais le quotidien qui est décrit ici ressemble à s'y méprendre à celui de n'importe quel enfant de cette époque-là : l'école quand c'était possible, les travaux des champs pour pouvoir manger tous les jours, les saisons qui s'écoulent, la cohabitation forcée avec l'occupant, les cycles de la nature... Après la lecture de ce témoignage, j'ai un sentiment d'extrême pudeur : la vie a sans doute été faite au quotidien de manques, d'humiliations, de privations... mais il semble que ces problèmes aient été vécus par Joseph comme « extérieurs » à lui. Non pas qu'il n'en avait pas conscience, mais c'était plutôt à ses parents de les régler... comme n'importe quel enfant au monde qui, guerre ou pas, se préoccupe très peu de savoir de quelle manière il pourra manger, si tant est que ses parents sont près de lui pour subvenir à ses besoins. Il se repose sur eux.
J'ai beaucoup aimé ce petit ouvrage sans prétention aucune. Pas pour son aspect littéraire, mais pour le quotidien sans fard qui s'en dégage. Il a été écrit par un grand-père qui souhaitait transmettre à toute sa famille ses années de guerre, afin que nul n'oublie.
Un grand merci à la famille Richter, qui a bien voulu me prêter ce petit livre passionnant et surtout extrêmement touchant.
Auto-édition, 2007.
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