samedi 8 novembre 2025

Les Mondes de Thorgal : La jeunesse, tome 3 : Runa, de Roman Surzhenko et Yann


Nous retrouvons Thorgal, désormais jeune homme, en train de s'entraîner au maniement des armes. Au village viking, l'année a été bonne et clémente, et les récoltes abondantes. Les Vikings préparent la fête du Sumarblöt, le sacrifice d'été, pour remercier les dieux de leur clémence. Aaricia, la jeune fille du chef Gandalf-le-Fou, est amoureuse de Thorgal et vient le voir pour lui montrer la nouvelle robe brodée que son père a ramenée lors de sa dernière expédition. Thorgal lui fait brusquement prendre conscience de sa naïveté et que les intentions de son père ne sont peut-être pas aussi pures que ce que croit la jeune fille...

Les faits donnent raison à Thorgal : Aaricia découvre assez vite les projets de son père. La fête va commencer et les seigneurs du coin ont tous été invités. L'enjeu, c'est de trouver un mari à Aaricia, mari qui, bien sûr, devra donner à son père des biens, des terres, des cadeaux prestigieux qui feront de lui un roi encore plus puissant. Aaricia découvre qu'elle est une marchandise, simplement...

Sauf que les choses vont se passer un peu différemment du plan de Gandalf-le-Fou, par l'intervention d'une certaine Runa, Vierge-guerrière qui va donner bien des soucis au roi des Vikings du Nord...

Les deux héros de cette histoire, Thorgal et Aaricia, ont grandi et sont maintenant des jeunes gens amoureux, mais soumis aux règles de leur état : fille de roi, pour Aaricia, et bâtard sans biens ni fortune, sans famille, pour Thorgal. Tout s'oppose à leur union et il est clair qu'ils vont devoir se battre pour gagner le droit de s'aimer et de vivre ensemble. Ici encore, le scénariste a fait appel aux légendes et aux traditions scandinaves pour construire son intrigue. C'est vraiment intéressant et instructif, parce que, peu à peu, on pénètre ainsi plus avant dans la « mentalité » de ce peuple malgré tout plutôt méconnu et sujet de beaucoup de fantasmes.

Il existe sur Youtube des chaînes pour tout, et depuis quelques années, j'en suis une particulièrement, où le vidéaste est plutôt fan de cette civilisation viking. Il a même écrit plusieurs ouvrages, sous forme de bande dessinée d'ailleurs, pour rétablir certaines vérités et séparer les mythes de la réalité. Par ailleurs, Arte a sorti il y a quelques années aussi une série de vidéos sous forme de série d'animation sur les mythes et légendes vikings, qui permettent de mieux connaître cette mythologie très riche. Les différents supports à notre disposition permettent donc d'élargir les horizons et d'approfondir, pour ceux qui le souhaitent, les connaissances dans ces domaines. Et pour qui s'intéresse à l'histoire et à la mythologie, c'est passionnant ! Le même type de série existe d'ailleurs pour la mythologie grecque.


Paru aux éditions Le Lombard, . ISBN : 978-2-.


vendredi 7 novembre 2025

Les Mondes de Thorgal : La jeunesse, tome 2 : L'oeil d'Odin, de Roman Surzhenko et Yann


Nous retrouvons le jeune Thorgal dans les neiges du Nordland. Il recherche l'Enclume de Thor, afin de trouver un antidote pour libérer les trois sœurs Minkelsönn de la malédiction de Frigg. Mais, perdu dans la neige, il ne sait plus où il doit aller. Il croise alors un cygne qu'il tue pour pouvoir manger... Sauf que ce cygne est en réalité une Walkyrie. Cette Walkyrie donne à Thorgal une autre solution : inciter Frigg à lever elle-même la malédiction, en lui donnant une « piste » sur ce qui pourrait la convaincre : « l’œil ». L’œil de quoi ? De qui ?

La suite va mettre Thorgal sur la voie et le jeune homme remplit tout à fait la mission... et au passage, il prend une bonne leçon : celle de l'humilité.

Une bande dessinée qui, comme la précédente, nous ramène aux légendes scandinaves. Et je suis, pour ma part, séduite par cette orientation : les auteurs parviennent à intégrer les légendes traditionnelles à l'histoire d'un garçon issu d'un « peuple des étoiles » qui s'avère, dans d'autres albums, être le peuple Atlante... On passe du fantastique au légendaire, et les auteurs ont eu la bonne idée de ne pas trop mélanger les genres, tout en ayant une toile de fond utilisant de multiples références. Ici, on retrouve la légende de l’œil d'Odin et de la fontaine de Mimir. La légende raconte qu'Odin voulait avoir un regard sur les neuf mondes, mais ne pouvait voir aussi loin. Il a donc sacrifié un de ses yeux à Mimir, afin d'obtenir ce don. C'est cet œil que Thorgal va devoir récupérer pour faire plaisir à Frigg, qui a du mal à regarder le visage borgne de son mari... C'est bien trouvé, c'est bien mené, et j'aime le fait de se servir de la mythologie pour construire une histoire dans un autre genre. Il ne s'agit pas, ici, de raconter les mythes scandinaves, mais de les utiliser pour créer de nouvelles histoires...


Paru aux éditions Le Lombard, 2014. ISBN : 978-2-8036-3206-0

jeudi 6 novembre 2025

Les Mondes de Thorgal : La jeunesse, tome 1 : Les trois sœurs Minkelsönn, de Roman Surzhenko et Yann


Cette série, comme « Louve » (voir les chroniques des deux premiers albums ici et ), fait partie des trois séries issues de l'univers de Thorgal, avec celle qui est consacrée à Kriss de Valnor. Comme son titre l'indique, il est ici question de la jeunesse de Thorgal, esquissée dans l'album « L'Enfant des Etoiles », sous forme de trois courts récits. Ici, on est au début d'un cycle d'aventures, qui reprend l'histoire là où « L'Enfant des Etoiles », et surtout « Aaricia » l'avaient laissée.

Thorgal, scalde du village des Vikings du Nord, est mis à part. Le chef, Gandalf-le-Fou, est parti en mer avec les hommes pour une campagne de pillages, afin de procurer aux Vikings de la nourriture. En effet, l'hiver se prolonge anormalement, et les réserves de nourriture sont à sec. Les habitants qui restent (les femmes, les vieillards et les enfants) doivent se serre la ceinture. Mais Thorgal, lui a été exclu des partages des dernières réserves par Björn, le fils de Gandalf et frère d'Aaricia, par pure haine de ce dernier. Aaricia, qui en tant que fille du chef, bénéficie d'une ration plus importante, partage sa nourriture avec Thorgal.

Un soir, les deux jeunes gens voient arriver dans la baie trois baleines, attirées par le chant de Thorgal. Ces trois baleines sont une bénédiction pour le village, une promesse d'une nourriture de bonne qualité, et surtout abondante, qui mettra tous les habitants du village à l'abri de la famine pendant des mois. Sauf que Thorgal perçoit chez l'une d'elles quelque chose d'étrange : elle lui « parle » dans sa tête et lui raconte leur histoire. Elle et ses deux compagnes n'ont pas toujours été des baleines : elles étaient des femmes, transformées en baleines par la jalousie de la déesse Frigg.

Thorgal promet à Servane, l'une des sœurs, de les aider à reprendre forme humaine.

Voici le début de cette nouvelle histoire, qui conduit le jeune homme à prendre des risques inconsidérés, au cœur de l'hiver scandinave. Il est bien sûr la proie de personnes sans scrupules, tout aussi affamées et gelées que lui !

J'aime bien cette nouvelle aventure, où on retrouve les fondamentaux de la série-mère. Cette mini-série vient combler un trou dans l'histoire du héros, et permet de mieux appréhender le couple Thorgal-Aaricia. Elle donne aussi à Aaricia une place légèrement différente de celle qu'elle a au début de la série-mère, par les propos que la déesse Frigg tient à son sujet. Mais chut ! Je ne vais rien dévoiler ici : j'en ai déjà trop dit !


Paru aux éditions Le Lombard, 2013. ISBN : 978-2-8036-3130-8


mercredi 5 novembre 2025

Sherlock Holmes contre Arsène Lupin, tome 1 : La Quête d'éternité, de Roger Vidal et Denis-Pierre Filippi

 


Cette nouvelle série commence avec Sherlock Holmes, retiré dans son cottage, approché par Mycroft, son frère, qui lui demande son aide pour protéger une cargaison qui doit aller en train de Douvres à Londres le lendemain. Moriarty est mort, mais quelqu'un qui se réclame de lui a décidé de s'en prendre à cette cargaison.

Dans la nuit suivante, à Paris, un cambriolage est commis à la bibliothèque de l'Arsenal. Arsène Lupin est dans le coup, et il est aidé en cela par une jeune femme, qui ne va pas tarder à le trahir.

Les deux hommes se retrouvent alliés de circonstance, ayant tous les deux intérêt à mettre fin aux agissements de la jeune femme et de sa complice.

J'ai découvert cette nouvelle série totalement par hasard, en allant à la librairie, lieu que j'évite en ce moment parce que j'ai bien trop de lectures en retard. Mais comme on ne se refait pas... Je suis très contente, parfois d'avoir transigé avec mes principes ! Et cette fois-ci, j'ai eu raison. Une bonne bande dessinée, bien rythmée, avec un beau dessin, ce qui est tout aussi important que le scénario dans un ouvrage de ce type ! L'histoire est bien menée, donc et je ne sais pas trop si elle est fidèle aux romans qui ont servi de base à cette histoire, mais dans ce cas, je m'en fiche un peu : c'est comme pour une adaptation au cinéma : le respect de l'oeuvre originale est certes important, mais il ne doit pas devenir un principe intangible au point d'avoir peur de prendre des libertés avec l'oeuvre de départ. Dans une adaptation, un auteur rencontre un autre auteur. Et lui rend hommage à sa manière, avec son propre regard, sa vision personnelle de l'oeuvre initiale. Et pour le coup, ces adaptations donnent, finalement, de nouvelles œuvres originales qui, elles aussi, ont leur intérêt et leurs qualités propres... Bref, j'ai hâte de lire la suite, si suite il y a. Mais vu qu'il y a noté « 1 », ça suppose au moins un « 2 »...

Paru aux éditions Le Lombard, 2025. ISBN : 978-2-8082-1253-3

lundi 3 novembre 2025

Puissance de la gratitude : vers la vraie joie, de Pascal Ide


Ce livre m'a été offert par une amie, à l'occasion de mes 50 ans. Un livre plutôt face à lire pour qui est un tant soit peu familier de la foi catholique, mais qui s'appuie beaucoup sur des études scientifiques et statistiques afin d'étayer et de justifier le propos. Ce que dit Pascal Ide sur la gratitude ne vient donc pas du cerveau illuminé d'un prêtre issu d'une communauté de « dévisseurs d'ampoules », comme sont parfois qualifiés les membres des communautés du Renouveau Charismatique et des groupes de prière. L'auteur appartient en effet à la communauté de l'Emmanuel et sa biographie fait état d'un triple doctorat en médecine, philosophie et théologie. Il s'agit donc d'un chercheur, a priori sérieux. On est donc loin de l'illuminé, et il semble être de ceux qui savent allier foi et raison et qui se servent de leur raison pour étayer leur foi. Ce qui est, somme toute, le minimum syndical quand on écrit sur ces sujets, me semble-t-il.

Ce livre de 245 pages (hors notes et bibliographie), est construit en trois parties, dont les deux premières ont pour objet de définir la gratitude : positivement dans la première, et négativement dans la seconde, par rapport en particulier aux joies illusoires que nous apporte notre monde et notre société d’hyper-consommation. Où l'on voit en quoi vivre la gratitude au quotidien est bénéfique pour soi... et pour les autres.

La troisième partie, la plus conséquente, aborde la « voie de la gratitude » avec des moyens plus ou moins concrets pour parvenir à cette joie promise dans les six premiers chapitres.

En trois étapes – Reconnaître, Ressentir et Agir – l'auteur donne des pistes pour vivre dans la gratitude tout au long de la vie. Il ne s'agit pas d'un nouvel avatar de la Méthode Coué, mais d'un cheminement pour « reconnaître » et comprendre ce qu'est la gratitude, en plusieurs étapes : Partant de l'émotion du plaisir, il s'agit de reconnaître l'objet de ce plaisir, puis le don de cet objet, puis le donateur de ce don, et enfin l'amour qui a conduit le donateur à faire ce don.

La deuxième étape, très pratique, invite à « goûter la joie du don », puis à décrire en détail ce don. On s'interroge ensuite sur la possibilité d' « éprouver de la gratitude dans l'épreuve » et de « louer Dieu dans la nuit de la foi ».

Enfin, la troisième étape invite à passer du remerciement à la louange, puis au don, avant d'observer la « puissance transformante de la gratitude ».

Chaque chapitre est illustré d'une vidéo, la plupart du temps un extrait de film. Je n'ai pas encore eu le temps de visionner tous ces extraits, mais je trouve le concept multimédia intéressant.

C'est un livre qui m'a fait du bien, parce qu'il m'a permis de comprendre un peu mieux combien l'amour de Dieu pour moi est grand, et combien je le considère le plus souvent comme acquis, au point de, parfois, ne plus m'émerveiller devant cette gratuité de l'amour du Père. Pourtant, Dieu me donne tout, chaque jour, sans aucun mérite de ma part. Et je m'autoriserais à faire la fine bouche ou à ne plus m'en réjouir, comme une petite fille pourrie gâtée ? Dieu m'aime infiniment, c'est une certitude.

Béni et loué soit Dieu !


Paru aux éditions Emmanuel, 2017. - ISBN : 978-2-35389-6454-7.

 

mercredi 29 octobre 2025

Thorgal, tome 41 : Mille yeux, de Frédéric Vignaux et Yann


Thorgal, Jolan et Boréale, la dernière représentante du peuple des étoiles, rentrent des Mers gelées, où Thorgal est parvenu à détruire le vaisseau Atlantia. Sur la route du retour, en mer, ils sont surpris par une tempête et obligés de se réfugier sur un îlot rocheux, leur barque ayant été prise dans les récifs. Les trois rescapés arrivent sains et saufs sur l'îlot, mais il n'y a rien à manger et à boire, aussi Thorgal décide-t-il de partir à la nage vers le rivage pour y trouver une embarcation afin de ramener sains et sauf son fils et la jeune fille dont il est tombé amoureux.

En arrivant, Thorgal tombe sur une famille entière pendue à un arbre, et apprend rapidement qu'ils ont subi là le sort réservé aux braconniers : le seigneur du coin semble être du modèle sanguinaire... C'est pourtant à lui que Thorgal va devoir s'adresser afin de venir en aide aux deux jeunes gens. Le seigneur local lui promet son aide, mais il attend de Thorgal qu'il lui ramène un échantillon d'une roche particulière qui se trouve au fond d'une grotte. Thorgal accepte le marché, même s'il découvre assez rapidement qu'il ne peut avoir confiance en personne sur cette île.

Cet album est finalement le troisième d'un cycle qui met en scène les Atlantes, même si, dans celui-ci, on repart allègrement dans les légendes locales. Le procédé narratif a aussi quelque peu changé depuis deux ou trois épisodes, avec des flash-back réguliers qui donnent un autre rythme au récit, même s'ils en compliquent aussi parfois la compréhension. La fin de l'album laisse à penser que l'on n'en a pas tout à fait fini avec Aniel et sa mère...


Paru aux éditions Le Lombard, 2023.ISBN : 978-2-8082-1085-0

mardi 28 octobre 2025

Thorgal, tome 40 : Tupilaks, de Frédéric Vignaux et Yann


Deuxième partie de cette aventure (en deux tomes, finalement, semble-t-il), nous retrouvons Thorgal dans la salle de commandement d'Atlantia, le vaisseau Atlante qui a conduit ses parents, Varth et Haynée sur terre. Avec ce diptyque, se concluent plusieurs arcs narratifs : celui de « La Magicienne trahie » et de « L'Île des mers gelées » d'une part, celui du « Royaume sous lesable » d'autre part.

Neokòra, l'intelligence artificielle d'Atlantia, a été réactivée par Thorgal, et cette réactivation est à l'origine d'une réaction en chaîne qui va conduire à l'anéantissement total du vaisseau. Face à ce danger dont il ignore au départ absolument tout, Thorgal se retrouve obligé de s'allier avec les Slugs, le peuple que Slive et ses dominants avaient réduits en esclavage des années plus tôt. Les Slugs, menacés de famine et d'extinction par les Skraëlings, un autre peuple de la région affamé et à la recherche de nourriture, quitte à recourir au cannibalisme pour cela, ont à leur tête un Shaman qui maîtrise le contrôle des Tupilaks, des « créatures » inanimées, faites d'os et de peaux de bêtes, mais capables de tuer les humains qu'elles rencontrent.

Aidés de Slive, Thorgal et Jolan vont pouvoir prêter main forte aux Slugs, en espérant que les uns et les autres survivront à ce qui va venir.

Un épisode qui fait penser à une fin de cycle ou de règne, et qui, subtilement, démontre à la fois le pouvoir des intelligences artificielles, leur dangerosité, leur inaptitude aux sentiments humains et à la compassion, mais aussi, en creux, qui montre l'importance du bon sens humain. Un espoir peut naître...


Paru aux éditions Le Lombard, 2022. ISBN : 978-2-8082-0347-0


samedi 25 octobre 2025

Thorgal, tome 39 : Neokòra, de Frédéric Vignaux et Yann

Thorgal est sur le chemin de retour, une fois de plus. Il rentre des îles Féroé, avec Jolan et après avoir retrouvé Louve. Ils emmènent aussi avec eux Gilli et Ava, les enfants de Grimur, désormais orphelins. Mais durant leur voyage de retour, ils sont attaqués par un monstre mystérieux, fait d'ossements, et découvrent à bord du bateau d'où est sorti ce monstre, un homme qui connaît Thorgal depuis bien des années, seul rescapé de l'équipage du bateau.

Ils finissent par regagner le village, mais c'est pour découvrir que tous les habitants semblent sous l'emprise d'une drogue ou d'un charme, et se retrouvent obligés de travailler à une mine pour en extraire des pierres de construction. En suivant le chargement, ils découvrent que l'auteur de ce charme n'est autre qu'Aniel, aidé par Kriss de Valnor, sa mère, qui a échappé à la mort.

Celle-ci est toujours à la recherche d'armes lui permettant de prendre le pouvoir à grande échelle pour y bâtir son empire... et se sert des villageois dans ce dessein. Arison, l'homme que Thorgal a sauvé dans le bateau, a apporté avec lui une arme Atlante, semblable à celle qu'avait Ogotaï et que Kriss avait volée lors de son voyage avec Thorgal et Aaricia au Pays Qâ. Et il promet à Kriss de lui montrer où en trouver d'autres identiques.

Retour au deuxième album de la série, où on découvrait Slive et ses dominants, à bord du vaisseau qui les avait amenés sur Terre... Et dont Thorgal est le seul à pouvoir ouvrir les portes.

Avec cet album, j'ai l'impression que nous entrons dans un nouveau cycle d'aventures, qui reprend l'arc narratif abandonné après « Le Royaume sous le sable ». Le « peuple des étoiles » reprend du service, et pour l'instant, c'est plutôt convainquant. Un premier épisode de ce nouveau cycle qui met un peu de temps à se mettre en place, mais qui permet de bien poser le nouveau décor.


Paru aux éditions Le Lombard, 2021. ISBN : 978-2-8036-8031-3


vendredi 24 octobre 2025

Thorgal, tome 38 : La Selkie, de Frédéric Vignaux et Yann


Au village viking, c'est l'inquiétude : Louve a disparu. Elle est emprisonnée dans une cage, et peu à peu, Thorgal et Jolan, qui sont partis à sa recherche, apprennent qu'elle a été enlevée par un homme venant des îles Féroé. Les deux hommes (parce que Jolan est maintenant un homme) prennent le bateau, aidés par un marchand qui vient de là-bas, pour aller la chercher.

Tout ne va bien sûr pas se passer si facilement, sinon, il n'y aurait pas toute un album pour raconter cette histoire. Louve a été enlevée par Grimur, le chef du village de Mikladalur, sur l’île Kalsoy. Cet homme est cruel, il a plusieurs enfants, dont deux garçons issus d'un premier mariage. Le plus jeune, Gilli, cherche à aider Louve à s'échapper. Mais Grimur vit maintenant avec une femme, surnommée « La Selkie », en référence à une femme-phoque légendaire qui prend une apparence de femme, mais qui ne peut retourner à l'eau que si elle peut remettre sa peau de phoque la retransformant en phoque. C'est de cette femme qu'est née la petite Ava, demie-sœur de Gilli.

L'une des coutumes de pêche de cette île fait directement référence à la légende de la Selkie, et Thorgal et Jolan arrivent précisément au moment du Grindadrap, le massacre de tous les phoques autour de l'île. Le but de cette opération est de tuer la Selkie à l'origine d'une malédiction qui fait mourir les habitants de l'île...


J'ai bien aimé cette histoire, en ce qu'elle permet de découvrir des légendes scandinaves. Mais l'album recèle des scènes d'une grande violence, comme d'autres d'ailleurs, ce qui en fait une bande dessinée plutôt noire. Et à ne pas mettre entre toutes les mains... comme tout le reste de la série, d'ailleurs.


Paru aux éditions Le Lombard, 2020. ISBN : 978-2-8036-7718-4


jeudi 23 octobre 2025

Thorgal, tome 37 : L'Ermite de Skellingar, de Frédéric Vignaux et Yann


Au village viking, Louve est rentrée de ses aventures (c'est la série parallèle « Louve » dont j'ai chroniqué les deux premiers épisodes ici et là), et discute avec Yasmina, petite guenon qui, visiblement, n'en est pas une (mais je ne sais pas trop comment elle est devenue guenon, c'est dans la suite des aventures de Louve que je le lirai). Un bateau arrive au port, pour des réparations. Louve, qui attend sur le port le retour de Thorgal et de Jolan parus à la pêche, discute avec un enfant qui vient de descendre de ce bateau, où tout le monde porte un habit bleu et un pendentif en forme d'oiseau. Le jeune garçon explique à Louve qu'il attend d'être assez grand pour passer l'épreuve au rocher de Skellingar, mais Louve ne le prend pas au sérieux. Thorgal et Jolan rentrent de la pêche et accostent juste à côté du bateau qui fait escale pour réparations. Une jeune fille est toujours à bord : elle est vêtue d'un long manteau bleu et observe Thorgal de loin. Ce dernier n'y fait pas attention, mais il est rude avec Jolan, comme s'il était en colère ou énervé. On comprend ensuite pourquoi : il fait continuellement un cauchemar, où il doit se battre contre Shaïgan-sans-merci, c'est-à-dire contre lui-même.Et visiblement, ce cauchemar le met à cran. Mais au cours de cette même nuit, il est réveillé par le cri perçant de la petite guenon, juste avant qu'une ombre ne vienne poignarder. Yasmina intervient et, son coup raté, l'ombre s'enfuit dans la nuit, poursuivie immédiatement par Thorgal et Jolan, bien décidés à ne pas laisser cette personne recommencer plus tard.

L'ombre court vite, et Thorgal n'a d'autre choix que de l'empêcher de continuer en la blessant à l'aide d'une flèche. Mais la jeune fille tombe alors de la falaise où elle se trouvait et Jolan ne peut rien faire : les dégâts sont trop importants. Elle va mourir très vite. Thorgal a le temps d'écouter ce qu'elle a à dire : elle voulait le tuer car Shaïgan-sans-merci a tué sous ses yeux toute sa famille.

En l'écoutant, Thorgal comprend aussi que les membres du groupe religieux dont elle fait partie sont persécutés par le Jarl Ivarr-le-Glacé et, pour réparation, elle demande le prix du sang : la vie d'Ivarr contre la sienne. Thorgal promet, et prend la mer pour tenir sa promesse.

C'est ainsi que commence cet album, plus « classique » que les précédents en ce qu'il se résout en une histoire. Mais il sert aussi de transition. Au cours de cette histoire, Thorgal mène une quête, une quête intérieure pour combattre l'ennemi intérieur qui l'habite depuis qu'il a retrouvé la mémoire. Il souffre en effet de la culpabilité énorme que lui impose la mémoire des actes de Shaïgan-sans-merci et semble « bloqué » et tiraillé par ses actes passés.

Encore une histoire où il est question de foi, et d'une foi aliénante cette fois-ci. Les adeptes d'Yngvi, l'ermite qui se trouve sur le rocher de Skellingar où a lieu la fameuse épreuve dont parlait l'enfant à Louve au début de l'histoire, sont en effet totalement tournés vers leur « dieu » et en arrivent à négliger leurs tâches quotidiennes, comme les cultures, la pêche, le soin de leurs bêtes... C'est la raison des persécutions du Jarl. Comme toujours, et c'est cet aspect-là que j'apprécie particulièrement dans cet album, tout n'est pas blanc ou noir. Les motivations des uns et des autres s'entendent et se respectent, mais les solutions trouvées par les deux clans sont toutes les deux extrêmes. La présence de Thorgal permet d'envisager une troisième voie, plus respectueuse et pacifique. La figure « christique » du héros se précise, sauf que Thorgal doit passer lui-même par la case « rédemption », ce qui n'est bien sûr pas le cas de Jésus...

Un bon cru, cet album. Visiblement, le changement tant de dessinateur que de scénariste peut apporter un nouveau souffle à la saga. D'autant plus que Vignaux respecte tout à fait le style de Rosinski : on sent que le passage du père de la BD à son successeur s'est fait dans le respect de l'idée de départ. À voir si cela se confirme dans la suite de la saga.

Un dernier mot sur la couverture : Visiblement, c'est Grzegorz Rosinski qui s'en charge toujours. Peut-être pour préserver l'unité graphique ?


Paru aux éditions Le Lombard, 2019. ISBN : 978-2-8036-7372-8


mercredi 22 octobre 2025

Thorgal, tome 36 : Aniel, de Grzegorz Rosinski et Yann


Nous retrouvons toute la bande sur le bateau, mais en mer, et non dans les airs. Sans doute ne peut-il pas voler... Ce qui aurait été plus rapide, mais nous aurait privés d'une nouvelle aventure. Alors qu'ils sont en mer et presque morts de faim, la santé d'Aniel se dégrade encore, mais Lehla à ce moment-là, voit enfin une terre et ils accostent dans le royaume de Zhar, où Thorgal et sa famille s'étaient déjà retrouvés (voir « Le Mal bleu »). Le concours des Myrm va leur être précieux, mais Thorgal va découvrir que la situation a beaucoup changé depuis son dernier passage. EN effet, une tribu de femmes, les Yenhaas, a pris le pouvoir dans la région et il faudra l'inventivité et le courage de Thorgal et de Petrov pour en venir à bout. Cette situation permet à Thorgal de trouver une solution pour sauver Aniel, toujours malade Le temps presse, et le savant Armenos va pouvoir apporter son aide...

Un épisode de « retour » : retour de Thorgal et Aniel au village, retour de Jolan... mais sans qu'on ne sache rien de ses aventures dans l'Entremonde depuis « Le Bateau-Sabre ». C'est un peu frustrant, mais sans doute l'explication viendra-t-elle dans l'un des épisodes suivants ?


Paru aux éditions Le Lombard, 2018. ISBN : 978-2-8036-7217-2


mardi 21 octobre 2025

Thorgal, tome 35 : Le Feu écarlate, de Grzegorz Rosinski et Xavier Dorison


Thorgal et Petrov, son compagnon, ont été faits prisonniers par les magiciens rouges et leurs adeptes. Ces derniers ont maintenant pris le pouvoir à Bag-Dadh, après la défaite du Calife. Mais celui-ci n'a pas dit son dernier mot, puisqu'il a fait appel à l'empereur d'orient Magnus et à ses croisés. Pris dans cet étau, Thorgal et ses amis essaient tant bien que mal de sauver leurs vies, et il se trouve qu'il ne leur reste qu'une solution pour cela : fuir. Heureusement, les « croisés », nommé aussi les « infidèles » par les habitants de Bag-Dadh, se sont aussi alliés au Chaams qui sont venus en renfort avec leurs bateaux volants... C'est bien pratique(!) Salouma a un plan pour leur permettre de fuir, mais Thorgal va découvrir au cours du temps qu'elle n'est pas tout à fait aussi honnête qu'elle en a l'air !

C'est marrant... le fait d'étudier la théologie me permet, depuis quelques épisodes, de faire des rapprochements avec la vraie vie. L'empereur Magnus, comme je l'avais noté dans la chronique précédente, c'est l'empereur romain d'orient. Les croisés, ce sont... les croisés, des soldats – et des croyants ayant pris les armes pour aller délivrer la ville de Jérusalem des musulmans. Et Aniel joue le rôle de l'incarnation dévoyée du prophète Muhammad, ou Mahomet, le « fondateur » de l'Islam, qui, comme le mage rouge de cette histoire, a reçu des mains d'un dieu – ou d'un ange ? - le « livre », le Coran. Le parallèle ici est évident. Ce cycle est en fait une charge contre les religions monothéistes, toutes trois mélangées, puisque le dieu de Magnus n'est pas le Père des Chrétiens, bon et miséricordieux, mais Yavhus, avatar du Yahvé des juifs... Un beau mélange, quoi, pour envoyer un message percutant : les religions sont mauvaises, car elles entraînent les hommes à la violence, à l'intolérance, et Thorgal, lui, est là pour montrer la voie de l'humanisme pacifique. C'est « beau », mais... faux. Mais là n'est pas le problème. Autre point : l'intervention des Chaams (qu'on ne voit d'ailleurs pas, mais qui sont présents grâce aux bateaux volants) tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Dorison semble avoir pris la série en entier et avoir pioché dans celle-ci de quoi permettre au héros de sauver une fois encore sa vie et celles de ses amis, après s'être arrangé dans le scénario pour que la situation soit critique et qu'une sortie autre que la mort soit impossible. Bref, j'ai un peu de mal avec cette histoire et la violence qui en découle. Mais j'aurais dû m'y préparer : les autres scenarii de Dorison m'avaient pourtant habituée à cette violence, à ce sang et à tout ces carnages qu'on voit dans cette bande dessinée. Décidément, cette saga prend un tour de plus en plus glauque et malsain...

Côté graphique, cet album est bien plus noir que le précédent, et on a l'impression d'une descente aux enfers. C'est bien sûr voulu : le « feu écarlate » n'est autre qu'un avatar du feu de l'enfer, et il faut la mort d'un homme pour le contenir et sauver le monde. Et de préférence cette mort doit être donnée par la main de l'« élu », en l'occurrence Thorgal, seul héros capable de sauver le monde. Il joue ici la figure d'un autre Christ, faisant passer l'amour des hommes, y compris de ses ennemis, avant tout le reste. C'est malgré tout bien vu, même si les attaques gratuites contre la religion dans la bande dessinée et la littérature, le cinéma ou les séries commencent sérieusement à m'ennuyer, parce que cela prouve que les détracteurs de la foi chrétienne n'ont tout simplement rien compris à la foi... Mais bon.


Paru aux éditions Le Lombard, 2016. ISBN : 978-2-8036-3548-1

lundi 20 octobre 2025

La Femme de ménage, de Freida McFadden


Millie a absolument besoin de trouver du travail. Elle vient d'être congédiée de son emploi de serveuse au bar où elle travaillait, parce qu'elle a provoqué du grabuge. Ses patrons ne veulent pas lui faire d'ennuis, mais elle doit partir. Elle n'a pas le choix. Millie, ex-taularde, dort dans sa voiture et répond aux petites annonces. Elle postule pour des entretiens d'embauche et est prête à tout pour obtenir un emploi. Elle sait que, dès qu'un employeur potentiel se renseignera sur elle, le travail lui passera sous le nez : qui embaucherait une jeune femme qui sort de prison ?

A sa grande surprise, Nina Winchester l'embauche. Millie sera sa femme de ménage-gouvernante-nourrice pour la fille de Nina, Cecelia, huit ans. Elle va travailler dans une riche et belle maison, dormir dans un lit de camp (c'est mieux que la banquette de sa voiture!) et avoir un salaire. Pour elle, c'est inespéré. Et puis, il y a Andrew Winchester, le beau et riche mari de Nina. Tout semble parfait...

Mais...

Bien sûr qu'il y a un « mais », sans quoi il n'y aurait pas d'histoire. Le « mais », c'est que Nina se comporte comme une folle. Et semble s'ingénier à rendre Millie folle, elle aussi. Heureusement, Andrew est là...


Ce roman est vraiment captivant. Bien écrit, bien construit, même si j'en ai compris assez vite certains ressorts, il tient le lecteur en haleine, de bout en bout.

Et pose de nombreuses questions au passage : que veut Nina ? Qu'a donc fait Millie pour risquer la prison à la moindre incartade ? Pourquoi Andrew aime-t-il toujours sa femme, compte-tenu de l'état de laisser-aller dans lequel elle s'est laissée glisser ? Jusqu'où Millie ira-t-elle ? Et Nina ?

D'autres questions, aussi, mais que je ne formulerai pas pour ne pas gâcher la lecture de ceux et celles qui n'ont pas encore découvert ce roman, se posent. Plus morales, éthiques que les premières.

Je lis beaucoup en ce moment, et j'ai eu beaucoup de mal à ne pas poursuivre ma lecture toute la journée, toute la nuit : il faut bien manger, dormir, travailler...

Mon fils aîné m'a offert ce roman il y a quelques temps, et je l'en remercie ! On passe ici du récit léger de type « New Romance » au thriller psychologique et c'est très bien amené.

La construction aussi est intéressante, avec un récit à deux voix, se complétant l'une l'autre. Deux point de vue sur la même histoire. C'est un très, très bon roman, et son succès est tout à fait mérité ! Si vous ne l'avez pas encore lu, foncez !


Paru aux éditions J'ai Lu, 2023. ISBN : 978-2-290-39117-4


samedi 18 octobre 2025

Thorgal, tome 34 : Kah-Aniel, de Grzegorz Rosinski et Yves Sente


Les magiciens rouges qui ont enlevé Aniel à ses parents arrivent avec l'enfant en vue des côtes où ils devront abandonner leur navire pour poursuivre leur route vers Bag-Dadh à travers le désert. Durant le voyage, l'un de ces mages a enseigné à Aniel beaucoup de choses, en particulier à lire et à écrire.

De leur côté, Thorgal et ses compagnons naviguent toujours en direction de Bag-Dadh eux aussi, et Thorgal profite du voyage pour interroger Salouma, la jeune femme qui lui a parlé du funeste destin qui attend Aniel à son arrivée à destination : la mort. Mais Salouma est plus précise : plus que la mort, Aniel va devenir la réincarnation de Kah-Aniel. Et Salouma en profite pour expliquer à Thorgal ce qui concerne les Magiciens rouges et leur rôle dans l'équilibre des pouvoirs à Bag-Dadh.

Là encore, deux histoires parallèles, mais intimement liées. D'une part le périple de Thorgal et de ses compagnons, d'autre part l'arrivée d'Aniel avec les mages rouges et leur projet de réincarnation de l'enfant. Thorgal arrivera-t-il à temps pour récupérer son fils ?


Graphiquement, l'album est très beau, et le jeu des couleurs permet d'alterner les parties « racontées » par Salouma et la « réalité » vécue par les personnages. Du point de vue narratif, l'intrigue est de plus en plus complexe, avec de nombreuses incursions narratives dans le récit, mais aussi des va-et-viens entre le trajet suivi par Thorgal, celui suivi par Aniel, et la troisième « équipe » de ce tome : un complot est en cours contre le Calife, complot ourdi par son épouse avec l'aide de son Wazir. Et puis il y a ce personnage qui suit comme une ombre les autres, et dont on ne sait encore rien, sinon qu'il communique par pigeons voyageurs. Un espion, quoi. Il va falloir attendre l'album suivant pour en savoir plus.

Moins d'enthousiasme, de ma part, dans cet album pourtant très beau graphiquement. J'ai l'impression que l'intrigue s'enlise, et les relations de Thorgal et Salouma ne me semblent pas dignes du héros amoureux de sa femme Aaricia... Je n'aimerais pas que cette série tombe dans le vulgaire et le convenu, avec des intrigues amoureuses indignes de la belle relation des deux époux... C'est bien cette relation qui fait l'originalité de cette série, ce serait dommage qu'elle soit gâchée par de vulgaires coucheries...


Paru aux éditions Le Lombard, 2013. ISBN : 978-2-8036-3345-6


vendredi 17 octobre 2025

Thorgal, tome 33 : Le Bateau-Sabre, de Grzegorz Rosinski et Yves Sente


Ce trente-troisième tome s'ouvre sur un naufrage dans des mers gelées, où des vikings perdent un coffre contenant visiblement quelque chose de précieux, puisqu'ils prévoient de revenir à cet endroit afin de récupérer leur bien enfoui sous les eaux, et désormais protégé par un grand requin noir.

Puis nous retrouvons Jolan dans l'Entremonde, pour une courte séquence durant laquelle Manthor explique aux cinq jeunes gens – Jolan et les quatre qui sont arrivés avec lui – que les Vikings sont menacés par un peuple qui croit en un dieu unique. On est au temps de l'empire romain, et l'empereur lui-même a adopté ce dieu, appelé ici Yavhus, un dieu bon et miséricordieux. Autrement dit, le Dieu des Chrétiens. Nous n'en saurons pas plus sur cet arc de l'histoire, puisque juste après, nous retrouvons Thorgal, toujours à la poursuite des ravisseurs d'Aniel, adeptes de Magie Rouge.

Petrov, son ami rencontré dans l'épisode précédent, l'a fait embarquer à bord du Bateau-Sabre, un bateau qu'on appellerait « brise-glaces » aujourd'hui. Navire en bois équipé d'une proue un peu particulière, capable de briser la glace en formation sur un cours d'eau, tant qu'il reste en mouvement. Au moindre arrêt, la glace se forme autour de lui et le bateau ne peut plus avancer.

En route, le bateau est attaqué par des bandits appelés « le Peuple des Steppes blanches » qui attaquent les bateaux afin de les piller. Si Petrov a fait monter Thorgal sur le Bateau-Sabre, c'est aussi en raison de son habileté et de son courage, afin de tenir tête aux pillards. Et bien lui en a pris : Thorgal va effectivement aider l'équipage à sortir sans dommage de cette attaque, et permettre au Bateau-Sabre de poursuivre sa route. Mais à l'escale suivante, Thorgal découvre que la prochaine cargaison à embarquer est en fait une cargaison d'esclaves, dont Lehla, bannie elle aussi, comme l'étaient Aaricia, Jolan et Louve, donnant tous les droits à son propriétaire. Thorgal cherche donc désormais un moyen de la libérer en la rachetant. Et il va trouver mieux.

Cet épisode semble retrouver le souffle épique des premiers cycles de la série, avec moins de « bazar » scénaristique. Du point de vue graphique, le dessin a nettement évolué depuis que Van Hamme a laissé la place à Yves Sente. C'est toujours le même dessinateur, Grzegorz Rosinski, mais celui-ci semble effectivement avoir beaucoup changé sa technique. Le trait et à la foi plus beau et plus sombre, avec une utilisation des couleurs qui fait penser à l'aquarelle. Au niveau du scénario aussi, cet album présente une plus grande cohérence narrative que les précédents. Sans doute est-ce dû au fait que les auteurs ont renoncé à raconter deux histoires en parallèle dans le même album. Celle-ci forme une aventure à elle seule, avec un récit qui relie la scène du naufrage au sauvetage des esclaves, tout en ouvrant, tout à la fin, sur un indice concernant les ravisseurs d'Aniel. De quoi détourner encore une fois Thorgal de sa route ? Un bon cru, donc, que ce « Bateau-Sabre ».


Paru aux éditions Le Lombard, 2011. ISBN : 978-2-8036-2995-4


jeudi 16 octobre 2025

Thorgal, tome 32 : La Bataille d'Asgard, de Grzegorz Rosinski et Yves Sente



Cet album prend la suite du précédent, où deux histoires ont commencé à se vivre en parallèle. D'une part, Jolan est toujours dans l'Entremonde auprès de Manthor, où celui-ci lui révèle la teneur de sa mission : aller à Asgard pour y récupérer une pomme d'éternelle jeunesse que la déesse Idun, amie de Vylnia, la mère de Manthor, est chargée de garder. Pour y parvenir, Jolan a besoin de deux choses : le bouclier de Thor, qu'il est allé chercher à Asgard dans l'épisode précédent, et d'une armée capable de l'aider à vaincre le dieu Loki, dieu fourbe d'Asgard qui ne manquera pas de mettre des bâtons dans les roues de Jolan.

D'autre part, à Mitgard, Thorgal est parti à la recherche d'Aniel, le fils qu'il a eu avec Kriss de Valnor et qui a été kidnappé dans l'épisode précédent. Il suit les bandits à la trace et va de port en port, d'abord dans un endroit qui semble être l'actuelle Russie, et ensuite sur la route qui le conduira à Bag Dadh, plus au sud (et on peut supposer qu'il s'agit de la ville de Bagdad, en Irak actuel. Autant dire que les pérégrinations de Thorgal sont loin d'être terminées.

Je ne raconterai pas ici le résultat des exploits de Jolan, parce que cela reviendrait à spoiler l'histoire à ceux qui ne la connaissent pas encore, mais il faudra quand même l'intervention d'un certain Vigrid, que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises, pour que Jolan puisse reprendre le chemin de l'Entremonde. Avec, ou sans la pomme de l'éternelle jeunesse ?


Cet album confirme ce qui se passe depuis qu'Yves Sente a pris la suite de Jean Van Hamme : un nouveau souffle qui, pour l'instant, me laisse encore un peu sur ma faim, tant j'ai l'impression que l'histoire se traîne en longueur. Pour être honnête, ce nouveau découpage me pose un léger problème, parce qu'il met en parallèle deux histoires différentes qui semblent ne plus vraiment avoir de lien entre elles, sinon que le héros de l'une est le fils du héros de l'autre. Et puis, les arcs narratifs me donnent l'impression de se répéter quelque peu : Thorgal promet de rester avec sa femme et ses enfants, mais dans le tome suivant, il se retrouve obligé de quitter les siens. Quant à Jolan, il va de quête en quête, d'abord le palais de Manthor, puis le bouclier et maintenant la pomme. J'ai un peu de mal à voir où tout cela va nous mener, et j'avoue qu'au bout de trois tomes, j'aimerais bien que l'histoire « décolle » un peu...


Paru aux éditions Le Lombard, 2010. ISBN : 978-2-8036-2754-7


mercredi 15 octobre 2025

Thorgal, tome 31 : Le Bouclier de Thor, de Grzegorz Rosinski et Yves Sente


L'album commence avec Aaricia qui, inquiète pour son fils, et cherchant à en savoir plus sur ce fameux Manthor qui a sauvé son mari et à qui Jolan a donné sa vie en échange, est allée consulter la seule personne de sa connaissance qui pourrait lui fournir des informations : une vieille sorcière adepte de magie rouge. Elle lui a appris non seulement que Manthor est le fils d'une déesse, Vylnia, et d'un humain, mais aussi ce qui s'est passé pour cet homme, Kah-Aniel, après le départ de Vylnia et de Manthor pour l'Entremonde où ils sont tous les deux à l'abri de la colère des dieux d'Asgard. Mais la sorcière a mentionné le nom du père de Manthor, qui n'est autre que Kah-Aniel de Valnor, le père de Kriss, et donc le grand-père du petit Aniel, fils de Kriss et de Thorgal, qu'Aaricia élève comme son enfant et qu'elle a promis à Kriss de protéger. Les choses vont donc quelque peu se compliquer pour la famille Aegirsson, les questions d'hérédité étant très prégnantes dans cette série.

Jolan et ses compagnons, quant à eux, sont finalement arrivés tous les cinq au palais de Manthor. Après avoir repris des forces, le maître des lieux explique aux jeunes gens la teneur précise de leur mission : il s'agit de pénétrer dans Asgard et d'y dérober le bouclier de Thor... et de revenir avec pour le donner à Manthor. Pour quelle raison Manthor a-t-il besoin de ce bouclier ? Nous n'en saurons rien pour l'instant, mais la suite le dira très certainement...


Paru aux éditions Le Lombard, 2008. ISBN : 978-2-8036-2486-7


mardi 14 octobre 2025

Thorgal, tome 30 : Moi, Jolan, de Grzegorz Rosinski et Yves Sente


Avec un nouvel auteur aux commandes, la série « Thorgal » prend une nouvelle tournure, avec un déplacement des rôles principaux.

Nous retrouvons Jolan là où nous l'avions laissé dans l'album précédent : il grimpe la colline pour retrouver Manthor, l'homme qui a sauvé Thorgal et à qui Jolan a donné sa vie en échange de celle de son père. Jolan, au départ, pensait qu'il allait mourir, mais Manthor a d'autres projets pour lui. Il veut lui donner un destin extraordinaire. Le tout est de voir comment.

Jolan accepte les épreuves qui l'attendent et commence sa première épreuve : entrer dans le palais de Manthor. Et bien entendu, il ne s'agit pas juste d'en passer la porte : encore faut-il trouver l'entrée et, surtout, affronter les dangers qui se présentent sur le chemin. Jolan apprend, sur sa route, qu'il n'est pas le seul à qui ce « destin exceptionnel » a été proposé. D'autres jeunes gens de son âge ont le même but que lui et ont les mêmes épreuves à affronter, avec le même but.

De leur côté, Thorgal, Aaricia, Louve et Aniel vivent maintenant au village viking, mais Louve est en colère contre son père, qui a vu Jolan partir et n'a pas cherché à le retenir.

Cet album met bien entendu l'accent sur Jolan, nouveau héros principal (du moins pour l'instant) de la saga. Et il faut bien avouer que le sang neuf au scénario apporte un vent de fraîcheur sur cette série. Finalement, on en arrive à l'adolescence de Jolan, et toute cette série peut être regardée comme une saga familiale de croissance : après le père, le fils prend son envol, devient à son tour un homme. Thorgal aura donc une place dans les albums suivants, mais c'est bien Jolan qui prend le rôle principal. Au niveau graphique, le dessin est encore plus beau qu'avant... En bref, c'est assez prometteur.


Paru aux éditions Le Lombard, 2007. ISBN : 978-2-8036-2265-8


lundi 13 octobre 2025

Celui qui revient, de Han Kang


La construction des romans de Han Kang, qui m'avait déjà frappée dans « La Végétarienne », se retrouve ici avec une grande force.

Le texte est découpé en plusieurs parties, qui seraient indépendantes les unes des autres si elles ne parlaient pas toutes du même événement, mais à différents moments de l'histoire de la Corée du Sud : la répression de la révolte de Kwangju (ou Gwangju) au printemps 1980.

Le roman s'ouvre sur Tongho, vu à travers des yeux qui ne sont pas nommés, mais dont on devine qu'ils sont ceux de l'ami que ce dernier cherche au fil des pages. Tongho est un jeune lycéen, qui affronte le danger en apportant son aide à la petite équipe d'étudiants qui prend soin des corps de leurs amis fauchés par les balles des militaires. Il s'agit de récupérer les corps, prendre soin d'eux en leur redonnant une dignité autant que le permettent les ravages des balles et de les garder en attendant que les proches des morts viennent les identifier, leur donner un nom. Tongho a intégré cette équipe pour une seule raison : il cherche Chongdae, son ami et voisin, qui loue avec sa sœur Chongmi l'annexe de sa maison. Ils ont le même âge ou presque, et les deux jeunes gens ont disparu.

On suit alors Tongho et toute l'équipe des « révolutionnaires » dans les quelques jours qui suivent les fusillades du 18 mai 1980. Le 17 mai, la junte militaire avait pris le pouvoir et, le lendemain, syndicalistes et étudiants s'étaient révoltés pour rétablir la démocratie. L'armée avait alors tiré dans le tas et réprimé la révolte de manière brutale et sanglante.


Dans les six parties du romans, le point de vue narratif change sans cesse, passant du « tu » au « je », puis au « vous », au « je » à nouveau, mais celui d'une autre personne. Ces récits, semblant parfois éloignés les uns des autres, ramènent toujours aux événements du 18 mai.

Ils racontent les traumatismes, les violences et les sévices subis, les cauchemars, les conséquences psychologiques et psychiatriques pour les victimes. Ils racontent aussi la vie des victimes par la suite, parfois des années, des décennies plus tard. Pour montrer qu'on ne se remet pas « comme ça » d'un tel vécu, de tant de violences, de tous ces traumatismes existentiels. Les récits sont ceux des survivants. Mais comment survit-on à l'horreur ?

Vous vous en doutez, on ne ressort pas indemne d'un tel roman. C'est brutal, violent, au-delà des mots. Et encore, ce sont des mots. Ils sont porteurs de sens, mais pas de la violence vécue dans la chair. On ne peut qu'imaginer ce qu'un homme est capable de faire subir à un autre homme, par haine, par obéissance, par inhumanité, par peur aussi. Si les soldats ont obéi à ces ordres inhumains, n'est-ce pas aussi pour ne pas se retrouver eux-mêmes du mauvais côté des armes ? Cela n'excuse rien. Mais permet de comprendre la terreur, l'ignominie qui s'est emparée de la société coréenne dans les années 1980. Ces événements ont sans doute durablement marqué l'inconscient collectif du pays, comme la Révolution Française l'a fait pour nous, ou la Révolution Russe, ou encore le massacre de la place Tian'anmen à Pékin... Combien de révolutions, de révoltes populaires contre des dictateurs, avec pour seul but l'espoir de restaurer l'humanité et le droit de vivre dignement ?

Ce livre est nécessaire pour que ce traumatisme ne sombre pas un jour dans l'oubli. Et pour nous faire prendre conscience de la valeur de la vie humaine, même si, malheureusement, la situation semble n'avoir fait qu'empirer depuis l'écriture de ce roman, en 2014. Les hommes continuent de se faire la guerre, en Ukraine, au Proche Orient et ailleurs. Les révoltes contre les oppresseurs continuent, les coups d'état aussi... Que vont devenir les Syriens ? Les Afghans ? Les Libanais, les Iraniens, les Palestiniens, les Israéliens ?

Quand donc les armes cesseront-elles de parler ? Quand donc les hommes cesseront-ils de vouloir à tout prix prendre le pouvoir sur d'autres, quitte pour cela à les massacrer ?

La guerre, les conflits sont une honte pour l'humanité. Ils ramènent les êtres humains au rang de bêtes sauvages. Heureusement qu'il y a des Tongho et des Songhi un peu partout dans le monde. Ce sont eux qui permettent de regarder les humains en face en ce disant que, même peu nombreux, même s'ils « perdent » apparemment le combat, celui-ci vaut le coup d'être mené. Pour le respect de la dignité humaine.


Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 2024. ISBN : 978-2-253-90998-9




samedi 11 octobre 2025

Thorgal, tome 29 : Le Sacrifice, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


L'album que j'ai entre les mains est en réalité le « 29 bis », c'est-à-dire un album un peu particulier, dans lequel la page de gauche est réservée au scénario et la page de droite aux cases de la bande dessinée. Au fil des albums, le graphisme a beaucoup évolué, même si le dessinateur est toujours le même (et d'ailleurs, Rosinski a énormément de talent...). Ce petit « plus » de l'album permet de voir comment est construit un scénario de bande dessinée, mais c'est à peu près tout : un bonus qui n'apporte rien, sinon le plaisir de pouvoir lire le texte écrit par l'auteur, purifié du dessin qui prend habituellement une plus grande place dans la bande dessinée. Là, les deux se retrouvent à égalité, en quelque sorte.

Alors, ce vingt-neuvième album ?

Thorgal et les siens sont parvenus à quitter l'empire romain d'orient, mais il leur reste un très long chemin à parcourir, alors que Thorgal est mourant. L'empoisonnement dont il a été victime l'a vidé de ses forces, d'autant plus qu'Aaricia et Kriss l'ont emmené de chez le médecin qui le soignait avant que ce dernier n'ait eu le temps de le remettre sur pieds. Ses jours sont comptés, et Louve et Aniel (le fils de Thorgal et de Kriss de Valnor, qu'Aaricia prend désormais en charge comme son fils à elle) sont eux aussi malades. Aaricia, désespérée, fait appel à Frigg, la déesse épouse d'Odin qui les a déjà tant aidés par le passé, afin qu'elle sauve Thorgal. Frigg entend sa prière, et c'est par l'intermédiaire du dieu Vigrid, qu'Aaricia avait aidé quand elle était enfant, qu'elle intervient pour sauver la vie de Thorgal : Il lui reste désormais deux jours pour rejoindre Manthor, un demi-dieu réfugié dans l'Entremonde et adepte de la dangereuse magie rouge, qui semble être le seul à pouvoir l'aider. Il le fera, mais en échange d'un prix élevé...

Un bel album qui annonce la fin des aventures de Thorgal, ou en tout cas la fin de la saga avec Thorgal pour personnage principal. Comme les générations passent, il est temps aussi pour les auteurs de passer la main. Au moins Jean Van Hamme qui signe ici le dernier album de la saga, celle-ci étant reprise par Yves Sente. Mais nous y reviendrons...


Paru aux éditions Le Lombard, 2006. ISBN : 2-80362-227-0


vendredi 10 octobre 2025

Thorgal, tome 28 : Kriss de Valnor, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


 

Cet album renoue avec la veine héroïque des premiers albums, et heureusement ! L'histoire commence avec Aaricia, Jolan et Louve qui tente de s'enfuir de l'empire romain d'orient, où ils se trouvent maintenant, après avoir été offerts en cadeau au prince héritier de l'empire. Mais ce dernier les rattrape et les fait condamner à un an de travaux forcés dans les mines d'argent.

Là, ils ont la surprise de retrouver une vieille ennemie, Kriss de Valnor, elle aussi esclave, mais du bon côté du fouet : elle est gardienne d'esclaves, mais compte bien sur les pouvoirs de Jolan, qu'elle connaît bien, pour se sortir de cette situation peu envieuse malgré tout. Elle propose donc à Aaricia et à ses enfants une alliance quasiment contre nature, afin qu'ils arrivent à sortir de là sans encombre. Et le plan fonctionne, même si ce n'est pas sans mal.

De son côté, Thorgal a survécu à l'empoisonnement dont il a été victime par Héraclius et, alors que tout le monde le croyait mort et enterré et que les pères des jeunes hommes que Thorgal a tués lors de la « chasse aux fugitifs » veulent récupérer sa dépouille, il parvient à quitter l'île de Syrenia... Mais il n'est pas sauvé pour autant.


Un bon cru, cet album, ce qui fait du bien parce que la série prenait quelque peu l'eau depuis « Le Mal bleu »... En tout cas, l'intrigue avance et la roue tourne, réservant encore quelques surprises...


Paru aux éditions Le Lombard, 2004. ISBN : 2-80362-003-0

jeudi 9 octobre 2025

Thorgal, tome 27 : Le Barbare, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Toujours quelque part en Afrique du nord, Thorgal, sa famille ainsi que Tiago et Ileniya (rencontrés dans l'album précédent), ont été fait prisonniers par un marchand d'esclaves, qui les vend Thorgal et Tiago à un seigneur local en vue d'en faire ses esclaves. Mais comme ils sont des « barbares », c'est-à-dire qu'ils ne sont pas citoyens grecs ou romains, ils ne pourront pas travailler directement pour leur futur maître, gouverneur de la province du Ponant, une province éloignée de l'empire romain d'orient. Peu importe : les deux hommes feront des candidats parfaits pour la « chasse des fugitifs » qui doit avoir lieu deux jours plus tard : un « jeu » cruel, auquel participent les jeunes nobles de la cour qui ont atteint dix-huit ans passant leurs examens d'officier. Cette chasse en constitue l'une des épreuves, afin d'évaluer leur habileté au maniement de l'arc.

Les « fugitifs » se battent donc pour leur vie, et Thorgal et Tiago s'en sortent, gagnant ainsi leur liberté. Mais ils se mettent malgré tout au service du gouverneur, afin de ne pas être séparés d'Aaricia, Louve, Jolan et Ileniya, qui restent, elles, des esclaves.

Impressionné par l'habileté au tir à l'arc de Thorgal, le gouverneur et père d'Héraclius, le jeune homme à qui Thorgal a laissé la vie durant la « chasse », fait de Thorgal le maître d'armes de son palais, avec Tiago pour assistant. Et il enrôle par la suite Thorgal comme coéquipier de son fils pour le tournoi des armes, avec quatre disciplines, entre les dix provinces de l'empire, chaque province déléguant deux athlètes par discipline.

J'ai eu l'impression que les auteurs nous faisaient un remake de l'album « Les Archers », mais en beaucoup plus noir et glauque. Sauf que là, les choses ne se terminent pas du tout comme la première fois (mais non, je ne spoilerai pas!). En tout cas, ce cycle d'aventures en Afrique du nord, apparemment, dans l'univers gréco-romain, n'est toujours pas mon préféré, loin de là. Seulement, il semble bien qu'on arrive à la fin, avec cette histoire (pas la fin de la série, non, puisqu'il y a d'autres albums ensuite, mais la fin du cycle).


Paru aux éditions Le Lombard, 2002. ISBN : 2-80361-775-7


mercredi 8 octobre 2025

Thorgal, tome 26 : Le Royaume sous le Sable, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Dans ce cycle commencé avec « Arachnéa », poursuivi avec « Le Mal bleu », « Le Royaume sous le sable », troisième épisode, nous entraîne dans des terres lointaines, sans doute les côtes africaines. La famille Aegirsson a fait escale en barque, et Aaricia commence à avoir le mal du pays, deux ans après avoir quitté l'île des mers grises où ils habitaient. Jolan penche du côté de sa mère : les raisons qu'avaient Thorgal et Aaricia de quitter les terres du Northland n'existent plus, puisque Gunnar, le chef des vikings du nord, a annulé le bannissement d'Aaricia et de ses enfants et qu'il connaît les circonstances de la trahison de Thorgal quand il avait perdu la mémoire et qu'il était devenu Shaïgan. Thorgal, d'abord fâché de voir son fils et sa femme ligués contre lui, finit par se ranger à leur avis et décide de retourner, dès le lendemain, dans les terres des Vikings du nord.

Seulement voilà : ils sont très vite repérés par deux hommes qui semblent faire partie du peuple bédouin et qui tentent de les faire venir dans leur village. Thorgal refuse, désormais décidé à partir dès le lendemain, mais leur barque se met à brûler durant la nuit et, au petit matin, ils n'ont d'autre choix que de suivre les deux hommes qui leur apportent leur aide : dans le désert, loin des points d'eau douce, ils ont en effet peu de chance de survivre.

La marche dans le désert, vers le village des deux hommes est longue et difficile, et Louve se retrouve prise dans des sables mouvants, Thorgal ne parvenant pas à l'en faire sortir. Il faudra l'intervention d'un des deux hommes pour l'en sortir, intervention qui révèle à Thorgal l'origine des hommes : ils viennent, comme lui, des étoiles.

Dans cette nouvelle aventure, c'est un nouveau mythe qui se retrouve convoqué, celui de l'Atlantide, appliqué au peuple des étoiles dont Thorgal est issu. Thorgal serait l'un des derniers Atlantes encore en vie, avec ses enfants et les hommes qui l'accompagnent dans le désert.

Comme toujours, quand il est question de supériorité technique, il est question aussi, à un moment, de prise de pouvoir. C'est tellement banal que cela peut en devenir lassant. C'est justement contre ce phénomène que Thorgal se bat depuis toujours, cherchant une terre où il peut vivre libre et en paix. C'est cette recherche qui a motivé son départ de leur île, avec le résultat qu'on connaît maintenant.

Si ce nouvel épisode se lit agréablement, le côté « reprise » des mythes fondateurs de nos légendes commence quelque peu à lasser. On avance, cependant, pas à pas, mais cette incursion dans les pays du sud éloigne de plus en plus le lecteur de ce qui a fait l'origine de la sage : le monde viking, ses légendes, ses mythes, ses dieux. Les emprunts aux autres civilisations (comme la civilisation grecque dans « Arachnéa » par exemple) donnent l'impression que les auteurs ont fait le tour de leurs personnages et de ce qu'ils avaient à dire. Ce cycle commence à sentir un peu le baroud final, même si cet album a quand même le mérite de ramener le lecteur à la question des origines de Thorgal, à son peuple et à ce qu'ils sont devenus. On en sait un peu plus, mais j'ai l'impression ici qu'il ne s'agit que de donner une explication de plus à la disparition des Atlantes, autre mythe de la mythologie grecque, si je ne m'abuse... Je suis donc bien moins convaincue par cet album, alors que j'avais été réellement conquise par « La Cage »... Dommage...


Paru aux éditions Le Lombard, 2001. ISBN : 2-80361-665-3

 

mardi 7 octobre 2025

Thorgal, tome 25 : Le Mal bleu, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme

Nous poursuivons avec Thorgal et sa famille leur odyssée vers le sud. Darek et Lehla sont restés sur l'île où Thorgal et Louve étaient arrivés avant eux. Après avoir réparé la barque, avec l'aide des îliens, la famille Aegirsson se met en route. Peu de temps après, ils croisent une barque qui semble abandonnée, mais Jolan, qui était monté à bord, est mordu par un rat après avoir découvert un homme mort, à la peau bleu.

Centré sur Jolan comme l'était le précédent album sur Louve, cette histoire fait appel aux peurs les plus profondes et les plus instinctives de l'humanité. Une maladie, ici le Mal bleu, mais dans d'autres temps et d'autres lieux, il s'agissait de la Peste ou, plus récemment, de la Covid-19, une maladie, donc, contagieuse et sans remède, sévit dans le royaume de Zhar, royaume où le prince héritier Zarkaj accueille comme des rois ses visiteurs, avant de savoir qu'ils sont, eux aussi, atteints par le mal bleu. C'est Jolan qui, par la morsure du rat, est atteint le premier. Mais la maladie se transmet par contact et peu à peu, toute la famille est contaminée. Zarkaj, prince futile et égocentrique, les expédie dans le « Labyrinthe », un lieu qui ressemble aux léproseries où se trouvaient rassemblés les malades de la lèpre, contagieux également. Là, ils vivaient comme des pestiférés, à l'écart de tous et rejetés.

Seulement, Thorgal, comme toujours, n'est pas décidé à attendre la mort sans rien faire. Un mage est réputé avoir trouvé un remède contre ce mal bleu. Mais il est loin, dans la montagne au toit de neige, et Thorgal n'a que six jours, avant que Jolan ne meure, pour le trouver. Les épreuves ne manquent pas, bien sûr, mais le héros est aidé par un homme dont il ignorait tout jusque là...


J'avais survolé seulement cet épisode, un peu déçue par la tournure que prenait la série depuis « Géants », même si « La Cage » m'avait réconciliée avec la série. J'avoue ne l'avoir pas lu attentivement... ce qui est maintenant chose faite ! Sans regrets, d'ailleurs, puisque cet épisode est plutôt bien mené, même s'il n'a pas le souffle épique des premiers tomes. Une agréable lecture, donc, qui prend un sens et une saveur particulière après ce que nous avons vécu en 2020...


Paru aux éditions Le Lombard, 1999. ISBN : 2-80361-414-6


lundi 6 octobre 2025

Vie de Jude, frère de Jésus, de Françoise Chandernagor


Ce roman, et j'insiste bien sur le mot « roman », car ce livre est une fiction, raconte la vie de Jude, que l'auteur assimile à un des frères (le plus jeune) de Jésus. Il met l'accent non pas sur la prédication et la vie de Jésus, mais sur la vie des premiers chrétiens, en particulier sur la communauté de Jérusalem, celle dont Jacques, le « frère cadet » de Jésus, a été le premier responsable.

On y voit la vie au premier siècle de notre ère, en Palestine. Les premiers disciples de Jésus y ont développé et conservé le dépôt de la foi, c'est-à-dire les paroles de Jésus lui-même. Par ailleurs, ils ont aussi répandu cette nouvelle foi dans les régions autour de Jérusalem, et jusqu'aux confins de l'Empire romain. On rencontre dans ce roman les personnages de Pierre, bien sûr, de Paul aussi, considéré comme un « ennemi » par les hommes de la communauté à laquelle Jude appartient. Tout simplement parce que ce Paul ne tenait pas compte de ce que Jésus avait dit de son vivant, mais témoignait uniquement de sa propre conversion. On traverse donc ici une bonne partie du premier siècle après Jésus-Christ, jusqu'à l'incendie de Jérusalem et la destruction, en 70 de notre ère, du Temple de Jérusalem.

Françoise Chandernagor est membre de l'Académie Goncourt et son roman se lit vraiment très facilement. Par ailleurs, elle a beaucoup creusé le sujet et s'est abreuvée aux sources de la foi chrétienne, en utilisant, en historienne accomplie, les sources disponibles, dans et hors des Évangiles canoniques. Elle a en particulier puisé dans les innombrables textes apocryphes. Et, en soi, ce n'est pas un problème : nombre de traditions chrétiennes (en particulier l'âne, le bœuf de la crèche, ou encore les noms des parents de Marie) viennent de ces textes non retenus dans le canon des Écritures.

Je mettrais toutefois un bémol important sur le postulat de départ, parce qu'il y a un point qui me chagrine particulièrement et qui me laisse sur ma faim dans ce roman, c'est le postulat de l'auteur de considérer Marie comme la mère non seulement de Jésus, mais aussi d'au moins six autres enfants : les quatre « frères » de Jésus dont parlent les Évangiles (Jacques, Simon, José et Jude), et de « ses » sœurs, signifiant qu'il y en avait au moins deux. Ce qui, en comptant Jésus comme aîné de la fratrie, amène à une famille de sept enfants au moins. Si ce nombre n'est sans doute pas problématique pour l'époque, il ne résiste pas à certaines questions exégétiques, pas toutes tranchées aujourd'hui d'ailleurs.

Préoccupée par ce que je lisais, j'ai en effet interrogé un prêtre catholique, exégète de son état, qui a pu m'éclairer sur quelques points

Tout d'abord, les Évangiles ont été écrits en grec, et non pas en hébreu. Or le grec compte un seul mot pour exprimer une réalité hébraïque qui, elle, en compte au moins cinq. Le mot grec « frère » traduit en effet dans les Évangiles et dans la Bible plusieurs réalités, qui vont du frère utérin au cousin, en passant par le « frère » appartenant simplement au même clan... Par ailleurs, les exégètes s'accordent pour dire que la mention des sœurs de Jésus pourrait être postérieure et un ajout aux Évangiles initiaux.

Enfin, de l'aveu de Françoise Chandernagor elle-même, elle s'est inspirée essentiellement de l’Évangile de Marc (le plus ancien et le plus court), ainsi que de la source Q (source plus ancienne encore, qui a servi, comme l’Évangile de Marc, d'inspiration aux Évangiles de Luc et de Matthieu). Mais l’Évangile de Marc se terminant avant la mention de la résurrection de Jésus (sur la découverte du tombeau vide le matin de Pâques), elle a du aussi compléter avec les Évangiles de Luc, Matthieu et Jean qui racontent les apparitions de Jésus à ses apôtres. Voilà pour les sources.

Sauf que, dans les Évangiles, le récit de la crucifixion mentionne aussi la présence de Jean, « le disciple que Jésus aimait », au pied de la croix. Et Jean reçoit cette parole de Jésus, au moment où celui-ci va mourir : « Voici ta mère », tout comme il a dit à Marie « Femme, voici ton fils ».

Outre l'interprétation croyante (le « disciple que Jésus aimait » peut être interprété comme chacun des croyants, hier comme aujourd'hui), il en existe une autre, bien plus ancrée dans la réalité sociale de l'époque de Jésus : Une femme, veuve, de surcroît, n'avait plus aucune place dans la société si elle n'avait pas de fils pour la prendre sous son toit. C'est d'ailleurs la raison principale pour laquelle Jésus redonne la vie au fils de la veuve de Naïm et, plus tard, pourquoi les disciples ont créé des diacres, dont Étienne : il fallait quelqu'un pour prendre soin des veuves de la communauté.

Mais si, comme le dit Françoise Chandernagor, Jésus avait encore 4 frères au moment de sa mort, pourquoi a-t-il confié sa mère à Jean, un des fils de Zébédée ? Il n'aurait jamais eu à se préoccuper du sort de sa mère s'il avait eu des frères... Le postulat de base de ce roman est donc faux, et il me semblait important de le préciser, parce que, si Jésus a eu des frères, cela remet en question certains dogmes de la foi chrétienne, dont la virginité perpétuelle de Marie...

Tout cela pour dire qu'il s'agit ici d'un bon roman, très intéressant historiquement sur la période du premier siècle de notre ère en Palestine, et qu'il est d'autant plus intéressant qu'il a le mérite d'aborder tout un pan de l'histoire qui est totalement ignoré aujourd'hui. On parle beaucoup, y compris dans les Actes des Apôtres, des Églises chrétiennes à leurs débuts, mais très peu de l’Église de Jérusalem et de ce que sont devenus ces chrétiens après la destruction du Temple de Jérusalem en 70. De même ne sont évoquées que les Églises qui ont suivi Paul, le véritable propagateur du christianisme en tant qu’Église répandue dans toute la région. Mais ce que j'ai trouvé intéressant dans ce livre, c'est de voir qu'aux débuts de l’Église, des communautés s'étaient formées ici et là et qu'elles n'avaient pas toutes la même façon de voir leur foi toute neuve, en fonction de celui qui les avait évangélisées. La communauté de « Jude », réfugiée à Pella pendant les troubles qui ont conduit à la chute de Jérusalem en 70 semble avoir été en réalité une sorte de secte chrétienne qui a fini par disparaître. L'histoire de l’Église est donc loin, très loin d'être aussi « simple » que ce qu'en laissent voir les Écritures dans le Nouveau Testament. Même si je l'avais appris durant les dernières années dans mes cours à la faculté de théologie catholique, ça fait toujours du bien d'avoir une petite piqûre de rappel, même si c'est au travers d'un roman qui n'a d'autre prétention que de raconter une histoire. D'ailleurs, cette « secte » de Jérusalem semble avoir dénié au Christ sa condition divine, devenant par là porteuse d'une des nombreuses hérésies contre lesquelles se sont battus les Pères de l’Église. Ce peut aussi expliquer sa disparition. Les « frères » de Jésus voyaient-ils leur « aîné » d'une façon trop humaine pour comprendre qu'il était bien plus qu'un simple être humain, mais à la fois vrai Dieu et vrai homme ?


Paru aux éditions Albin Michel, 2015. ISBN : 978-2-226-25994-3