Harry est un
professeur d'université aux États-Unis, viré à cause d'une
aventure avec l'une de ses étudiantes où l'on ne badine pas avec la
morale. L'histoire ayant tourné au drame, sa femme Susan l'a quitté
et sa fille Megan refuse de lui parler, ses collègues l'évitent et
Harry a du fuir l'Ohio. Il débarque à Paris juste après Noël,
avec l'ambition d'y écrire son premier roman. Il connait alors la
vie des émigrés sans le sou, sans permis de travail, sans moyens de
subsistance ou presque. D'hôtel miteux en chambre de bonne, de
rencontre désastreuse en rencontre exaltante, il côtoie des gens
dangereux, prêts à tout pour sauvegarder leur business.
J'avoue
avoir eu un peu de mal à rentre dans l'histoire de cet homme déchu,
dépossédé de tout. J'ai eu l'impression que l'auteur faisait
pleuvoir sur lui tous les malheurs du monde et que ça ne
s'arrangeait jamais, quoique fasse le héros. En gros, qu'il était
trop bête ou trop naïf pour s'en sortir seul... Même la rencontre
avec Margit, qui laisse un temps un peu d'espoir, m'a d'emblée aussi
laissé un sentiment étrange, comme si elle semblait pleine de
pièges, malsaine depuis le début.
Et puis
quand même, il faut bien reconnaître que passées les premières
pages, qui me sont de toute façon toujours difficiles et auxquelles
je dois parfois revenir pour mieux les comprendre, j'ai été happée
par l'intrigue. Avec cet énervement quand même (« Bon sang,
il n'a vraiment pas de bol, c'est pas possible ! ») mais il
faut bien avouer que l'auteur a un style d'écriture « accrocheur »,
qui ne lâche aps le lecteur. Le suspense est bien mené, les
questions posées se résolvent et/ou se complexifient peu à peu...
On croise dans cette histoire des marchands de sommeil, des truands,
des êtres étranges, imbus d'eux-mêmes et suffisants jusqu'à
l'insignifiance, des allers-retours dans le passé, une description
de la vie parisienne peu commune et plutôt réaliste....
Ce que j'ai
bien aimé, en revanche, ce sont les descriptions des différents
états par lesquels passe Harry, son tourment intérieur, sa volonté
d'être autre chose que ce que lui permet sa condition, qui le pousse
en avant et l'oblige à prendre des risques. C'est un côté du
personnage que j'ai beaucoup apprécié, et qui fait en quelque sorte
le « moteur » de l'intrigue. L'homme peut paraître
passif au premier coup d’œil, subissant les tempêtes qui s'abattent
sur lui, mais en réalité, ce sont plutôt ses actes qui le poussent
vers l'abîme, c'est parce qu'il fait des choix selon sa conscience
et ses aspiration, avec souvent un certain courage, qu'il voit sa
situation changer, en mieux ou en pire d'ailleurs...
La fin,
comme ça arrive parfois, m'a un peu laissée sur ma faim, comme si
le parti-pris était un peu « facile » et ne résolvait
rien. C'est donc un sentiment assez étrange qui domine à l'issue de
cette lecture : un livre que je n'ai pas pu lâcher, mas qui ne me
laissera sans doute pas un souvenir impérissable.
Paru aux
éditions Pocket, 2008. ISBN : 978-2-266-17976-8.
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