vendredi 11 octobre 2019

Yoko Tsuno, tome 24 : Le Septième Code, de Roger Leloup.




Quatre ans d’attente ! C’est le plus long délai, à ma connaissance, entre deux albums. Il faut dire que Roger Leloup a du affronter, durant cette période entre « La Pagode des Brumes » et « Le Septième Code » une épreuve difficile, qui a été la déformation, voire la dénaturation complète de la série aux fins d’un dessin animé pour lequel il avait au départ donné son accord. Devant le résultat et la trahison de l’esprit de la série, il a, après un certain temps de bataille sans doute judiciaire, obtenu gain de cause. Le dessin animé est sorti, mais toute mention de Yoko ou d’une quelconque référence à la bande dessinée a été supprimée, permettant à Roger de retrouver sa sérénité et sa fibre créatrice. Pour le plus grand bonheur des fans qui se sont beaucoup inquiétés, durant tout ce laps de temps.

Nous retrouvons Yoko en Amazonie, où elle pilote un hydravion sous la surveillance du propriétaire et pilote régulier de l’appareil. Pol a en effet été invité à participer à une partie d’échecs par un certain Monsieur Krüger. Les choses s’accélèrent immédiatement : la route de l’hydravion est coupée par un appareil plus petit, un biplan, piloté par Emilia (la fille du pilote de l’hydravion), qui n’a pas sa langue dans sa poche et, à 14 ans, fait preuve de beaucoup d’indépendance.
En réalité, Emilia et Yoko profitent rapidement d’un concours de circonstances pour aller explorer le sous-marin du père de M. Krüger qui, aux dires de celui-ci, recèle un trésor. Mais à leur retour, elles doivent se rendre à l’évidence : Rosée, Vic et Pol ont disparu…
Yoko et Emilia se lancent aux trousses de leurs ravisseurs et leur expédition les emmène au cœur de l’Amazonie, dans un lieu fantasmagorique où, durant les années Trente et la guerre qui suivit, le métal d’une météorite tombée à cet endroit a été exploité pour en faire des armes… L’ancienne usine sidérurgique a par la suite été réutilisée par les Russes durant la guerre froide et Yoko découvre avec horreur qu’une ogive nucléaire est toujours présente sur les lieux. Krüger veut voler cette tête nucléaire, mais l’un des soviétiques en mission sur le site, flairant le danger, a mis au point un système permettant de maintenir le site en sûreté. Avec ses compagnons, il s’est enfermé dans une chambre froide, en hibernation, chacun d’entre eux portant un code. En réunissant ces codes, on active l’ogive en question. La « clé » du dispositif étant cachée derrière une partie d’échecs, les meilleurs spécialistes du jeu ont été dépêchés sur place… sans résultat. Mais l’arrivée de Yoko, Vic et Pol, accompagnés d’Emilia, va changer la donne…

Nous retrouvons ici la Comtesse Olga, déjà rencontrée dans « L’Or du Rhin ». Elle et le père d’Emilia sont très proches, au grand dam de l’adolescente qui ne leur facilite pas la tâche. En pleine rébellion, Emilia fait malgré tout preuve de courage et d’abnégation, ainsi que d’une franche tendance à l’inconscience face au danger. Elle va devenir au fil des pages une précieuse alliée pour Yoko.


Ce nouvel album m’a fait beaucoup de bien, je dois l’avouer. J’ai eu l’impression, en l’ouvrant, de « retrouver » la Yoko d’ « avant ». Avant quoi ? Je ne sais pas trop… Tout se passait comme s’il y avait eu une sorte de vide, et pas uniquement à cause du délai de parution entre l’album 23 et le 24ème. J’ai eu l’impression d’une énergie retrouvée, d’une sorte de fièvre créatrice, ou d’une fibre créatrice, plutôt, qui revenait. Un peu comme si la présence d’Emilia dans la série était devenue vitale au créateur de Yoko pour pouvoir avancer… En tout cas, cet album est une réussite, on y retrouve nombre d’ingrédients qui ont fait le succès de la série : l’humanisme de Yoko, notamment face à la technologie qui peut être utilisée à des fins destructrices et que Yoko va s’employer à contrer, dans le respect de la vie de chacun.
Emilia apporte quant à elle un vrai « plus », avec sa fraîcheur juvénile et son enthousiasme communicatif. Elle devient à partir de cet album l’un des personnages récurrents de la série, au même titre que Vic, Pol et Rosée.

Paru aux éditions Dupuis, 2005. ISBN : 2-8001-3358-9

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