jeudi 25 septembre 2025

Thorgal, tome 17 : La Gardienne des clés, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Thorgal, Aaricia et leurs enfants vivent paisiblement au village viking, où Thorgal nourrit sa famille du fruit de la chasse et enseigne son art à Jolan. Mais dans cette série, le fantastique n'est jamais loin. Et rien, dans la vie du héros, ne peut rester « normal » très longtemps.

Alors que Thorgal et Jolan sont dans la forêt pour y chasser, un homme qui a pris son apparence (avec l'aide de Niddhog, le serpent que Thorgal avait combattu, enfant) lui tire une flèche dans le dos et prend sa place au village et auprès de sa famille. Il est invulnérable et prend très rapidement le pouvoir. Pour tous, il est Thorgal, sauf pour Jolan qui décèle très rapidement la supercherie.

Le vrai Thorgal, pendant ce temps, se retrouve dans le Deuxième monde, où il est accueilli par la Gardienne des Clés, qui lui demande, furieuse, de lui restituer sa ceinture. Thorgal comprend alors ce qui s'est réellement passé et, avec l'aide de la Gardienne et de Tjahzi, va devoir rétablir la situation, sous peine de voir les différents mondes parallèles s'interpénétrer. Il faut à tout prix éviter cela, sous peine de voir le chaos s'installer et la création tout entière être détruite...

Ce dix-septième album est tout aussi palpitant que les précédents, et nous entraîne dans ce qui fait la spécificité de la série : la capacité de Thorgal de passer d'un monde à l'autre, en l'occurrence ici du monde des humains au Deuxième monde, celui qui sert de séparation aux mondes des morts, des dieux ou des nains, par exemple. Cet épisode fait progresser un peu plus Thorgal vers une meilleure compréhension de ce qu'il est, et qui rappelle ce que lui avait dit Haynee dans « La Cité du Dieu perdu » : il est sur terre, mais n'appartient pas à ce monde... Thorgal en prend acte par une décision sans appel : il va devoir se faire oublier des dieux, pour ne plus mettre sa famille en danger. Décision qui ne sera pas sans conséquences, tant pour lui que pour eux, d'ailleurs. Mais ça, c'est une autre histoire !

En tout cas, nous sommes ici, avec cet album, dans l'introduction d'un nouveau cycle d'aventures... 


Paru aux éditions Le Lombard, 1991. ISBN : 2-8036-0932-0


mercredi 24 septembre 2025

Thorgal, tome16 : Louve, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme



Thorgal et Aaricia, accompagnés de Jolan, sont sur un drakkar qui les emmène au Northland, où Aaricia veut accoucher de son deuxième enfant. Sur le chemin, le drakkar est arraisonné par celui de Wor-le-Magnifique, le futur « roi » des Vikings, que les Vikings se sont choisi il y a quelques temps. Wor tente d'enrôler Thorgal, afin d'aller piller l'île de Britannia (actuelle Grande-Bretagne), mais Thorgal refuse : il ne se bat que pour protéger les siens, ou sa propre vie. Wor les fait débarquer à deux jours de marche du village, mais, vous imaginez bien, il s'agit d'un piège...

Voici commence cet album, le 16e de la série. Aaricia est sur le point d'accoucher et, au bout d'une journée de marche, elle a du mal à avancer. Thorgal décide donc de partir seul au village, afin de ramener un chariot. C'est en arrivant là-bas qu'il commence à comprendre ce qui se passe réellement...

Un bon album, à nouveau, un histoire indépendante qui nous ramène au village d'Aaricia, où avait commencé la saga, et que toute la famille avait quitté il y a quelques albums. Aaricia met au monde une petite fille, dont je vous laisse deviner le prénom ? Allez, c'est facile !


Paru aux éditions Le Lombard, 1990. ISBN:2-8036-0845-6


mardi 23 septembre 2025

Thorgal, tome 15 : Le Maître des Montagnes, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Les aventures de Thorgal semblent suivre, au moins au début, un schéma identique qui se répète selon différents cycles. On peut déjà en distinguer deux : les tomes 1 et 2 qui forment une sorte de prologue au premier cycle (tomes 3 à 6), qui forment une seule et même histoire, suivis d'un « one-shot » centré sur l'enfance de Thorgal, puis un épisode seul, un peu isolé dans l'ensemble, où on reprend une vie un peu plus « normale » après une longue et éprouvante aventure, Alinoë. Ensuite un album d'introduction, tel le prologue à une nouvelle aventure qui s'étend sur 4 nouveaux albums, (le « cycle de Qâ »), suivi là encore d'un album de transition, « Aaricia », centré sur l'enfance d'Aaricia, avant un nouvel album isolé, qui introduit un nouvel arc, ici, « Le Maître des Montagnes ». C'est sans doute très peu utile de savoir ça, mais j'aime bien rechercher les tenants et aboutissants dans les structures narratives... même si ça ne sert à rien !

Donc ce quinzième album est un peu à part dans l'histoire de Thorgal. On retrouve d'ailleurs ce dernier seul (dans « Alinoë », c'était Aaricia qui était seule avec Jolan sur leur île). Thorgal est en route pour l'île, justement, où il doit retrouver son fils et sa femme, dont on apprend ici qu'elle est enceinte. L'histoire de cette famille hors normes se poursuit. Sauf que là, justement, les choses se compliquent quelque peu : Thorgal est pris dans une sorte de boucle temporelle. Ou plutôt, il arrive dans une vieille maison, par hasard, et il y rencontre un jeune homme, Torric, qui lui dit s'être évadé de chez Saxegaard, le « Maître des Montagnes », un personnage cruel qui n'hésite pas à recourir à l'esclavage et au meurtre pour arriver à ses fins. Dans la bergerie où Thorgal et Torric ont trouvé refuge (la scène se passe en hiver), Thorgal a trouvé une mystérieuse bague qu'il met dans sa poche avant d'opérer Torric, gravement blessé à la main, et que Thorgal se propose d'amputer de deux doigts afin d'éviter la gangrène qui ne manquerait pas de se développer s'il ne faisait rien. Il sauve ainsi la vie du jeune homme, mais ce n'est que le début d'aventures étranges : le lendemain, pris par la peur d'être retrouvé par les hommes de Saxegaard, Torric prend la décision de quitter Thorgal en lui volant son cheval, mais ce dernier le surprend au moment où il allait partir. Torric évite également à Thorgal d'être blessé lorsque le toit de la bergerie s'effondre... et les deux hommes se retrouvent au même endroit, mais en plein été... La bergerie est intacte et une jeune femme, Vlana, en sort en les menaçant de son arme.

Voici le début de cette aventure quelque peu hors-norme dans la saga, faite d'allers-retours dans le temps, et où les auteurs parviennent à créer une histoire d'où les paradoxes temporels semblent absents (ce qui est un vrai tour de force, il faut bien le dire, tant les histoires de voyages dans le temps peuvent être compliquées à mettre en œuvre si on a pour objectif de leur conserver leur crédibilité...).

Ce tome est sans doute l'un de mes préférés. Le personnage de Vlana est très riche, intelligent et altruiste, c'est une femme de caractère qui aime mais sait aussi s'effacer pour le bien d'autrui... Un personnage féminin magnifique, une sorte d'anti-Kriss de Valnor qui, elle, est parfaitement détestable. Et ça fait du bien de rencontrer un personnage de cette trempe !


Paru aux éditions Le Lombard, 1989. ISBN:02-8036-0754-9


lundi 22 septembre 2025

Aimer l'autre sans l'utiliser, de Pascal Ide


Dans nos relations avec les autres, que ce soit son conjoint, ses enfants, ses collègues de travail, ses amis, ses parents... combien de fois n'avons-nous pas ressenti ce malaise de nous sentir utilisé par les autres, voire de les avoir utilisés à leur insu ? Quand on demande des nouvelles, un service, est-on vraiment « chaste » ? Ou bien n'arrive-t-il pas assez souvent de nous servir de l'autre pour notre propre bien ?

C'est l'objet de ce livre que de débusquer les situations où l'autre devient un objet : il devient un outil, il est utilisé... Le futur pape Jean-Paul II, Karol Wojtyla, a théorisé cette manière d'être à l'autre en utilisant ce qu'il appelait la « norme utilitariste » et la « norme personnaliste ». Non moralisantes, ces deux notions permettent de traquer nos comportements délétères avec autrui dans nos relations. La Norme Utilitariste consiste à regarder l'autre comme un outil, pour me servir de lui. Tandis que la Norme Personnaliste consiste à aimer l'autre pour lui-même. Et pour y parvenir, il convient d'interroger nos intentions profondes, parfois bien cachées sous des intentions apparemment altruistes... Y compris dans nos relations avec Dieu, d'ailleurs...

Pascal Ide est un prêtre de la communauté de l'Emmanuel, auteur de nombreux ouvrages, et celui-ci est très abordable, facile à lire et à comprendre, et il donne des pistes simples et encourageantes pour sortir de ces relations utilitaristes et commencer enfin à aimer l'autre. Il est très clair là-dessus : cela relève du choix. Un choix radical, puisqu'il n'est pas possible de s'arranger moralement avec la norme utilitariste : être utilisé fait trop de mal pour qu'on en fasse un mode de vie délibéré, une fois que l'on sait. Un livre salutaire, bien capable de conduire les lecteurs à un « amour authentique, qui seul rend durablement saint et heureux ».


Paru aux éditions Emmanuel, 2019. ISBN : 978-2-35389-795-7


samedi 20 septembre 2025

Thorgal, tome 14 : Aaricia, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme

 


Dans ce nouvel opus, nous retrouvons le même principe que dans le tome 7, l'Enfant des Étoiles, mais centré sur le personnage d'Aaricia. Au travers de quatre récits, le lecteur fait mieux connaissance avec Aaricia, la femme de Thorgal, en commençant par sa petite enfance.

Dans « La Montagne d'Odin », Aaricia est à la recherche de sa mère, qui a disparu quelques jours plus tôt. Elle a donc quitté le village et cherche à aller jusqu'à la fameuse montagne du dieu Odin, où se trouve le palais du dieu où vit désormais sa mère. Elle est secondée par deux « elfes des forêts », qui semblent vouloir l'aider. Seulement, dans cet univers, les démons ne sont jamais bien loin, et il faut toute la ténacité de Thorgal, parti avec les hommes du village pour chercher la petite fille, pour la ramener saine sauve à son père, Gandalf-le-Fou.

Dans la seconde histoire, « Première neige », on retrouve tous les habitants du village sur les hauteurs qui surplombent la mer. Leif Haraldsonn, le père adoptif de Thorgal et chef des vikings du Nord, vient de mourir. Pour Thorgal, cela signifie que son successeur, Gandalf-le-Fou, va lui mener la vie dure, en commençant par lui prendre les terres de Leif, qui lui reviennent de droit. Mais comme Thorgal n'est pas un Viking, Gandalf le traite déjà de bâtard. Thorgal préfère quitter le village. Aaricia ne l'entend pas du tout de cette oreille et va tout faire pour obliger son père à envoyer ses hommes à la recherche de Thorgal, qu'ils vont retrouver vivant. Où l'on voit que, toute petite déjà, Aaricia est liée à Thorgal par des sentiments très puissants...

La troisième histoire, « Holmganga », nous présente un peu plus Björn, le fils aîné de Gandalf et héritier du royaume du Nord, dont son père vient d'être couronné roi. Björn méprise Thorgal, relégué à l'écart du village avec pour seule « arme » un luth, puisque Gandalf l'a condamné à ne pas avoir le droit de porter les armes et à devenir scalde. C'est rude pour Thorgal, mais la compagnie d'Aaricia l'aide à ternir. Jusqu'à la provocation de trop, et qui se solde par la demande de Björn de régler leur différent en convoquant le jugement d'Odin. Ce qui revient à dire que les deux jeunes garçons vont devoir s'affronter en combat singulier. Bien sûr, tout cela sent le piège à plein nez, piège qu'Aaricia découvre juste à temps et qui lui permet de sauver la situation...

Enfin, nous retrouvons Aaricia, plus tard, alors qu'elle est adolescente, dans « Les Larmes de Tjahzi ». Elle est avec son amie Solveig, à qui elle montre les deux « larmes » qu'elle tenait dans ses mains au moment de sa naissance (c'est une histoire racontée dans « L'Enfant des Étoiles »). Ces larmes, son père, le roi Gandalf, les a fait monter en collier pour qu'elle puisse les porter le jour de son mariage. Aaricia et Solveig voient alors arriver sur le rivage une barque étrange, dans laquelle se trouve un inconnu qui n'appartient pas à leur clan. Solveig court chercher de l'aide, mais Aaricia monte à bord de la barque pour venir en aide à l'inconnu, qui est bien mal en point. L'inconnu se révèle être l'un des dieux mineurs d'Asgard, en quête d'un exploit à accomplir afin de se faire un nom... mais il a eu à faire à Hrun, un géant qui l'a rendu aveugle, et c'est plutôt lui qui a besoin d'aide ! Aide qu'Aaricia saura lui apporter. Cette jolie histoire renforce encore les liens qui unissent Aaricia et Thorgal, par une sorte de capacité commune à se retrouver en contact avec d'autres mondes que le monde des humains... Ou quand les univers deviennent poreux.

Ce que j'aime particulièrement dans cet album, ce sont les liens qui se tissent entre les différentes histoires. Dès le début, j'ai été frappée par la cohérence qui ressort de ces récits, que ce soit les récits de l'enfance des deux personnages principaux ou ceux qui se déroulent quand ils sont adultes : il y a peu de séries qui créent des univers où on peut suivre les personnages depuis leur enfance jusqu'à l'âge adulte avec une si belle continuité... Bien sûr, ce n'est pas la seule, mais oui, j'avoue avoir une tendresse particulière pour celle-ci !


Paru aux éditions Le Lombard, 1989. ISBN : 2-8036-0745-X

vendredi 19 septembre 2025

Thorgal, tome 13 : Entre Terre et Lumière, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Dans ce quatrième tome du « cycle de Qâ », puisqu'il faut bien lui donner un nom, Thorgal et Aaricia sont parvenus à retrouver Arghun et Jolan au village des Xinjins. Jolan, d'ailleurs, resterait bien sur place : il y est traité comme un dieu, aidé en cela par Uébac, son « conseiller », qui passe beaucoup de temps à le choyer, l'aider et le surveiller.

Le pouvoir attire toujours, et Uébac ne fait pas exception. Il compte bien utiliser le petit garçon pour parvenir à ses fins et son plan machiavélique est sur le point de réussir : Variay est accusé d'avoir voulu tuer les parents du nouveau « dieu », Hurukan-Jolan, et Uébac trompe l'enfant en lui faisant croire que ses parents se sont rangés à son avis et, pour son bien, l'ont laissé auprès de « son » peuple...

Dans ce nouvel épisode, il va falloir à Thorgal et Aaricia affronter la fourberie des hommes attachés au pouvoir. Mais c'est aussi un moment pour d'autres de faire de vrais choix courageux.

Un bon cru, pour finir ce cycle !


Paru aux éditions Le Lombard, 1988. ISBN : 2-8036-0713-1

jeudi 18 septembre 2025

Thorgal, tome 12 : La Cité du Dieu Perdu, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme

 


Arrivés en vue de Mayaxatl, les choses « sérieuses » commencent. Thorgal et Kriss se glissent dans la ville, laissant Aaricia et Tjall dans la jungle à l'extérieur de la cité, le temps de rencontrer leur contact sur place. Celui-ci leur donne alors le véritable but de leur mission : tuer Ogotaï. Si Kriss n'y voit aucun inconvénient, moyennant une rallonge sur la récompense qui lui est promise en cas de victoire, Thorgal, lui, refuse de continuer : dérober à un homme l'objet qui lui confère son pouvoir n'a rien à voir avec lui prendre la vie. C'est un pas que Thorgal se refuse de faire. Kriss, elle, n'a pas les mêmes scrupules, et décide de continuer seule, tout en faisant capturer Tjall et Aaricia pour servir ses desseins. Tjall parvient à s'échapper avant d'être emmené dans la ville, mais Aaricia n'a pas cette chance et compte parmi les prisonniers qui seront sacrifiés au Dieu Ogotaï quelques jours plus tard. Thorgal est à son tour maîtrisé, et le jour du sacrifice arrive.

Sauf que, comme toujours, les choses ne vont pas se passer comme les « méchants » des histoires le veulent (parce que, sinon, l'histoire serait terminée, et ce ne serait pas drôle du tout). Là encore, je vous laisserai découvrir la fin, pour ceux qui ne connaissent pas encore cette série !

Ce tome dévoile à Thorgal le secret de ses origines. Il retrouve la mémoire et comprend seul le piège dans lequel il est tombé. Mais son humanité lui permet de dépasser l'épreuve et d'en sortir victorieux, une fois de plus. Il reste à rentrer au pays Xinjin, pour y retrouver Jolan et Arghun. Et là, une grande surprise les attend...


Paru aux éditions Le Lombard, 1987. ISBN : 2-8036-0639-9.

mercredi 17 septembre 2025

Thorgal, tome 11 : Les Yeux de Tanatloc, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Deuxième épisode de ce deuxième grand cycle des aventures de Thorgal. Les prisonniers, Jolan et Arghun, tentent de fuir. Mais comme les avait prévenus Variay, le chef des Xinjins, le désert est un gardien à toute épreuve. Ils vont devoir faire preuve de patience et attendre que la mission confiée à Kriss de Valnor soit couronnée de succès.

De leur côté, Kriss, Tjall, Thorgal et Aaricia sont dans la jungle et avancent vers Mayaxatl, sans trop savoir exactement où ils sont ni, surtout, où ils vont. Leur guide les attendait bien au pied de la statue de la Déesse sans nom, mais il a été assassiné avant leur arrivée. Ils sont livrés à eux-mêmes.

La situation est donc loin d'être simple, mais l'intrigue avance. Jolan rencontre Tanatloc qui lui fait des révélations importantes sur ses capacités. Jolan a des pouvoirs importants, mais il est pour l'instant bien trop jeune pour les connaître et les maîtriser. Tanatloc lui montre comment s'en servir, et ce premier essai va être d'une grande aide pour Thorgal, perdu et malade dans la forêt. Cependant, cet effort coûte énormément à « Tanatloc », qui meurt rapidement.
La suite ?

Elle est à lire dans l'album, bien sûr. Je ne vais pas tout spoiler non plus !


Paru aux éditions Le Lombard, 1986. ISBN : 2-8036-0576-7.


mardi 16 septembre 2025

Thorgal, tome 10 : Le Pays Qâ, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Arghun et Tjall sont sur l'île, avec Thorgal, Aaricia et Jolan. En plein hiver, ils aident leurs hôtes à réparer la maison détruite par Alinoë (voir ici), et les réparations arrivent à leur terme. Arghun apprend à Jolan l'art du tir à l'arc quand ils sont attaqués par des hommes mystérieux qui les emmènent rapidement à bord d'un voilier. Tjall assiste de loin à la scène, mais il ne peut rien empêcher et retourne, blessé, jusqu'à la maison où Aaricia et Thorgal les attendent. Il leur raconte toute l'histoire et ils partent à la poursuite des ravisseurs. Sans succès. Mais à leur retour, ils ont la surprise de trouver Kriss de Valnor dans la maison. C'est elle qui a fait enlever Jolan et Pied-d'Arbre, afin de s'assurer de la coopération de Thorgal et Tjall dans la mission dont elle a été chargée. Sa récompense sera de l'or, mais elle savait bien que cela ne suffirait pas à les contraindre à l'aider, aussi a-t-elle employé ce moyen déloyal pour les y forcer.
Ainsi commence un nouveau cycle des aventures de Thorgal, qui va amener les héros de cette saga à l'autre bout du monde, dans un pays nommé le Pays Qâ. La mission de Kriss n'est rien d'autre que de prendre à un « dieu », Ogotaï, son casque qui lui confère le pouvoir absolu sur les hommes du pays. Une ethnie, les Xinjins, aidée par le « dieu » Tanatloc, résiste à Ogotaï et à ses troupes, mais Tanatloc se meurt et les Xinjins risquent de ne pas survivre à la mort de leur « dieu ».

Thorgal et ses compagnons sont donc emmenés jusqu'à la frontière du territoire des Chaams, et vont devoir faire preuve de courage pour mener à bien leur mission.

Cet épisode est une sorte d'introduction du cycle qui va suivre. Le décor est posé, les enjeux sont énoncés et la mission est au moins esquissée, même si des zones d'ombre restent.

Les auteurs ont puisé à de nombreuses références, qu'il est amusant de relever. L'arrivée du « dieu » Ogotaï, par exemple, fait référence à l'arrivée des Espagnols sur les côtes américaines au XVe siècle. Le désert traversé par Jolan et Arghun rappelle étrangement les déserts latino-américains, ainsi que le nom de la ville Chaam, Mayaxatl, qui fait penser aux noms des villes mayas par exemple. Mais d'autres références, comme le nom même de la tribu des Chaams ou celui des Xinjins rappelle plutôt les noms d'ethnies de Thaïlande ou de Chine. Il est donc difficile de situer le Pays Qâ... Mais c'est un pays loin des froidures du Northland !

Un bon album, qui introduit bien la suite.


Paru aux éditions Le Lombard, 1986. ISBN : 2-8036-0549-X


lundi 15 septembre 2025

La Tresse, de Laetitia Colombani


Je crois que je n'ai aucun besoin de présenter l'auteur de ce magnifique roman (ni le roman d'ailleurs, mais bon, je vais le faire quand même, puisque c'est le but de ce blog:) ), tant ce livre a été encensé, et avec raison.

Smita est une jeune maman, en Inde, qui appartient à la caste des Dalits, les Intouchables. Pour vivre – on pourrait plutôt dire « survivre » compte-tenu de ses conditions d'existence et de celles de son mari et de sa fille – elle exerce un « métier » qu'on ne pourrait même pas imaginer sous nos latitudes : elle vide les latrines des autres. Son travail consiste à retirer la m***e chez les Jatts, contre quelques roupies si elle a de la chance, ou quelques restes alimentaires pour se nourrir et nourrir sa famille. Un travail repoussant, sale, nauséabond et nauséeux, dangereux aussi pour sa santé, qu'elle exerce comme l'a fait sa mère avant elle, et qui le lui a appris. Smita est une femme digne, malgré sa condition de (quasi) esclave. Elle a une fille, Lalita, qui est âgée de six ans, pour laquelle elle rêve d'autre chose : Lalita ira à l'école, apprendra à lire et à écrire et sortira de sa condition misérable. Elle n'apprendra pas à vider les latrines, non. Elle aura, un jour, une chance de vivre autre chose. Sa mère se l'est promis et elle met tout en œuvre pour cela.

Sauf que, bien sûr, tout ne va pas se passer exactement aussi facilement que Smita l'espère. Elles vont toutes les deux devoir lutter pour que les choses changent.

Giulia, de son côté, vit en Sicile, à Palerme. Elle travaille dans l'atelier de cheveux de son père, que son grand-père avant lui avait créé. Elle en est fière, car l'atelier, non seulement fait vivre sa famille, mais fait aussi vivre plusieurs femmes, les ouvrières que son père emploie, et qu'elle connaît bien, qui font presque partie de la famille.

Le 14 juillet, son père est en tournée pour récolter les cheveux dans les environs de Palerme, mais il ne rentre pas, ce jour-là, de sa tournée : il a eu un accident et se retrouve dans le coma.

Pour Giulia, cet événement signe un changement radical dans sa vie, puisqu'elle va découvrir à l'atelier ce que son père n'a jamais dit, pas même à sa famille. La situation est grave et il faut toute la ténacité, l'inventivité et la foi de Giulia pour redresser la barre et donner un nouveau souffle à sa vie. Elle est aidée en cela par un mystérieux homme qu'elle a rencontrée complètement par hasard, un Sikh arrivé illégalement en Sicile, qui travaille de nuit dans les plantations d'oliviers.

Sarah, elle, vit à Montréal, où elle exerce le métier d'avocate. Elle est brillante, ambitieuse. Elle a la quarantaine et est promise à un brillant avenir d'associée dans un prestigieux cabinet d'avocat. Tout lui réussit, et elle est indispensable. Sauf qu'un jour, en pleine plaidoirie, elle s'écroule. Elle aussi voit sa vie changer du tout au tout en cet instant précis, où sa vie a basculé.

J'ai lu ce livre en quelques heures seulement, incapable d'abandonner les trois héroïnes à leur sort sans en connaître la fin. Toutes les trois sont des prisonnières, d'une certaine manière. Smita est emprisonnée dans sa caste, dont le régime est atroce : sans aucun droit, aucun espoir de sortir un jour de sa condition. En tant que femme, elle est en plus inexistante : ses maigres biens appartiennent à son mari et, en cas de décès de celui-ci, elle en est tenue pour responsable et donc mise au ban de la société. Le système des castes, en Inde, est cruel et parfaitement injuste, mais Smita ne le remet pas en question en tant que tel : pour en sortir, il faudrait – il suffirait ? - qu'elle se convertisse au bouddhisme. Mais Smita a une grande foi en Vishnou, le dieu protecteur en lequel elle croit et qui lui donne la force d'avancer. Quitter sa religion pour devenir bouddhiste lui est viscéralement impossible.

Giulia est elle aussi prisonnière, de sa famille cette fois. Les choses, en Sicile, se décident en clan. Elle n'est pas seule : en l'absence de son père, les décisions se prennent collégialement avec sa mère et ses sœurs, et ces dernières verraient bien Giulia épouser un coiffeur de la ville qui est amoureux d'elle depuis des lustres et... riche. Giulia, sans surprise, se rebelle et va trouver sa propre voie, envers et contre tout.

Sarah, elle aussi, est prisonnière, mais sans s'en rendre compte. Prisonnière de sa carrière, de l'image qu'elle doit donner d'elle-même. Elle doit prouver à chaque instant qu'elle est capable de travailler « comme un homme », ou plutôt d'être un homme comme les autres. Elle a tout compartimenté dans sa vie : d'un côté son travail, de l'autre sa famille (elle a trois enfants), et les deux mondes sont totalement étanches, car rien ne doit entraver sa carrière professionnelle. Alors quand elle tombe à terre en pleine audience, ce n'est pas un tout petit problème qui vient d'avoir lieu, c'est un véritable tsunami qui va tout dévaster dans sa vie. Et qui lui demandera de changer du tout au tout sa manière de voir, de vivre.

« La Tresse » est un magnifique roman sur la femme, sur les forces de vie qui habitent les femmes. Dans l'adversité, dans les difficultés rencontrées, et quelles que soient leurs conditions de vie, ces trois héroïnes du quotidien avancent et défient les obstacles qui se présentent devant elles.

Je suis très circonspecte en ce qui concerne le discours féministe d'aujourd'hui. Celui porté par Sandrine Rousseau, par exemple, qui parle de « déconstruction » de l'homme en particulier. Il me semble qu'en Occident, on a tellement peu de problèmes qu'on est obligé de s'en chercher, voire de s'en inventer. Ou bien alors on a tellement peur de regarder les vrais problèmes en face qu'on en crée de toutes pièces pour se donner une certaine importance. En tout cas, il y a des combats qui me semblent totalement stupides aujourd'hui. Mais pas ceux qui sont dénoncés dans ce roman. Sortir d'une situation injuste, inhumaine comme celle que vit Smita, ou pouvoir décider soi-même de qui on va aimer, de son métier, comme Giulia, ou encore de pouvoir affronter la maladie sans être laminée professionnellement au passage, juste parce qu'on est une femme, comme Sarah, tous ces combats sont réels et importants.

Ce livre est rapide et facile à lire, profond, important. Il raconte aussi la foi que ces femmes ont en la vie, en leur Dieu, qu'il s'appelle Vishnou, ou Jésus, ou qu'il n'ait pas de nom d'ailleurs. Ces trois femmes sont portées par une foi qui les dépasse, qui les transporte, qui les meut et les entraîne vers la vie. C'est un livre que j'ai trouvé très dur dans ce qu'il décrit de ce qu'elles vivent. Et c'est magnifique.


Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 2018. ISBN : 978-2-253-90656-8.


samedi 13 septembre 2025

Thorgal, tome 9 : Les Archers, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme



Ce neuvième tome commence par une scène nocturne, où l'on voit deux personnes, un homme et une femme, dérober un joyau dans une tour. Sigwald-le-Brûlé et Kriss de Valnor sont bien entendu les protagonistes principaux de cette histoire, avec Thorgal évidemment. Thorgal, d'ailleurs, et en mer et il tente de rejoindre son île où Aaricia et Jolan l'attendent. Mais il est pris dans une tempête et une barque lui fonce dessus en pleine nuit. Elle est dirigée par Tjall-le-Fougueux, un jeune homme qui porte bien son nom et se révélera être autant un poids qu'un allier pour Thorgal.

Tjall, coupable d'avoir fait couler l'embarcation de Thorgal, réussit à le tirer de l'eau et à le ramener à terre. Il le conduit chez son oncle, Arghun-pied-d'arbre, qui comme son nom l'indique, a perdu une jambe. Il est armurier et son neveu est parvenu à le convaincre de participer au tournoi des Archers qui doit se dérouler dans quelques jours en Umbria. Le prix est suffisamment élevé pour convaincre Thorgal de l'intérêt d'y participer, puisqu'il n'a plus les moyens de rentrer chez lui, depuis que tous ses biens ont coulé. C'est au moment où Arghun lui montre son armurerie que les chemins de Thorgal et de Kriss de Valnor se croisent pour la première fois.

Sigwald aurait dû être le partenaire de Kriss, dans ce tournoi, mais les routes étant peu sûres jusqu'en Umbria, il a dû se battre en chemin et n'est plus en mesure d'assurer sa part. C'est donc Thorgal, seul également, qui va s'engager aux côtés de la jeune femme. Je vous laisse imaginer l'issue du tournoi...

Un album plutôt « calme » en matière d'aventures : on est là dans une histoire bien terrienne, sans l'intervention des dieux d'Asgard ou d'extra-terrestres comme ce pourrait être le cas compte-tenu des origines lointaines du héros principal. Quand je dis « calme », bien sûr, c'est tout relatif : le nombre de morts et de blessés est impressionnant, et se révèle être le fait de Kriss et de son compagnon, essentiellement, Thorgal ayant horreur de tuer pour tuer. Ici, s'il le fait, c'est uniquement pour défendre sa vie. Un « extra-terrestre » dans le monde dur et cruel décrit dans cet univers où seule le plus fort et le plus cruel a la vie sauve... Thorgal sait manier les armes (cet album le montre suffisamment), mais ne le fait jamais gratuitement ou dans le but de tuer uniquement. Il défend sa vie et celles des siens et, pour le reste, il tente de ne pas s'en mêler. Et c'est bien là tout le problème : à certains moment, il y est contraint et forcé...


Paru aux éditions Le Lombard, 1985. ISBN : 2-8036-0515-5


vendredi 12 septembre 2025

Thorgal, tome 8 : Alinoë, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme

 


Nous retrouvons Thorgal, Aaricia et Jolan, leur fils, sur l'île où ils ont décidé d'habiter. Loin des Vikings du nord qui les ont chassés, la petite famille semble avoir trouvé, comme le laissait présager la fin du tome 6, un lieu pour vivre en paix, loin de la folie des hommes.

Jolan a grandi. Il a environ quatre ou cinq ans, il parle et écrit d'étranges signes sur le sable. Des signes qui viennent dans sa tête sans qu'il comprenne ce qu'ils veulent dire. Son père ne comprend pas plus et trouve son fils étrange, mais il n'est pas inquiet pour autant : l'île est déserte et tout danger semble très loin d'eux.

Thorgal doit partir deux jours sur le continent pour y acheter des biens de première nécessité en prévision de l'hiver qui approche. Il prend donc la mer en laissant sur l'île sa femme et son fils, l'esprit tranquille. Jolan pose des questions à sa mère et lui exprime sa douleur de vivre dans la solitude. Il aimerait avoir un ami. Et c'est là que les choses vont se compliquer quelque peu.

J'ai une tendresse particulière pour cet album, parce que c'est le premier que j'ai lu, par épisodes, lors de sas parution dans la revue « Fripounet », à laquelle ma sœur était abonnée. Je n'avais lu, à ce moment-là, que quelques pages, mais ce garçon aux cheveux verts, Alinoë, m'avait fortement intéressée. A cette période-là, j'étais surtout fan de Yoko Tsuno, mais je lisais en fait à peu près tout ce qui me tombait sous la main. La revue de ma sœur ne faisait donc pas exception, et c'est grâce à ces quelques pages que j'ai découvert Thorgal. Sauf qu'à l'époque, je ne savais pas qu'il s'agissait de cette série, les pages que j'avais lues ne montrant pas le héros principal de la série, mais simplement Jolan et son étrange ami. Il m'a fallu, bien des années plus tard, lire par hasard cet album (en entier cette fois) pour faire le lien avec le petit garçon aux cheveux verts de mon enfance et, enfin, le rattacher à la série qui allait devenir l'une de mes préférées.

Cet album est important dans la saga, parce qu'il introduit réellement le personnage de Jolan et lui donne ses premières lettres de noblesse. Dans le tome 6, on avait vu que Shardar l'utilisait à des fins magiques, sans qu'il y ait une seule explication sur l'origine de ses pouvoirs. On peut en apprendre davantage dans le tome 7, puisqu'on en sait plus sur Thorgal, sans que cela n'explique réellement ce dont Jolan est capable. Cet opus en dit plus sur l'étendue des dons de Jolan hérités du Peuple des Étoiles. Le cheminement se poursuit !


Paru aux éditions Le Lombard, 1985. ISBN : 2-8036-0482-5


jeudi 11 septembre 2025

Thorgal, tome 7 : L'Enfant des étoiles, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Dans ce tome 7 de la série « Thorgal », nous faisons un retour en arrière pour en apprendre plus sur Thorgal lui-même, sur ses origines, ses pouvoirs, sa vaillance.

En trois courts récits, les auteurs nous racontent la découverte de Thorgal, bébé (« Le Drakkar perdu »), puis sa première aventure dans le monde des nains (« Le métal qui n'existait pas ») et enfin les origines lointaines de l'enfant (« Le Talisman »).

Ces récits sont bien connus, je suppose, des lecteurs de cette saga, je ne m'y étendrai donc pas trop, mais je voulais quand même revenir un peu dessus, pour en souligner la cohérence interne, tant dans cet album en particulier qu'au sein de la série en entier. Dans cet album, en effet, de nombreuses choses se mettent en place : le caractère de Thorgal et son origine lointaine, l'explication de ses pouvoirs particuliers et de l'ignorance qu'il en a, le rapport complexe de cet enfant avec le monde des Dieux, en particulier l'affection particulière de la déesse Frigg à son endroit, la naissance d'Aaricia et son lien particulier avec Thorgal, même si ce dernier n'en sait rien pour le moment, le malaise de Thorgal dans le monde des Vikings... De nombreux éléments du décor sont ainsi plantés et n'attendent que les albums suivants pour se déployer pleinement.

Dans la première histoire, le chef viking Leif Haraldson et ce qui reste de son équipage affrontent une tempête qui a déjà décimé une bonne partie des hommes qui se trouvaient à bord. Gandalf-le-Fou, le futur chef (comme on le voit dans le tome 1 de la saga), a des comptes à régler avec Leif et ne se prive pas d'utiliser les circonstances pour tenter de tuer ce dernier. Mais une étrange lumière, proche d'eux, troue soudain les ténèbres de la tempête et sauve la vie de Leif et de ses compagnons, en les ramenant en sécurité dans leur pays. C'est là qu'ils découvrent un étrange radeau, contenant le bébé que Leif prendra sous sa protection.

La seconde histoire raconte la première incursion de Thorgal, alors âgé de quelques années, dans le monde des Dieux, ou plutôt dans celui des nains. La déesse Frigg semble le connaître parfaitement et lui permet de revenir du séjour des morts.

Enfin, dans la troisième histoire, Thorgal est à la recherche de ses origines et part en quête d'un « dieux » présent dans la forêt brûlée. Ce « dieu » lui révèle alors d'où il vient, qui sont ses parents... mais efface aussitôt tout souvenir de sa mémoire, afin de permettre à Thorgal, maintenant âgé de dix ans, de vivre le plus normalement possible au milieu de son peuple d'adoption.

Bien entendu, comme on l'a déjà vu dans les albums précédents, ce vœu restera pieux et la vie de Thorgal n'a rien de « normal » ! (sinon, il n'y aurait pas d'histoire:) )


Paru aux éditions Le Lombard, 1984. ISBN : 2-8036-0460-4


mercredi 10 septembre 2025

Thorgal, tome 6 : La Chute de Brek Zarith, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Sixième tome de la saga, et quatrième et dernier de ce premier « cycle » d'aventures qui a amené Thorgal et Aaricia à être séparés pendant plus d'un an et à vivre des aventures éprouvantes, comme on a pu le voir dans les trois derniers billets (ici, ici et ).

Cette histoire commence à Brek Zarith, le royaume de Shardar le Puissant, qui a « accueilli » Aaricia et usurpé le trône de Galathorn, l'homme mystérieux qui a aidé Thorgal à retrouver le chemin de la vie dans l'histoire précédente. C'est que Galathorn avait besoin de Thorgal pour reconquérir son trône. Ou plutôt, il avait besoin d'un allié, et la force viking semblait être celle qui lui permettrait, moyennant finances – et le trésor de Brek Zarith est bien fourni – de vaincre son adversaire, un véritable tyran qui n'hésite pas à massacrer ceux qui se dressent sur sa route.

Shardar a besoin d'Aaricia, mais surtout de Jolan, son fils (et le fils de Thorgal, que ce dernier n'a jamais vu), à cause des mystérieux pouvoirs de l'enfant. Averti des trahisons de ses vassaux et des manœuvres de ses ennemis, Shardar a toujours un coup d'avance sur eux... Sauf que Thorgal ne suit pas la même logique que les hommes qu'il combat. Et c'est cela qui fait, chez lui, toute la différence.

La fin de ce cycle de 4 tomes est impressionnante. Après tous les dangers affrontés auparavant, on pourrait s'attendre à un peu de « calme ». Et c'est tout ce à quoi aspirent les héros de cette saga. Sauf que, bien sûr, si c'était si simple, il n'y aurait tout simplement pas de tome 7...

Ce qui me plaît vraiment, dans cette série, ce sont les évolutions des personnages. Contrairement aux autres séries de bandes dessinées, dont les héros semblent évoluer hors du temps, ici, le temps passe et joue même un rôle particulièrement important. Il s'est passé au moins un an depuis « La Galère noire ». Jolan est né, il n'est plus un nourrisson, mais un tout jeune enfant, qui sait marcher. Son père ne l'a pas vu naître, n'a pas assisté à ses premiers pas. Et il va encore grandir. J'avoue qu'il me semble que c'est assez unique dans le monde de la bande dessinée, même si je suppose que, depuis, d'autres « univers » comme celui créé ici par Rosinski et Van Hamme existent maintenant. On peut penser, par exemple, à la série « La Complainte des Landes Perdues », par exemple. Mais je ne sais pas vraiment si ce concept existait dès les années 1980 pour d'autres séries...

En tout cas, en relisant ces albums, je retrouve la joie que j'ai ressentie à leur découverte, il y a de cela plus de trente ans... Et ça fait du bien !


Paru aux éditions Le Lombard, 1984. ISBN : 2-8036-0451-5.


mardi 9 septembre 2025

Thorgal, tome 5 : Au-delà des Ombres, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Dans un village, sous la pluie, un homme en noir est à la recherche de Thorgal. C'est un messager, qui a une mission à lui confier. Il finit par le retrouver. Il est accompagné de Shaniah, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Une loque, protégé par une jeune fille. Voilà ce que le héros est devenu depuis la disparition d'Aaricia. Le messager insiste, finit par briser la résistance de Shaniah et les voilà embarqués tous les deux pour une mission à haut risque : pénétrer, grâce à la clé du Deuxième monde que la Gardienne lui a laissé (voir tome 3) pour sauver Aaricia, que Thorgal a crue morte depuis un an. Aaricia est à la cour de Brek Zarith, mais elle ne s'est jamais remise de ce qu'elle a vécu l'année précédente. Seul Thorgal, en pénétrant au-delà du Deuxième monde, peut espérer l'arracher au pouvoir de la mort elle-même. Shaniah refuse de le laisser seul et suit Thorgal dans sa quête.

Dans ce cinquième tome, plus noir que les précédents, Thorgal va devoir affronter des ennemis bien plus dangereux encore que ceux auxquels il a déjà fait face.

La saga continue, construisant peu à peu l'univers de Thorgal. Les mondes s'interpénètrent...


Paru aux éditions Le Lombard, 1983. - ISBN : 2-8036-0407-8


lundi 8 septembre 2025

Le Journal de Joseph, de Francis Lalanne


Joseph, père de Jésus, ne dit rien, dans les Évangiles. Absolument rien. Pas une seule parole ne sort de sa bouche. En revanche, il écoute. Il écoute l'ange qui vient lui demander de prendre Marie pour épouse et qui lui explique l'origine divine de Jésus. Il écoute à nouveau l'ange quand celui-ci lui demande de prendre l'enfant et sa mère pour les emmener en Égypte, parce que le roi Hérode veut tuer l'enfant. Et Joseph obéit, sans mot dire. Ça, c'est la version des Évangiles. Et elle est belle, elle se suffit à elle-même.

En 1995, sort « Marie de Nazareth », le film de Jean Delannoy. Et dans ce film, le rôle de Joseph est tenu par Francis Lalanne. Je n'ai pas vu le film, et c'est un tort qu'il va falloir que je rattrape, mais ce n'est pas le plus important pour l'heure. Dans ce film, Joseph a forcément quelque chose à dire. Il est difficile d'imaginer un film avec un acteur qui n'aurait jamais aucune réplique, non ?

En tout cas, dialogues ou pas, ce rôle a inspiré à Francis Lalanne ce livre très court et très rapide à lire (j'ai mis quelques heures seulement). Un livre qui fait parler Joseph. Qui nous fait entrer dans son esprit, dans sa tête, dans ses sentiments. Vrai ou pas, ce n'est pas réellement la question. Il s'agit d'un récit qui montre l'intimité de Joseph : ses doutes, ses combats, ses sentiments, pour Marie et Jésus, bien sûr. Ses questions, aussi, ses incompréhensions. C'est très beau.

Vrai ou pas n'est pas la question. Il y a bien sûr des phrases qui posent question. En particulier la description de la naissance de Jésus, qui me semble trop « humaine » pour être vraie. Marie, conçue sans péché, est dans l'état d'humanité que nous devrions connaître si nous n'étions pas marqués, tous autant que nous sommes, parle péché originel. Or c'est après le péché originel, dans le livre de la Genèse, que Dieu dit à Eve qu'elle enfantera dans la douleur. Mais si Marie n'est pas, elle, marquée par le péché originel, pourquoi enfanterait-elle, elle, dans la douleur ? Il est très probable que la naissance de Jésus ait eu lieu « autrement », de manière mystérieuse, qui expliquerait la virginité perpétuelle de Marie. Donc la scène décrite dans l'étable de Bethléem serait un simple copié-collé de ce que vivent toutes les femmes en accouchant, mais ne serait pas le récit de ce qu'a vécu Marie... On ne saura rien pour l'instant : il va falloir attendre l'éternité pour connaître la vérité pleine et entière.

Mais ce qui m'a frappée, c'est le récit de la croissance de Jésus. Francis Lalanne présente l'enfant comme en état d'apprentissage permanent, mais plus rapide et plus efficace que n'importe quel enfant. Il marche plus tôt, parle plus tôt, comprend mieux et plus rapidement que les autres enfants. En fait, ce qui m'a particulièrement intéressée, dans ce livre, c'est qu'il permet de « sortir de l'ombre » l'enfance cachée de Jésus, et de toucher du doigt – très imparfaitement, mais quand même – ce qu'a pu être, ce qu'a peut-être été la croissance de l'enfant-Dieu dont la mort et la résurrection ont changé à jamais la face du monde. Que s'est-il passé, durant les trente premières années de Jésus ? Avait-il conscience, dès le départ, d'être le Fils de Dieu ? Connaissait-il dès le début sa mission salvifique ? Savait-il que, si Marie était bien sa mère biologique, Joseph n'était que son père adoptif, élu par Dieu le Père pour protéger son Fils unique et l'amener à l'âge d'homme ? Quels étaient ses sentiments pour Joseph ? Pour Marie ? Comment cet enfant unique en son genre a-t-il grandi ?

Ce livre ne donne bien sûr pas « la » réponse, mais « une » réponse parmi d'autres. Il pose de bonnes questions, il donne quelques clés, en tout cas il interroge, faute de percer le mystère de la naissance et de la croissance de Jésus. Joseph me semble un peu trop « bavard » dans ce livre. Et Marie un peu trop « humaine » aussi... Mais ma vision des choses n'est pas plus juste et réelle que celle de Francis Lalanne. En fait, ce que j'ai vraiment apprécié, c'est que ce livre me montre la vie de Jésus enfant sous l'angle humain, alors que j'ai tendance à ne voir en Lui que Dieu. Or Jésus, s'il est vrai Dieu, est aussi vrai homme. C'est un des articles du Credo.

Je suis donc très heureuse d'avoir lu ce livre, qui me fait prendre conscience, en douceur, que Jésus est et reste un véritable mystère. Mais qui me permet aussi de mieux appréhender la figure de Joseph, son père adoptif, qu'il me reste à interroger davantage. Et ça tombe bien : le pape François avait écrit un texte centré sur Joseph. Il me reste à le retrouver dans ma PAL !


Paru aux éditions Première Partie, 2021. - ISBN : 978-2-36526-251-4.


samedi 6 septembre 2025

Thorgal, tome 4 : La Galère noire, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Thorgal et Aaricia ont trouvé refuge dans un village, où Thorgal est devenu un paysan accompli, aidant aux champs grâce à sa force physique et à son cheval. Caleb, le chef du village, l'apprécie et semble le considérer comme un frère. Sa fille, Shaniah, a 16 ans et aimerait passer plus de temps avec le beau ténébreux... mais son père veille. Aaricia, de son côté, est enceinte de son premier enfant. Tout semble, pour une fois, aller pour le mieux... Oui, mais. Dans cette saga, le bonheur est toujours de courte durée. La jeune Shaniah se rebelle et se met en colère contre Thorgal, qui repousse ses avances et refuse de s'enfuir avec elle.

Victime d'une nouvelle injustice, accusé à tort, Thorgal va devoir subir de nouvelles épreuves, avant de pouvoir retrouver son épouse. Sauf que... Sauf que les choses sont toujours, toujours un peu plus compliquées !

Comme on le verra par la suite, la vie de couple de Thorgal et Aaricia est loin d'être un long fleuve tranquille... J'aime vraiment, vraiment cette bande dessinée ! D'un album à l'autre, on passe du fantastique à l'aventure, des trahisons aux mystères ou aux complots, les mondes s'entremêlent... Oui, c'est du bon !


Paru aux éditions Le Lombard, 1982. - ISBN : 2-8036-0026-9


vendredi 5 septembre 2025

Thorgal, tome 3 : Les 3 Vieillards du Pays d'Aran, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Ce troisième tome commence là où le deuxième s'était arrêté : après le mariage, Thorgal et Aaricia ont quitté le village Viking et se sont engagés vers le sud. En chemin, ils rencontrent Jadawin, un petit être très laid, qui les invite à une fête organisée tout près, au Pays d'Aran. A peine arrivés, Aaricia et Thorgal se retrouvent confrontés à la « fête », mais celle-ci est étrange : les habitants semblent sans joie... Ils attendent celui – ou celle – qui réalisera la prophétie et deviendra roi du pays. Aaricia se prend au jeu... et déclenche sans le vouloir la réalisation de la prophétie et l'arrivée des trois Bienveillants, qui veillent sur le pays dans le château qui se trouve au large, sur un ilôt. Aaricia devient reine, et Thorgal est exclu du jeu. Sauf que, bien sûr, il ne se laisse pas faire et mettra tout en œuvre pour sortir Aaricia du piège dans lequel elle s'est elle-même enfermée.

Bien entendu, les choses ne seront pas aussi simples que ce que pensait Thorgal, et il devra déployer tous les trésors d'ingéniosité, de courage et de force dont il est capable pour les sortir tous les deux du guêpier dans lequel ils sont tombés.

Ce troisième tome nous permet d'entrer un peu plus dans « l'univers Thorgal », avec l'introduction de la Gardienne des Clés, un personnage que nous retrouverons de temps en temps dans les différents albums de la saga. Il s'agit, ni plus, ni moins, que de pénétrer, grâce à elle, dans des mondes parallèles, mondes qui font partie de la mythologie nordique : Asgard, Mitgard... Thorgal est non seulement fort et courageux, mais cet album nous en apprend un peu plus sur lui : il est également redoutablement intelligent, et prêt au sacrifice ultime pour faire triompher la justice. Au prix de sa vie ?


Paru aux éditions Le Lombard, 1981. - ISBN : 2-8036-0001-3


jeudi 4 septembre 2025

Thorgal, tome 2 : L’Île des Mers gelées, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Ce tome 2 est la suite de la première histoire du tome 1, « La Magicienne trahie ». Nous retrouvons le village viking, où Aaricia s'apprête à célébrer son mariage avec Thorgal. Elle est en compagnie de Solveig, sa meilleure amie, et contemple une dernière fois le village où elle a grandi. Après le mariage, Thorgal et elle quitteront le village, car Thorgal n'est pas apprécié des villageois. Il est courageux, mais s'oppose à la violence des hommes, et Björn, le frère d'Aaricia, qui succédera à son père Gandalf sous peu, est très loin de le porter dans son cœur. Seulement voilà, au moment où Aaricia et Solveig se dirigent vers le village, deux aigles s'emparent de la future mariée. Et l'emportent dans les airs, pour la déposer sur une plage où le mystérieux propriétaire des aigles les attend pour embarquer la jeune femme. Les Vikings se lancent à la poursuite du navire. Mais à bord du drakkar, un conflit éclate entre Björn et Thorgal d'un côté, et Jorund de l'autre, qui n'entend pas risquer sa vie pour une femme, fût-elle la fille du chef...

Voici le début de cette nouvelle histoire, qui emmène Thorgal dans les Mers gelées, où il retrouvera Aaricia, mais aussi Slive, la Magicienne, qui lui révèle une partie de son histoire et de ses origines.

Deuxième tome parfaitement réussi, comme le premier, où on en apprend bien plus sur le héros et sur les personnages secondaires. L'aspect fantastique de la série se confirme !


Paru aux éditions Le Lombard, 1980. - ISBN : 2-8036-0359-4.


mercredi 3 septembre 2025

Thorgal, tome 1 : La Magicienne trahie, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


J'ai lu et relu cette bande dessinée (et les suivantes de la série) pendant toute mon adolescence et ma vie de jeune pro célibataire. Autant dire que, avec la série Yoko Tsuno, c'est celle que j'ai le plus fréquentée... D'où mon attachement particulier à Thorgal, l'enfant des étoiles, et à Aaricia, sa femme.

Ce premier tome de la série se compose en réalité de deux histoires distinctes, comme un galop d'essai pour camper les personnages de la saga mythique de Van Hamme et Rosinski...

La première histoire, « La Magicienne trahie », permet au lecteur de faire brutalement connaissance avec le personnage principal. Thorgal est en effet emmené par Gandalf le Fou, le chef du village, à l'anneau des sacrifiés où il est enchaîné. Lorsque la marée sera assez haute, Thorgal mourra, parce qu'il a osé aimer Aaricia, la fille de Gandalf... qui l'aime en retour.. Fin de l'histoire ? Non. Au moment où il va mourir, une femme lui propose un marché : elle le délivre s'il accepte de se mettre à son service pendant un an. Thorgal accepte et accompagne la femme qui lui demande d'aller chercher un coffret. Pour mener sa quête à bien, Thorgal va devoir affronter des adversaires redoutables. Mais ce n'est que le début de cette aventure, qui se poursuit dans le tome 2, dont nous parlerons très bientôt.

La deuxième histoire, plus courte que la première, met en scène Thorgal, perdu dans la montagne, en plein hiver. Il fera bientôt nuit et les loups sont à l'affût : ils espèrent bien prendre une proie de choix. En fuyant pour sauver sa vie, Thorgal, sur son cheval, tombe dans un ravin et se réveille dans un monde enchanté, entouré de trois sœurs, Ingrid, Ragnhild et la plus jeune, Skadia. Seulement le monde dans lequel il est tombé est différent de celui d'où il vient : à en croire Ingrid, l'aînée, le temps ne s'y écoule pas à la même vitesse qu'en surface. L'enjeu, pour le héros, va être de regagner la surface, sans trop savoir comment quitter ce monde étrange ni, surtout, à quelle date il va retrouver le sien...

En deux histoires courtes, ce premier album plante directement le décor et les personnages de la saga. Thorgal, homme mystérieux, courageux et fidèle à sa parole, se trouve confronté aux Vikings, peuple avec lequel il vit mais qui le considère comme un étranger. Par ailleurs, il a accès, dès le premier album, à une sorte de monde parallèle dont on ne sait pas exactement où il se trouve ni ce qu'il est exactement : La mort ? Le paradis ? Un univers parallèle sous le monde que nous connaissons ?

Dans cette série, le fantastique côtoie l'aventure et les deux se mêlent particulièrement bien...


Paru aux éditions Le Lombard, 1980. ISBN : 2-8036-0358-6.


lundi 1 septembre 2025

Père Elijah à Jérusalem, de Michael D. O'Brien


Cet ouvrage est la suite de « Père Elijah, une apocalypse », du même auteur, chroniqué d'ailleurs sur ce blog il y a quelques temps.

Si j'ai beaucoup, beaucoup aimé le premier tome, j'ai été légèrement déçue par cette suite qui, pourtant, promettait beaucoup. J'ai eu l'impression un peu désagréable que l'auteur écrivait la suite parce qu'il ne pouvait décemment pas laisser son héros devant les portes de Jérusalem, sans que les lecteurs ne sachent ce qu'il advenait de lui. Comme si, entre les deux romans, Michael D. O'Brien s'était plutôt désintéressé de son héros et avait fini par écrire la suite, plus contraint et forcé par ses lecteurs que mû par une réelle envie de raconter la fin de l'histoire... Petite déception, donc.

Ceci dit, l'histoire se tient. Elijah, flanqué d'Enoch, frère carme comme lui, est à Jérusalem et doit remplir sa mission, qu'il peine d'ailleurs lui-même à définir. L'ennemi est bel et bien nommé : il s'agit du président (le même que dans le premier tome, jamais nommé, mais identifié par tous les protagonistes de l'histoire), qui doit justement se rendre en Israël pour une semaine de rencontres, conférences, annonces diverses et variées. Elijah va devoir trouver un moyen de se retrouver en sa présence, et ce malgré l'impressionnant service de sécurité qui entoure le président, particulièrement à Jérusalem.

Si j'ai moins bien aimé ce récit, c'est sans doute parce que l'action tarde à venir, en quelque sorte. Le roman est structuré sur une semaine, durant laquelle on suit l'évêque carme, qui va de rencontre en rencontre sans que « la » rencontre décisive n'ait lieu. C'est assez déroutant, d'autant plus que la fin est plutôt abrupte et rapide, alors que tout le reste du récit prend son temps et est formidablement bien détaillé. Les rencontres, les lieux, les descriptions sont fouillés, sans pour autant est ennuyeux, les personnages secondaires sont très intéressants, bien campés... et le récit émaillé de faits « surnaturels » qui permettent aux deux héros d'être guidés dans leur mission.

Seulement voilà, j'ai eu l'impression, à la lecture, d'un « tout ça pour ça ! » assez décevant. Cela n'enlève rien aux qualités littéraires de ce roman, mais j'avoue être déçue par cette fin, alors que j'aime bien cet auteur et que je mettais beaucoup d'espoirs dans cette lecture... Je me consolerai donc avec le prochain livre que je lirai !


Paru aux éditions Salvator, 2024. ISBN : 978-2-7067-2661-3.


mercredi 27 août 2025

Alix, tome 16 : La Tour de Babel, de Jacques Martin

Alix et Enak, avec Yoko Tsuno, ont peuplé mon enfance, et m'ont introduite dans l'histoire ancienne, celle de l'Antiquité, des Romains, des Gaulois et... dans le mystère, les enquêtes et les aventures. Sauf qu'enfant, j'ai dû choisir, parce que mon petit pécule était bien insuffisant pour acquérir toutes les bandes dessinées que je voulais lire au fur et à mesure qu'elles sortaient en librairie. D'ailleurs, je crois que j'ai mis un certain temps à comprendre que je pouvais les acheter ! Pendant longtemps, je ne les lisais qu'à la bibliothèque... Bref.

J'ai découvert cet album très récemment, quand mon mari a décidé de me l'offrir pour Noël (oui, j'ai du retard dans mes chroniques de lectures... on ne se refait pas!) Donc, dans cet album, Alix et Enak sont à Jérusalem, où ils ont rendez-vous avec un homme mystérieux, envoyé par Oribal, qu'Alix a autrefois aidé à conquérir le trône qui lui revenait. Ici, Oribal a à nouveau besoin de l'aide d'Alix, parce qu'il est menacé de perdre son royaume, voire sa vie : sa jeunesse l'a amené à commettre des erreurs et les nobles et les prêtres de son royaume lui en veulent. Sous la protection de l'armée, il en désormais prisonnier et espère l'aide d'Alix pour sortir de cette situation épineuse et dangereuse pour lui. Les deux amis prennent donc la route avec l'envoyé d'Oribal pour Babylone, afin de venir en aide au souverain. Et bien sûr, tout ne va pas se passer aussi simplement que prévu. Un mystérieux homme en noir semble les surveiller... voire les suivre.

Ce que j'aime bien dans les bandes dessinées de Jacques Martin, c'est la complexité des intrigues. J'avoue ne pas toujours comprendre ce qui s'y passe à la première lecture, et devoir m'y reprendre à deux fois pour saisir le sens de l'histoire. Mais malgré tout, le réalisme des dessins, le sens du rythme, l'évolution rapide du scénario sont prenants et me transportent à chaque fois dans l'univers antique décrit. Peu importe que ce soit réaliste ou non, le sujet n'est pas là. Il s'agit ici d'aventures, de complots, d'amitiés fortes et fidèles. Jacques Martin a le chic pour montrer tout cela et plus encore. Son œuvre, via les personnages principaux, respire la noblesse des sentiments et le courage. Alix est un archétype du héros au grand cœur, qui respecte son adversaire jusqu'au bout, particulièrement quand celui-ci est vaincu. Il y a derrière ce personnage une vision presque christique du héros : celui qui se bat pour la justice, la vérité, quitte à aller jusqu'au sacrifice personnel, si cela est nécessaire. Alors comme Alix est le héros, il ne meurt pas, mais il y est prêt, c'est indéniable.

Dans cet album, ce qui m'a particulièrement intéressée, c'est l'alliance de l'histoire et du mythe de Babel, cette tour mentionnée dans l'Ancien Testament, construite par les hommes et visitée par Dieu. Celui-ci, voyant que l'objectif des hommes était tout simplement de bâtir une tour plus haute que toutes les autres, afin de gagner le ciel sans Dieu, a simplement « mélangé » les langues de manière à ce que les hommes ne puissent plus se comprendre entre eux et que le projet soit stoppé. Cette tour de Babel a donné son nom à l'extraordinaire ville de Babylone et au royaume dont elle était la capitale. Dans la Bible, Babylone sera, plus tard, le lieu de déportation des Juifs, événement traumatisant qui permet à ce peuple, par la suite, de réfléchir à son histoire et de s'ancrer, enfin, en Dieu...

Pour ce qui est de l'histoire, eh bien... je vous laisserai la découvrir, pour ceux qui ne la connaissent pas encore !


Paru aux éditions Casterman, 1981. ISBN : 978-2-203-31216-6.


lundi 25 août 2025

Conclave, de Robert Harris


Mon fils m'a offert pour mon anniversaire le Blu-ray du film « Conclave », cette année. Et bien entendu, juste après l'avoir vu en famille, je suis tombée sur le roman qui a inspiré le film. Ni une, ni deux, j'ai lu le roman et... il m'a beaucoup plu !

Le timing est parfait ! Le printemps 2025 a en effet vu la mort, le lundi de Pâques 21 avril, du Pape François. Nous avons donc vécu « en direct » un conclave en vue de l'élection du nouveau pape de l’Église catholique, élu le 8 mai sous le nom de Léon XIV. C'est dans ce contexte que j'ai vu le film (fin mai) et lu le roman (début juin).

Si on peut faire quelques reproches au film (notamment l'escamotage quasiment systématique des temps de prière), ceux-ci sont bien présents dans le roman. En général, je préfère les livres aux films qui en sont tirés, parce que justement l'écrit permet d'aller plus loin dans les descriptions, les introspections, le contexte... que ne le permet le film. Et là, il faut bien avouer que j'ai beaucoup, beaucoup apprécié les deux, pour des raisons totalement différentes d'ailleurs.

Le roman, donc, relate le conclave qui a lieu à la suite de la mort du pape, dont le nom n'est d'ailleurs jamais évoqué dans le roman. Cet artifice permet de ne pas situer le récit historiquement. La seule chose que l'on sait, c'est que le pape qui vient de mourir vient après Jean-Paul II et Benoît XVI. S'agit-il de François ? Ou d'un de ses successeurs ? Le récit ne le dit bien sûr pas, et ce fait empêche donc de dater l'action du roman. Celle-ci peut avoir lieu en 2025 ou après...

L'histoire est connue, le film étant particulièrement fidèle au roman. Le pape en exercice vient de mourir, et le doyen du collège cardinalice (c'est-à-dire du groupe des cardinaux dont ceux qui sont âgés de moins de 80 ans éliront le prochain pape lors du conclave) est chargé de l'organisation dudit conclave. Cette responsabilité, le cardinal Lomeli n'en voulait pas et a tenté de démissionner de son poste. Mais le défunt pape avait refusé sa démission, sans donner au doyen les clés pour comprendre pourquoi il tenait à ce que ce soit lui qui se charge de cette mission. Lomeli va donc devoir mener à bien sa tâche, en tenant compte des événements imprévus qui s'invitent dans le cadre fermé du Vatican, après la clôture des portes. Les cardinaux, réunis au Vatican, sont en effet isolés de l'extérieur, afin de ne pas être influencés par les informations qui circulent, en particulier dans les médias. Mais ce conclave-ci est mouvementé : les cardinaux « papabili » étant tour à tour éliminés et les jeux de pouvoir et d'influence sans cesse renouvelés. Les cartes sont donc en permanence rebattues, jusqu'au dernier tour de l'élection, et il faut toute la sagacité de Lomeli pour déjouer les pièges que ce conclave comporte... Un pape est néanmoins élu... Qui est-il ? Ne comptez pas sur moi pour vous révéler son nom, si vous n'avez pas encore vu le film ou lu le roman !

C'est bien écrit (et bien traduit !) et très prenant, comme un véritable roman policier, genre que j'affectionne particulièrement d'ailleurs !

Paru aux éditions Pocket, 2018. ISBN : 978-2-266-24860-7.


vendredi 22 août 2025

Rejoins-moi à Marylebone, de Mathieu Vervisch



Mathieu Vervisch est un de mes cousins, et j'ai déjà eu l'occasion de chroniquer ici une des bandes dessinées de son frère, Frédéric Vervisch. Je n'ai pas eu l'occasion de lire les autres romans de Mathieu, faute de temps, malheureusement.

Mathieu m'a gentiment envoyé le PDF de son roman, afin que je puisse l'évaluer, et je me suis donc empressée de le lire. En fait, je n'ai pas eu du tout à m'empresser de lire quoi que ce soit. Il se trouve que ce roman est bien écrit, avec une intrigue prenante, joyeuse et riche de personnages hauts en couleur et très attachants. Du coup, j'ai carrément eu le problème inverse : c'est arrêter ma lecture qui s'est avéré impossible... Je vais commencer par une petite critique, comme ça c'est fait et on n'en parle plus : je mettrais un tout petit bémol à ce roman, du point de vue formel : ce livre aurait gagné à bénéficier d'une relecture plus attentive (même si je sais à quel point il est difficile, quand on a écrit un roman, de voir les erreurs qui pourtant sautent aux yeux du lecteur qui découvre le texte) : on y relève plusieurs erreurs d'orthographe et quelques phrases qui ont visiblement été retravaillées, où il manque un mot ou, au contraire, il y en a un de trop... Un peu dommage quand on voit la qualité du récit par ailleurs. Voilà, c'est le seul petit truc qui m'a gênée.

Donc, ce roman ? Laure Chaplain est une jeune femme de 31 ans, passionnée de littérature, mais timide et dotée d'un caractère assez volcanique, ce qui, contrairement aux apparences, n'est pas du tout antinomique, mais simplement le reflet de l'effet « cocotte-minute ». Mais bon, peu importe. Toujours est-il que, dès les premières pages, Laure se trouve rapidement dans la panade, avec la perte de son travail, puis de son logement, de son amie et, enfin, des difficultés financières et une mère quelque peu « compliquée »... Un peu perdue et surtout en manque d'argent, Laure rend visite à sa grand-mère et tombe par hasard sur une lettre datant de 1992, d'un certain Edward, donnant un rendez-vous à Isabelle Chaplain, la maman de Laure, à Marylebone, devant une librairie. Laure n'a jamais connu son père et il ne lui faut pas longtemps pour faire le calcul : cet Edward pourrait être son géniteur. Ni une, ni deux, elle prend l'Eurostar et se retrouve à Londres, devant la librairie en question, bien décidée à retrouver l'auteur de la lettre. Bien sûr, l'enquête va s'avérer assez complexe à mener à bien, mais la jeune femme rencontre de nombreuses personnes qui vont l'aider dans sa quête, autant qu'elle-même les aidera à résoudre leurs problèmes : il se trouve que la librairie est menacée, et ça, c'est inacceptable, pour Laure comme pour Annie, la propriétaire.

Outre les personnages hauts en couleurs, attachants et très bien campés, j'ai bien aimé le jeu des apparences qui, ici, s'avèrent particulièrement trompeuses. Jusqu'à la fin, même si certains ressorts sont assez rapidement repérables, jusqu'à la fin, donc, de nombreuses surprises attendent le lecteur dans cette quête plutôt improbable. Entre l'énigme policière et la quête de justice, ce livre est aussi une jolie comédie romantique très agréable à lire. Alors si vous avez envie de passer un bon moment, n'hésitez pas : Marylebone vous attend les bras ouverts !


Auto-édition, 2025. ISBN : 9798296497154

mercredi 20 août 2025

Les mondes de Thorgal : Louve, tome 2 : La main coupée du Dieu Tyr, de Roman Surzhenko et Yann


Louve, fille de Thorgal, se retrouve coincée dans un monde étrange, avec d'autres hommes et femmes qui, comme elle, ont vu leur agressivité, leur sauvagerie, leur être retirée par la magie d'Azzalepstön. Au moment où l'histoire commence, le lecteur retrouve la part « sauvage » de la petite fille en pleine lutte dans un autre monde, où elle a été envoyée pour remplir une mission bien précise. Mais cela, la part « calme » de Louve l'ignore encore. Seulement, la petite fille sait qu'elle ne peut pas rester indéfiniment dans le joli monde où Azzalepstön la garde prisonnière : elle est bien trop rebelle pour cela et elle se rend compte que, peu à peu, sa combativité la fuit et qu'elle perd de plus en plus sa vitalité... Elle décide donc de quitter ce « monde » et est aidée dans son entreprise par Vigrid, l'un des dieux d'Asgard, qui ne peut que la rendre attentive au fait que, pour retrouver la part d'elle-même qui lui a été enlevée, elle va devoir mener à bien la mission confiée à sa double « sauvage », sous peine de rester à jamais l'enfant qu'elle est...

Ce deuxième tome est tout aussi bien que le premier de la série, et confirme le talent des auteurs. Tous les codes de la série « Thorgal » sont présents, et de nombreux ponts sont faits avec les autres albums. On n'est donc pas perdu à la lecture de cette nouvelle série (même si elle n'a plus rien de nouveau après 13 ans ! Mais il n'y a que moi pour découvrir aussi tardivement ces albums, on ne se refait pas!), et j'avoue que j'y prends beaucoup de plaisir !


Paru aux éditions Le Lombard, 2012. ISBN : 978-2-8036-3103-2.