lundi 7 octobre 2019

Yoko Tsuno, tome 21 : La Porte des Âmes, de Roger Leloup




Ce vingt-et-unième album est un peu la suite des « Exilés de Kifa ». Retour dans l’espace, dans la galaxie où se trouve Vinéa. Yoko, toujours alignée sur la Cité de l’Abîme, commande deux vaisseaux spatiaux depuis « Les Exilés de Kifa » : « Akhar » et le « Ryu ». Ce dernier est plus adapté aux besoins du Trio, aussi Yoko a-t-elle décidé de démanteler le premier et d’en retirer tous les composants utilisables. Elle regagne le « Ryu », où elle retrouve Vic, Pol, Mieke, Poky et Rosée, ainsi que Myna. Khany les rejoint et le « Ryu » se rapproche des nuées d’Ultima, un univers chaotique issu d’une planète disloquée. Khany n’a pas le droit d’y pénétrer, mais Yoko décide de s’y rendre à cause d’une sonde temporelle qui est passée tout près d’eux et est porteuse d’informations. C’est un mystère que Yoko veut comprendre et qui va la lancer dans cette nouvelle aventure où elle va rencontrer Litsy, pilote du Seigneur Gulta, qui se révèle être d’origine Vinéenne. Yoko comprend alors que le êtres présents dans cette région éloignée de la galaxie qui héberge Vinéa sont les descendants des habitants d’un des dix vaisseaux qui ont évacué Vinéa deux millions d’années plus tôt.

Yoko rencontre également Ethéra, l’ancien pilote de Gulta qui a eu un accident et que Gulta s’efforce, avec l’aide de Widek, de sauver en remplaçant les éléments détruits de son corps et en lui donnant une âme, celle de Litsy, qui est en fait une criminelle condamnée et à qui on a donné une autre âme…
Le but de Yoko va alors être de rendre à qui de droit sa propre âme, et donc sa conscience et sa liberté. Du même coup, il lui faudra affronter Isora, une femme brillante qui a mis au point ce système de transfert d’âme, afin de se réincarner…

J’ai toujours été gênée par le terme « âme », dans cette bande dessinée. Dans « Les Trois Soleils de Vinéa », Roger Leloup parle de « mémoire magnétique ». Ces mémoires sont stockables et duplicables à volonté, permettant de donner une autonomie et des capacités de décisions, par exemple, à des robots.
Ici, il ne s’agit pas tant de « mémoire », mais bien de ce qui constitue l’essence même de la personne. C’est en tout cas ce qui est dit, même si la confusion entre les deux est possible.
Ce qui est intéressant et que Roger Leloup amène avec beaucoup de subtilité, c’est la question, très actuelle malheureusement, du transhumanisme. Cette bande dessinée a été publiée en 1996, à un moment où, bien entendu, toutes ces questions n’étaient pas du tout débattues au grand jour comme elles le sont aujourd’hui. En tout cas, il aborde ici cette idée qu’un être de chair et de sang pourrait n’être qu’une enveloppe abritant une âme qu’on pourrait transférer d’une personne à une autre. Mais au vu des résultats des expériences d’Isora, force est de constater que ce procédé n’est pas vraiment une réussite : l’ « âme » du « receveur » se révolte en général contre l’hôte et va jusqu’au suicide pour s’en débarrasser.
En ce qui concerne Litsy, elle pourra retrouver son âme et son libre-arbitre, mais Ethéra, l’une des victimes d’Isora, veut s’en servir pour sauver les autres « copies » d’Isora, qui ont eu moins de chance qu’elle et se meurent. La générosité de Litsy leur permettra de vivre.

Dans cette aventure, Yoko est particulièrement impliquée émotionnellement, et Khany disparaît presque totalement de l’intrigue. L’évolution des dessins des personnages est désormais bien installée, donnant une nouvelle physionomie à la bande dessinée. Par ailleurs, on commence à bien voir l’extraordinaire travail de Roger Leloup sur les couleurs, avec des doubles-pages où l’on trouve une couleur dominante qui joue sur différents camaïeux, prémisses de ce qu’on va trouver de manière encore plus prononcée dans les albums suivants.

Paru aux éditions Dupuis, 1996. ISBN : 2-8001-2340-0

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