samedi 5 octobre 2019

Yoko Tsuno, tome 19 : L'Or du Rhin, de Roger Leloup




Deux ans après « Les Exilés de Kifa », Yoko est de retour en Allemagne, à Cologne, cette fois, où elle retrouve Ingrid qui répète aux claviers de l’orgue de la Cathédrale. Elle n’a pas encore pu voir son amie qu’elle est accostée par une Japonaise qui a rendez-vous avec un certain « Ibis » dans une chapelle sous le chœur. Yoko la guide vers la crypte… pour se rendre compte après l’avoir quittée que quelque chose « cloche ». Se dirigeant à son tour vers la crypte, elle ne peut que se rendre à l’évidence : la Japonaise vient d’être victime d’une agression.
Rejointe par Ingrid, Yoko lui confie l’inconnue en attendant les secours et va ensuite mener l’enquête pour comprendre ce qui a pu se passer et qui est la femme en question. C’est à la gare que les deux amies trouveront un début d’explication : la jeune femme a parlé à Yoko de la gare et du « Rheingold » qui s’avère être un train de luxe spécialement affrété par un homme d’affaires Japonais que Yoko connaît déjà : Ito Kazuki (voir « La Fille du Vent »). Yoko étant polyglotte, tout comme Minako, Ito Kazuki l’engage pour traduire des documents commerciaux. Yoko accepte le marché afin de pouvoir aider Minako de son mieux.
Le train quitte Cologne, mais dès avant son départ, Yoko est victime d’une tentative d’assassinat, déjouée par un certain Koshi, qui s’avère être un robot obéissant à la voix humaine. Une fois à bord, Yoko commence son enquête et découvre bien vite qu’Ito Kazuki cache un certain nombre de choses… et que les invités sont plutôt étranges : deux d’entre eux sont membres de services secrets étrangers, deux autres sont médecins.
Mais Yoko n’est pas au bout de ses surprises : le document dont elle doit assurer la traduction est obscur et, après enquête, la jeune femme se rend compte qu’il s’agit d’une arme terrible. Par ailleurs, Ito Kazuki lui semble étrange, par son trouble, son comportement… et certaines de ses réactions.

L’histoire est complexe, là encore, mais plus dans la veine des volumes précédents que « Les Exilés de Kifa ». Ici aussi, la technologie s’avère être l’enjeu d’un crime et j’ai été frappée par ce qui ressemble un peu à des clins d’œil à d’autres œuvres : cet album tient à la fois du « Crime de l’Orient-Express » d’Agatha Christie par le luxe du train (et le nombre de morts!) et des aventures de James Bond au cinéma par l’intrigue sans temps morts et le rythme enlevé de l’album.

Dans cet album, le lecteur retrouve les décors de « L’Orgue du Diable », puisque certaines scènes se déroulent au même endroit ou presque que l’intrigue du deuxième album de la série. Roger Leloup semble aimer retrouver des décors connus, les explorer sous un autre angle, les approfondir, d’une certaine manière. Peut-être aussi qu’il le fait pour créer une certaine intimité, une continuité entre les albums qui se succèdent apparemment sans lien les uns avec les autres.
En tout cas, de nombreux axes du récit peuvent être cités : la question du double (ou du jumeau) qui est au centre de cette intrigue, l’implication de services secrets, l’intrigue policière…
À noter dans cet album l’absence, pour la première fois, de Vic. Il me semble que c’est d’ailleurs la seule fois…
On sent dans le style graphique que Roger Leloup est dans une sorte d’entre-deux, avec des personnages aux traits plus anguleux, des yeux plus ronds, plus grands aussi, sauf pour les Asiatiques évidemment. Je suppose que si j’accorde autant d’importance à ce qui n’est, finalement, que des détails, c’est parce que j’ai la nostalgie des albums de mon enfance. En 1993, à la sortie de « L’Or du Rhin », je venais de passer mon Baccalauréat et j’entrais à l’université… Déjà plus une enfant, pas tout à fait une adulte, ma vision des choses était elle aussi en train de changer progressivement. Et mon attachement aux dessins des années 1980 est peut-être dû à cela : une sorte de nostalgie de ces années d’insouciance…
En tout cas, l’album est très beau, les dessins sont comme toujours très précis et réalistes… et la réutilisation des lieux de la deuxième aventure confère à cet album-ci un sentiment rassurant de territoire connu qui permet de mieux s’approprier l’intrigue somme toute assez complexe (tout comme la précédente).

Paru aux éditions Dupuis, 1993. ISBN : 2-8001-1999-3

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire