mercredi 4 juin 2025

Saint Pierre : une menace pour l’Empire romain, de Patrice Perna et Marc Jailloux




L’histoire commence à Rome, dans le cirque du Vatican, en 64 après Jésus-Christ. Un incendie a dévasté la ville, et Néron, l’Empereur romain, a désigné les coupables : les chrétiens. La persécution est terrible : les « coupables » sont torturés, offerts aux bêtes, suppliciés par le feu ou encore crucifiés. Avec des raffinements infinis, comme en est capable l’inventivité romaine. Pierre fait partie de ceux qui ont été arrêtés. Alors qu’il va mourir sur la croix, il se remémore les rencontres avec Jésus, les trois années sur la route, les guérisons, son triple reniement, la faiblesse de sa foi… Et pourtant, c’est lui, Pierre, que Jésus a choisi pour chef de l’Église naissante…

Le 26 juin 1968, le pape Paul VI annonce que les restes du premier pape ont été retrouvés sous la basilique Saint Pierre, juste sous l’autel.

Cette bande dessinée est très belle, malgré l’horreur de ce qu’ont vécu Pierre et les premiers chrétiens. C’est conforme à ce que j’ai appris durant mes cours d’histoire de l’Église, donc il semble que les auteurs se sont très sérieusement documentés ! Et le bonus est à la hauteur : un dossier documentaire de huit pages sur l’histoire de Saint Pierre et de la basilique Saint Pierre de Rome, avec textes et photos.

C’est vraiment très intéressant, très bien documenté, compréhensible et juste historiquement, sans être compliqué à comprendre.

C’est une très bonne introduction aux débuts de l’Église. Je recommande !


Paru aux éditions Glénat et Cerf, 2019 (Un pape dans l’histoire). - ISBN : 978-2-344-02838-4/001


mercredi 28 mai 2025

Les Aventures de Lefranc, tome 4 : Le Repaire du Loup, de Bob de Moor et Jacques Martin

Dans le val d’Annifer, le plus grand barrage européen est en construction. L’épicier du village découvre le signe du Loup tracé sur la porte de sa camionnette. Or ce signe apparaît à chaque fois juste avant un attentat. Cette fois-ci, c’et le pont qui a sauté. Le village est ainsi isolé, et l’épicier court se plaindre au maire, en pleine réunion de crise. Ce dernier refuse l’intervention dela police, mais a demandé à Lefranc, journaliste, de mener son enquête. Cette dernière le dirige vers l’hôtel des Diablons, au sommet de la montagne proche… Mais Lefranc n’est pas au bout de ses surprises !

J’ai redécouvert Lefranc depuis quelques années, et j’apprécie le classicisme de cette bande dessinée bien rassurante. L’aventure, les rebondissements, les trahisons, tout est là ! Jusqu’au dénouement final, où la justice triomphe malgré tout.

Une bande dessinée qui fait du bien, dans la veine de Yoko Tsuno. Et si vous ne connaissez pas encore, il y a plein de posts sur cette série sur ce blog !

Paru aux éditions Casterman, 1974. ISBN : 978-2-203-31403-0

lundi 19 mai 2025

Le Maître de la Terre : la crise des derniers temps, de Robert Hugh Benson


Contrairement aux apparences, ce roman a 115 ans au moment où j’écris ces lignes. Ecrit en 1910 par Robert Hugh Benson, prêtre élevé dans l’anglicanisme converti au catholicisme, ce roman est dans la même veine que « Le Meilleur des Mondes » et « 1984 ». Il s’agit d’un roman dystopique dont l’action se situe quelque part après une année 1959 qui n’a rien à voir avec celle que nous avons vécue, dans un monde multipolaire où se joue un conflit qui n’est pas sans rappeler une situation que nous connaissons aujourd’hui : celle de la foi contre l’athéisme, le second ayant largement supplanté la première.

J’ai entendu parler de ce roman pour la première fois il y a quelques années, par le Pape François qui en conseillait la lecture, en particulier aux prêtres et aux futurs prêtres. Ce qui est étonnant, ici, c’est l’actualité des questions abordées, malgré le temps et le côté dystopique de l’oeuvre. En France, en 2025, on s’interroge sur l’opportunité d’une loi au sujet de l’euthanasie et du suicide assisté. Ce roman met cette loi en exergue, même si elle n’existait pas encore, bien sûr, ni en France, ni en Angleterre, en 1910. Dans ce monde, l’athéisme a gagné une nouvelle religion est née, avec son culte, ses temples, sa liturgie, ses prêtres. La foi catholique subsiste toujours, mais perd du terrain, jusqu’à être réduite à peau de chagrin.

Un homme providentiel est est apparu récemment. Felsenburgh semble s’imposer naturellement comme leader mondial charismatique. Olivier Brand ne dira pas le contraire : sceptique jusqu’à ce qu’il le rencontre, il devient, avec sa femme, l’un de ses plus fidèles soutiens.

Dans le même temps, la mère d’Olivier, fervente catholique, mais en cachette de son fils pour ne pas jeter sur lui l’opprobre et le discrédit, est en fin de vie. Elle fait venir chez elle, en l’absence de son fils et de sa belle-fille, un prêtre, pour se confesser, Percy Jackson. Mais Olivier rentre plus tôt que prévu et, stupéfait, rencontre chez lui Percy, qui ressemble étrangement à Felsenburgh.

C’est un combat à mort qui se joue ici, combat entre le Christ et l’Antéchrist. Nous sommes à l’heure de l’Apocalypse, la « Révélation ». C’est magistral. Et fort bien écrit.


Paru aux éditions Pierre Téqui, 2024. ISBN : 978-2-7403-2630-5.


mercredi 14 mai 2025

La Flèche ardente, de Jean Van Hamme, Etienne Schréder et Christian Cailleaux


Cette bande dessinée reprend les personnages créés par Edgar P. Jacobs dans « Le Rayon U », dont elle constitue la suite.

Dans un monde étrange, mi-lacustre, mi-souterrain dont on ne saurait préciser ni l’époque, ni l’emplacement réel (terrestre ? Extra-terrestre?), deux empires s’affrontent, l’Empire d’Austradia et celui de Norlandia, au détriment d’un troisième, celui qui a pour dieu Puncha Taloc, le gardien du gisement d’Uradium dont a besoin le professeur Marduk, de Norlandia, pour finaliser le « Rayon U ». Marduk rêve de créer une arme puissante, pour mettre au pas l’Austradia. Mais pour accéder au gisement, dont personne ne connaît l’emplacement exact, il faut affronter Puncha Taloc et le peuple qui lui est soumis, et donc le chef est le prince Nazca.

Dans ce récit se mêlent histoire (invasion des peuples d’Amérique latine et centrale par les Espagnols en particulier), science-fiction (le monde à conquérir est rempli d’animau ayant, sur terre, déjà disparu au moment où l’homme fait ses premiers pas vers l’intelligence), et de multiples références, tant à Napoléon qu’au projet Manathan par exemple.

Malgré ce florilège, l’histoire parvient à rester cohérente, si l’on accepte la simultanéité des dinosaures avec les avions de combat et la technologie du XXe siècle en matière d’espionage.

La parenté entre les personnages principaux et ce qui deviendra par la suite la série Blake et Mortimer est elle aussi évidente : on peut retrouver, sous les traits de Marduk, le Professeur Mortimer (en version machiavélique), Calder est un pré-Francis Blake plutôt convainquant, quant à Dagon, il préfigure Olrik et sa capacité à renaître de ses cendres indéfiniment. Adji, enfin, semble être le prototype de Nasir, le fidèle serviteur de Philipp Mortimer.

Dans « Le Rayon U » et la suite imaginée récemment, ce sont donc les ingrédients de « Blake et Mortimer » qui sont déjà présents, y compris les thèmes récurrents comme l’aviation, les conflits entre états, la technologie utilisée à mauvais escient, les incursions dans le domaine de la science-fiction, de l’étrange et de l’apocalyptique. Le tout avec un côté un peu suranné qui, malgré la parution récente (2023), donne le sentiment de se trouver face à une histoire et des planches bien plus anciennes, au moins dans le style graphique.

Si c’était là l’objectif, je dirais qu’il fonctionne parfaitement pour moi. Maintenant… j’avoue ma grande préférence pour « Le Rayon U » d’une part et, surtout, pour « Blake et Mortimer »...


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2023. ISBN : 978-2-8709-7311-0


lundi 21 avril 2025

Les Actes des Apôtres, de Chantal Reynier


 

Dans le cadre de la reprise de mes études, en 2021-2022, j’avais acheté ce livre (et d’autres), afin de mieux comprendre les écrits du Nouveau Testament. Pressée par le temps et des lectures plus urgentes, ce n’est qu’en janvier 2025 que j’ai pu lire cet ouvrage très intéressant sur les Actes des Apôtres. La collection « Mon ABC de la Bible » est une boîte à outils pour mieux comprendre les différents livres qui composent la Bible. Chaque ouvrage est en fait un guide de lecture qui identifie le ou les auteurs, restitue le contexte du livre étudié, les contextes historique, culturel et rédactionnel, procède à une analyse littéraire, avec structure et résumé, chronologie, cartes, bibliographie… Le livre est surtout une analyse sous le prisme des grands thèmes abordés, en étudie la réception, l’influence et la qualité. C’est donc une excellente introduction, en un peu plus de 150 pages, pour mieux entrer dans ce corpus fascinant qu’est la Bible. Afin de ne pas (trop) se tromper en le lisant, et de ne pas passer à côté d’éléments essentiels.

La Bible n’est en effet pas tout à fait un livre comme les autres. Plus qu’un livre, c’est plutôt une bibliothèque, d’ailleurs. Mais c’est surtout la Parole de Dieu, écrite sur plusieurs milliers d’années, et qui a toujours, aujourd’hui, quelque chose à nous dire, à nous, lecteurs du XXIe siècle.


Paru aux éditions du Cerf, 2015 (Mon ABC de la Bible). - ISBN : 978-2-204-10468-5.

mercredi 16 avril 2025

Les Aventures d’Alix, tome 43 : Le Gardien du Nil, de Valérie Mangin, Chrys Millien, d’après les personnages de Jacques Martin.

 

Cet album, l’un des derniers parus, reprend la suite du onzième album de la série, « Le Prince du Nil ». Alix et Enak sont agressés dans une rue de Rome alors qu’ils discutent avec Marc-Antoine, venu les solliciter pour participer à l’une des campagnes militaires de César. Partis à la recherche de l’agresseur, la piste les conduit à Alexandrie, en Egypte, auprès de Cléopâtre, et ils lui demandent son aide. La véritable « cible » de l’auteur de l’agression n’est pas Marc-Antoine, mais Enak. Le jeune homme étant en danger, Alix préfère partir seul à Sakhara, d’où vient l’agresseur, et où il est confronté aux survivants du drame qui a détruit la ville, une chute de météorites. C’est finalement Qaâ, le prophète des ruines de Menkhara, qui permettra à Alix de trouver le moyen d’aider Enak et les survivants, face à ceux qui cherchent à s’accaparer le pouvoir à Sakhara…

Encore une série reprise par de talentueux auteurs après la mort de son créateur. Jacques Martin est mort en 2010, mais, dès le début des années 1990, il avait été contraint par la maladie à former des équipes pour l’aider dans sa tâche. C’est ainsi qu’il est l’auteur des dix-neuf premiers tomes de la série, le scénariste des cinq tomes suivants, et qu’il a pu encore travailler sur le synopsis des quatre albums qui suivront.

Le dessin de ce 43e tome reste fidèle à celui de Jacques Martin, même s’il est, bien sûr, plus moderne que l’original. De la même façon (tout comme pour la série « Blake et Mortimer », d’ailleurs), les longs cartouches explicatifs ont disparu pour laisser place à des cases plus dynamiques. On gagne en facilité de lecture, en fluidité aussi. Le dessin est toujours aussi précis et plutôt réaliste et… c’est beau.

La seule vraie différence, à mes yeux, par rapport aux premiers albums, c’est le traitement des personnages féminins, très rares dans cette série, mais qui, sous le crayon de Jacques Martin, m’ont toujours paru très masculins, justement. Ici, deux personnages féminins se détachent : Cléopâtre, reine d’Egypte, et Kiya, l’une des survivantes de Sakhara, qui aide Alix dans sa mission.

En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette BD, reçue à Noël !


Paru aux éditions Casterman, 2024. - ISBN : 978-2-203-25705-4.


lundi 7 avril 2025

La Végétarienne, de Han Kang


 

Une amie de mon fils, coréenne, m’a offert deux livres de Han Kang, lorsque nous nous sommes rencontrées en janvier. « La Végétarienne » est le premier des deux, et, si je ne connaissais pas du tout cette auteure, j’ai été très agréablement surprise. Si toute son œuvre à à l’image de ce roman, je comprends pourquoi elle a reçu le Prix Nobel en 2024 !

Yonghye se réveille, une nuit, et vide le réfrigérateur de toute la viande qu’il contient. Au grand étonnement de son mari, puis de sa sœur et de ses parents, elle devient végétarienne, mais ne semble pas vouloir s’arrêter sur le chemin du dépouillement. Jusqu’à l’absolu.

Ce qui m’a le plus marquée, c’est la construction du roman en trois parties bien distinctes, toutes écrites à la première personne, mais la personne changeant à chaque fois. La première est écrite du point de vue du mari de Yonghye, la seconde de son beau-frère et la troisième de sa sœur. Trois personnages principaux qui ne sont en réalité que des personnages secondaires, témoins impuissants, fascinés, de la lente descente de Yonghye vers la folie.

Depuis un peu plus de deux ans, je travaille comme aumônier en hôpital psychiatrique. Et le récit dit bien l’incompréhension des proches face à la maladie. Là où la raison, la contrainte, n’ont plus aucune place face à l’angoisse existentielle du patient, qui est plus forte que la peur, même de la mort.

J’ai trouvé ce récit très dur (notamment la deuxième partie) et violent, mais, paradoxalement, cette dureté et cette violence sont décrites avec une grande douceur. Comme si le lecteur entrait avec Yonghye dans un monde cotonneux, presque irréel…

C’est la première fois que je regrette de ne pas pouvoir lire certains livres dans leur langue originale. Si la traduction française est si belle, j’ose espérer qu’elle rend fidèlement la plume de Han Kang. Parce qu’un livre, ce n’est pas qu’une histoire. C’est aussi un style, un univers mental que la traduction trahit toujours, au moins un peu, au moins en partie.

En tout cas, le travail des deux traducteurs, Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot est remarquable. J’ai hâte de lire le deuxième livre de cette magnifique auteure. Quand j’aurai un peu de temps !

Merci Ji-Young, pour cette très belle découverte.


Paru aux éditions LGF, 2016. - (Le Livre de Poche). - ISBN : 978-2-253-06790-0.


mercredi 2 avril 2025

Blake et Mortimer, tome 30 : Signé Olrik, de Yves Sente et André Juillard


Ce nouveau tome de la série « Blake et Mortimer », paru en octobre 2024, m’a été offert par ma fille pour Noël. Joli cadeau, merci ma chérie !

L’album commence à la prison londonienne de Wandsworth, où croupit Olrik. Ce dernier est réveillé par le gardien qui lui annonce l’arrivée de deux co-détenus qui vont désormais partager sa cellule. Les deux hommes viennent des Cornouailles, une région du sud de l’Angleterre, et font partie d’un groupe de fanatiques qui ont largué des tracts au-dessus de Scotland Yard, tracts demandant la libération des « frères patriotes ». Blake est l’un des premiers à avoir l’information et se retrouve très rapidement dans le bureau du colonel Cartwright, directeur de l’Intelligence Service, pour une réunion de crise concernant le Free Cornwall Group et ses revendications.

Parallèlement, Philipp Mortimer termine la présentation de sa nouvelle invention, une excavatrice de poche baptisée « la taupe », qui doit justement être testée en Cornouailles, dans les jours suivants. En effet, depuis la fin de la guerre, le secteur minier de Cornouailles est en plein essor et manque de bras. C’est dans ce contexte que l’Angleterre a fait appel aux travailleurs de ses colonies pour venir travailler sur son sol. L’invention de Mortimer pourrait accélérer le travail de forage, et un nouveau chantier doit prochainement démarrer à cet effet.

Bien entendu, les deux événements (le FCG et la « taupe ») ne vont pas tarder à se rejoindre, avec les trois protagonistes principaux au beau milieu, évidemment. Ajoutez au tableau les landes et le brouillard de Cornouailles, mais aussi un prêtre historien féru de légendes celtiques traditionnelles, et vous obtenez un cocktail détonnant pour une aventure toujours aussi mystérieuse.

Il y a des surprises (à part l’intrigue, bien sûr) dans ce nouvel album. Tous les ingrédients classiques sont réunis : les gentils d’abord un peu dépassés face à des méchants redoutablement organisés et toujours aussi retors, du mystère qui allie technologie, ésotérisme, légendes et croyances populaires, du suspense… jusqu’au bouquet final, qui réserve quelques surprises et un dénouement moins convenu que d’habitude.

Et puis, il y a André Juillard, le dessinateur, scénariste également, mort quelques semaines avant la sortie de son dernier album. Il est connu pour les séries « Les 7 vies de l’Epervier », « Masquerouge », « Plume aux vents », et d’autres albums avant la reprise de « Blake et Mortimer », dont il a illustré huit albums. Un grand auteur s’en est allé...


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2024. - ISBN : 978-2-8709-7309-7.



mercredi 29 janvier 2025

Blake et Mortimer, tome 29 : Huit heures à Berlin, de José-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental et Antoine Aubin


Changement de décor pour ce vingt-neuvième album. On est en 1963, en pleine guerre froide. Mortimer est appelé dans l’Oural par l’une de ses amies archéologues pour une découverte qui semble majeure : l’antique cité d’Arkaïm. Seulement les fouilles révèlent rapidement quelque chose de plus insolite que de vieilles pierres, et Mortimer se trouve embarqué dans une étrange aventure qui, par la suite, s’avère étendre ses ramifications jusqu’en occident.

Blake, de son côté, est maintenant le chef des services de contre-espionnage militaire et est chargé d’une mission top secrète, dénommée « Prince », qui doit l’emmener en Allemagne, au moment même où Mortimer doit partir pour l’Oural. Les deux amis se séparent donc, ignorant chacun ce que l’autre va devoir affronter.

Et pourtant, ils vont se revoir bien plus vite que ce qu’ils avaient prévu, à Berlin. Et ils n’y seront pas seuls : leur ennemi de toujours, Olrik, est lui aussi dans la capitale Est-Allemande. Et ce n’est pas une bonne nouvelle, comme d’habitude, pour le monde.

J’ai particulièrement aimé cet album. Sans doute parce qu’il me ramène non pas à une époque que j’ai connue (je suis un peu trop jeune tout de même pour avoir connu l’année 1963), mais à des événements qui ont réellement existé et qui ont été la toile de fond de mon enfance : le Mur de Berlin, la Guerre Froide… J’ai, pour ma part, suivi non pas la construction, mais la destruction du Mur. Toutes ces images ont donc un fort écho en moi et me parlent davantage que celles des années 40 ou 50.

Ce que j’aime bien, dans la bande dessinée, c’est que l’imagination des auteurs permet de faire surgir la Grande Histoire dans la petite. Et c’est le cas ici. Globalement, les derniers albums de la série font intervenir des personnages historiques réels (mais je ne dirai rien ici de celui dont il est question, histoire de ne rien dévoiler à ceux qui n’auraient pas encore lu cet album) et intègrent les personnages fictifs dans des scénarii qui, comme c’est le cas ici, auraient peut-être pu être plausibles. La fiction a ceci de beau qu’elle permet tout, y compris d’imaginer des fins alternatives à des événements de l’Histoire, celle qui a réellement eu lieu. Et dont, d’ailleurs, on ne connaît sans doute pas tous les tenants et aboutissants.

Ce vingt-neuvième album est donc un bon cru, là encore, même s’il s’éloigne quelque peu des codes de la série : en situant l’action dans le temps, par exemple, les auteurs prennent des libertés avec la série originelle, qui, si elle était située au vingtième siècle, n’avait pourtant pas d’ancrage historique assez précis pour être rattachée à des événements particuliers de la grande Histoire.

On peut aussi lire cet album (ainsi que le précédent, d’ailleurs, qui présente la même caractéristique) comme une sorte d’hommage à ces personnages historiques… et au rôle qu’ils ont tenu dans l’Histoire.


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2022. ISBN : 978-2-8709-7236-6.

mercredi 22 janvier 2025

Blake et Mortimer, tome 28 : Le Dernier Espadon, de Jean Van Hamme, Teun Berserik et Peter van Dongen

 

Un an après « Le Cri du Moloch » paraît « Le Dernier Espadon », toujours dans la série Blake et Mortimer. Et comme j’avais quelques épisodes de retard, mon mari a jugé bon de combler les manques pour les fêtes de Noël. Le tome 28 fait donc partie du lot que j’ai reçu en cadeau, et franchement, j’ai de loin préféré cet album au précédent.

L’intrigue se passe en janvier 1948. L’Angleterre sort de la guerre, Georges VI est roi d’Angleterre (dans « Le Cri du Moloch », le souverain était la reine Elisabeth II), et le pays est confronté à des hommes sans scrupules qui n’hésitent pas à fomenter des complots contre Sa Majesté, quitte, pour cela, à s’allier à d’autres ennemis du roi (les ennemis de leurs ennemis semblent donc être leurs amis…).

Un haut gradé, chargé d’une mission secrète au Moyen Orient est assassiné au cours de son trajet vers l’aéroport. Il est remplacé par un homme visiblement sans scrupules, qui a donc pour mission de mener la tâche du Major à bien, mais pour le compte d’une puissance étrangère, cela va sans dire (mais, dans ces affaires d’espionnage, il vaut parfois mieux préciser un peu, sinon, on risque de se perdre en cours de route).

Un peu plus tard, l’un des complices du faux major accueille clandestinement sur le sol britannique un Allemand, haut gradé lui aussi, et l’emmène dans une cache où ses deux fils vont prendre soin de leur hôte. Il faut dire que ce complice, Miligan, est un irlandais membre de l’IRA. Et l’Allemand est un nazi qui, semble-t-il, n’a pas renoncé au projet de domination du monde d’Hitler, même si le « Führer » est bel et bien mort et enterré.

De son côté, Mortimer se rend avec Nazir à Makran, l’ancienne base secrète. En effet, celle-ci doit être évacuée et désaffectée et Mortimer y a été appelé afin d’assurer l’évacuation des cinq Espadons qui y sont toujours. En effet, ceux-ci ne peuvent démarrer qu’à l’aide d’un code, et Mortimer est le seul à connaître les cinq codes, chacun d’eux étant différent et connu, en plus de Mortimer, que par le pilote qui en avait la charge. Pour des raisons de sécurité, Mortimer, qui est le seul (puisque c’est lui qui les a construits) à savoir les changer, est chargé de cette mission, afin de s’assurer que les Espadons ne tomberont pas dans des mains ennemies et que, si cela arrivait malgré tout, les ennemis en question ne puissent pas utiliser ces armes redoutables contre les Britanniques.

Tel est le point de départ de cette bande dessinée qui ramène le lecteur aux débuts de la saga imaginée par Edgar P. Jacobs. De nombreux éléments des tous premiers albums sont ainsi repris, ainsi que les codes qui ont fait la renommée de la série. Ici, une fois de plus, c’est ni plus, ni moins que la sécurité du monde occidental qui est menacée.

Cet album m’a davantage plu que le précédent, je l’ai déjà dit : l’action y est plus claire, plus conforme aux débuts de la série, avec toutefois cette touche de modernité qui le différencie bien des albums originaux. Un bon cru, je trouve !


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2021. ISBN : 978-2-8709-7285-4.



lundi 20 janvier 2025

Le Sourire des cloches de Nagasaki, de Makoto Nagai

 

 

Makoto Nagai était un enfant de dix ans en 1945. Fils de Takashi et de Midori Nagai, il a échappé, ainsi que sa petite sœur Kayano, 4 ans à ce moment-là, au sort de ses parents, lors du bombardement atomique à Nagasaki, le 9 août.

Ce jour-là, il était chez sa grand-mère, dans les montagnes. Sa mère, Midori, est morte instantanément lors de l’explosion de la bombe, elle était dans leur maison d’Urakami, le quartier chrétien de Nagasaki, épicentre de la déflagration. Son mari ne retrouvera, le 12 août, que quelques os et son chapelet.

Takashi était, lui à l’hôpital. Médecin radiologiste, il venait d’apprendre qu’il était atteint d’une leucémie et qu’il n’avait plus que quelques mois à vivre. Protégé par les murs de béton de l’hôpital, mais très fortement irradié, il est mort en mai 1951, soit presque six ans après son épouse.

Ce récit est celui de Makoto, leur fils de 10 ans. J’ai été captivée par cette histoire, racontée à hauteur d’enfant. La tristesse de la mort de sa mère, mêlée à la joie de retrouver son père au bout de plusieurs jours, l’accompagnement quotidien dans l’évolution de la maladie… les enfants grandissent, prennent soin de leur père, vivent avec lui le début de la renaissance de Nagasaki, puis la mort douloureuse de Takashi et l’inquiétude pour l’avenir.

Rien de glauque ou de malsain dans ce récit. Aucun pathos, mais la réalité quotidienne de la souffrance et de la mort, la générosité des parents proches, voire de parfaits inconnus, touchés par les récits de Takashi qui, pendant les presque six ans de répit après l’explosion, n’a cessé d’écrire pour témoigner de son vécu, afin que plus jamais pareil chose n’arrive. Mais le vrai bénéfice, le vrai message de Takashi, c’est surtout l’absence de haine envers ceux qui ont largué cette bombe.

Dans un autre livre, « Requiem pour Nagasaki », racontant la vie du père de Makoto bien plus en détails, j’ai retenu cette phrase :

« Hiroshima crie ;

Nagasaki prie. »

Tout est dit… l’espérance chrétienne a permis à la ville martyre de Nagasaki de ne pas sombrer dans la haine ; Et c’est en partie grâce au témoignage de vie, de courage et de foi de Takashi Nagai.


Paru aux éditions Nouvelle Cité, 2024. - ISBN : 972-2-37582-666-9.

mercredi 15 janvier 2025

Blake et Mortimer, tome 27 : Le Cri du Moloch, de Jean Dufaux, Christian Cailleaux et Etienne Schreder



La série Blake et Mortimer s’étoffe régulièrement de nouveaux albums, et ce à un rythme soutenu. Un album par an environ, ce n’est par rien, surtout si on considère que la série compte désormais plus d’albums « d’après les personnages d’Edgar P. Jacobs » que réalisés par Jacobs lui-même… Les auteurs varient, mais parviennent à maintenir vivants les codes de l’auteur original, ce qui permet au lecteur de ne pas tout à fait se perdre. C’est qu’il y aurait de quoi, les intrigues liées à l’espionnage n’étant jamais très simples.

Dans cet album, paru en 2020, les auteurs prennent le parti de livrer la suite de « L’Onde Septimus », en repartant du devenir de l’étrange Orpheus, le vaisseau spatial découvert dans les souterrains courant sous la capitale britannique. Orpheus a bel et bien été détruit, mais n’a pas terminé de faire parler de lui : il n’était pas le seul exemplaire.

Mortimer s’intéresse toujours au cas d’Olrik, interné suite à la destruction d’Orpheus, justement : son cerveau n’a pas supporté le traitement qui lui a été infligé et il semble avoir perdu la raison. Mais Mortimer pense pouvoir trouver un moyen de le contrôler et s’en ouvre au médecin qui a la charge du « Colonel ». Il est par ailleurs approché par Scaramian qui lui révèle qu’il n’y a pas un, mais sept vaisseaux, dont un a livré une partie de son secret : son occupant, que l’équipe de Scaramian est parvenue à contrôler et qu’ils ont appelé « Moloch ». Ce dernier s’avère être d’une force prodigieuse, et Scaramian demande l’aide de Mortimer afin de trouver un moyen de communiquer avec l’extra-terrestre.

Quant à Blake, il enquête toujours sur le dossier Septimus, et ses investigations le conduisent jusqu’à l’hôpital où Olrik est interné, tout comme les militaires, dont Blanks, qui ont été exposés à l’onde.

Comme d’habitude, la situation prend rapidement une tournure catastrophique quand Moloch s’avère être capable de se servir de corps humains pour se déplacer « incognito ». Une menace plane sur Londres…

J’ai reçu cette bande dessinée à Noël, et je l’ai lue assez rapidement : les ressorts de la série sont bien présents : deux héros, une menace technologique effrayante qui met en danger la survie même de l’espèce humaine, un méchant vraiment très méchant, et Olrik, toujours là, même si, cette fois, il se retrouve dans un rôle qui ne lui est pas vraiment familier. Le dessin est soigné, l’intrigue prenante, c’est plutôt bien mené, mais j’avoue que je commence à trouver que la série vit sur ses acquis : les auteurs semblent avoir trouvé le bon filon, une recette qui fonctionne, et l’utilisent encore et encore…

Ceci dit, je ne vais pas cracher dans la soupe : j’ai été heureuse de retrouver ces héros !


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2020. - ISBN : 978-2-8709-7292-2.

lundi 13 janvier 2025

Dossier Benton, de Patricia Cornwell

 


Cela fait plus de vingt ans que ce livre était dans ma bibliothèque. J'ai fait un blocage dessus, semble-t-il. Quand je l'ai acheté, c'était parce que j'achetais chaque nouvel opus de la série « Kay Scarpetta » à sa sortie en poche (ou presque). Or je venais de terminer la lecture du précédent, et j’en étais sortie traumatisée : Benton, le profiler de la CIA, amant de Kay Scarpetta, avait été sauvagement assassiné. Le titre, « Dossier Benton », m’a fait croire qu’il s’agissait de la suite. Et, à ce moment-là, je ne voulais pas la connaître. D’autant plus que Kay, à son tour, était confrontée à un tueur en série abject… C’en était trop pour moi.

Je n’ai redécouvert Patricia Cornwell qu’il y a quelques mois, et j’ai enfin ouvert ce livre. Qui n’est pas la suite directe de celui qui raconte le meurtre de Benton. Ou plutôt, si, mais cette suite ne concerne pas Benton Wesley, mais l’agression de Kay que, pour ma part, j’avais plus ou moins occultée. C’est peut-être d’ailleurs cet événement qui m’a traumatisée au point de ne pas pouvoir lire la suite… Bon. J’en ai fini avec la psychologie de comptoir.

Kay a donc été agressée par Jean-Baptiste Chandonne, meurtrier atteint d’une maladie nommée « hirsutisme ». Chandonne a le corps couvert de poils longs et fins, qu’il sème un peu partout là où il passe, et en particulier sur les scènes de ses crimes. Ayant mis trop de temps à lire la suite, je ne me souvient plus des détails de ce roman, mais on retrouve ici Kay obligée de quitter en hâte sa maison, devenue scène de crime, pour se réfugier chez Anna, son amie, médecin psychiatre qui se propose de l’héberger durant les fêtes de Noël et de l’aider à passer ce cap difficile. Bien sûr, rien ne va se passer simplement, ce serait beaucoup trop facile.

Ce roman est une enquête policière à tiroir. Il commence par une agression, mais la victime se trouve suspectée de tentative de meurtre avec préméditation sur son agresseur… et doit faire face aux autorités judiciaires et politiques, avec des appuis qui se révèlent soit fragiles (Anna), soit discrédités (Lucy, la nièce de Kay, qui vient d’être virée de l’ATF), soit des traîtres (Jay ou le fils de Marino, le policier qui travaille avec Kay). Bref, un beau sac de nœuds, comme sait si bien en construire Patricia Cornwell.

C’est même tellement alambiqué que, plusieurs semaines après avoir terminé ma lecture, j’ai un peu de mal à reconstituer l’histoire et, surtout, à comprendre le lien avec Benton… C’est tellement ténu par rapport à l’histoire principale que cet aspect-là devient, me semble-t-il, très secondaire. Le nom de Benton (et le dossier présent dans le titre) arrivent très tard dans l’intrigue et, finalement ne semble pas y apporter grand-chose, sinon une belle excuse pour incorporer une bonne dose de pathos dans l’histoire.

Le Dr Kay Scarpetta m’émeut beaucoup moins, aujourd’hui qu’il y a vingt ans, semble-t-il. Ou alors il me faudrait relire les tomes précédents pour mieux comprendre ? Je n’ai malheureusement pas assez de temps pour cela...


Paru aux éditions LGF, 2002 (Le Livre de Poche). - ISBN : 2-253-17220-0.

samedi 11 janvier 2025

Bonne année !!!

2025 vient de commencer (enfin... ça fait quelques jours quand même !)

Pour cette année, je souhaite à tous mes lecteurs (si quelques-uns d'entre eux se perdent encore sur ce blog :) ) une très belle et riche année de découvertes littéraires, mais pas que, bien sûr !

Beaucoup de joie, aussi, de paix, bien sûr... On en a tant besoin en ce monde si chaotique !

Bonne et sainte année 2025 !